Dans la page Débats (Lemonde du 21.12.2007), le PDG de Suez tient un discours dans le vent : « Il y a urgence écologique pour la sauvegarde de notre planète et le futur de nos enfants. La croissance économique fondée sur l’utilisation massive de ressources n’est plus possible. » Très bien, très bien, Gérard Mestrallet, tu as tout compris. Malheureusement ce PDG ajoute tout de suite : « Pourtant, renoncer à la croissance économique est impossible. »
Alors là, j’y comprends plus rien ! Comment concilier l’inconciliable ? Gérard croit donc au miracle, à la croissance durable, à la croissance écologique (ce sont ses propres expressions). La croissance est selon lui possible puisque « l’épuisement des ressources naturelle n’est pas une fatalité, c’est un catalyseur d’innovations ». D’ailleurs « le nucléaire doit retrouver toute sa place ».
Si on connaît bien Suez, on sait déjà d’où vient ces certitudes. En juin 2005, on trouvait dans Lemonde ce titre : « La vraie alternative à long terme, c’est le nucléaire ». C’était un point de vue exprimé par le PDG de la banque d’investissement Suez. Notons que la filiale électrique de Suez (Electrabel) est un partenaire d’EDF de longue date, que Suez a des participations croisées dans des centrales nucléaires en France et en Belgique, que Suez souhaitait aussi participer au programme de réacteur nucléaire EPR dont la construction était prévue en France. En conclusion, derrière cet apitoiement de façade pour la planète et les générations futures, on ne trouve que des histoires de gros sous. Comme dit Gérard en dernière phrase de son article d’avant-hier, « C’est aussi l’intérêt de nos investisseurs ».
Gérard Mestrallet n’est donc qu’un intégriste de la croissance économique parce qu’il est un fervent partisan des intérêts capitalistes. Il n’y connaît rien à l’écologie et aux rythmes de la Biosphère, il nous prépare un avenir non durable… Et jamais ce Monsieur Mestrallet n’a démontré que « renoncer à la croissance économique est impossible ».