Inutilité de la conquête des sommets

Un explorateur français et son équipe viennent de retrouver dans l’Himalaya 1,6 tonne de déchets plastiques ! En 70 ans, ce sont des tonnes de plastique laissées par les pseudos amoureux de la montagne sur les flancs du plus haut sommet de monde … c’est tellement aberrant qu’on se demande encore pourquoi essayer de « vaincre » des montagnes. Assurément, la marque de notre affligeante espèce! Une nouvelle illustration de l’omniprésence des humains alors que s’ouvre le 28 mai 2023 à Paris le deuxième cycle de négociations pour tenter d’élaborer un traité juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique.

article du MONDE : Jean-Michel Asselin, 71 ans, en cinq expéditions, a passé plus d’un an de sa vie sur les flancs de cette montagne où il a dormi onze nuits à plus de 8 000 mètres… sans jamais parvenir au sommet. Il avait trouvé un jour un « corps momifié »  près de sa tente,à 6 400 mètres d’altitude ; le Britannique Maurice Wilson, un aventurier disparu sur l’Everest en 1934 sans l’avoir conquis. C’est le 29 mai 1953 que le Népalais Tenzing Norgay et le Néo-Zélandais Edmund Hillary ont été les premiers à se hisser à 8 848 mètres d’altitude. Depuis, le pouvoir d’attraction du « Toit du monde » demeure intact. Pour Asselin, c’est un peu de gloire, un peu de thune, un film, des passages à la télé, une vanité mal placée.

Le point de vue des écologistes sur les sports inutiles

L’inutile conquête des sommets de l’Himalaya (2014)

extraits : Nous n’avons pas pleuré en 2014 les 43 morts dans une tempête sur le circuit de trek de l’Annapurna. Ces conquérants de l’inutile savaient en toute (in)conscience ce qu’ils risquaient… Nous allons beaucoup plus loin, il faudrait laisser à la montagne son silence et sa solitude. L’alpinisme de haute montagne n’est que la prolongation de la psychologie occidentale à se définir comme maître de la terre, de l’eau… et des montagnes. Dans un monde de raréfactions des ressources naturelles, nous devons retrouver le sens de l’humilité et condamner toutes les conquêtes de l’inutile. Autrefois nul ne prétendait vouloir aller là où on ne pouvait vivre durablement. Demain il en sera de même.

Formule 1, un « sport » inutile et même pas dangereux (2014)

extraits : On peut rentrer à 230 km/h dans un muret de béton, pulvériser sa voiture et s’en sortir avec le sourire ! « Si je devais avoir un accident, j’aimerais que ce soit dans une formule 1 parce que ce sont les voitures les plus sûres au monde» dixit le manitou de la F1, Bernie Ecclestone. Il ne vient jamais à l’esprit de Bernie que vanter la sécurité en F1 sans jamais s’interroger sur le bien-fondé des courses automobiles est un crime contre le climat…

Sotchi ou Lavillenie, le triomphe de l’inutile (2014)

extraits : Sotchi 2014. Comprenne qui pourra, slopestyl, snowboard, half-pipe, snowpark ou skicross, les Jeux olympiques d’hiver ne veulent pas paraître ringards par rapport aux X-Games. De toute façon ces JO on s’en fout, c’est pas écolo. Car c’est une des manières de nous empêcher de voir que nous allons au désastre écologique tout en détériorant encore plus les montagnes. Dès 1969 dans son livre Le Jardin de Babylone, Bernard Charbonneau constatait les méfaits de la neige comme défouloir…

François Gabart, un record du monde pour rien du tout (2017)

extraits : François Gabart, un ego surdimensionné, un sponsor qui gaspille nos sous, un bateau qui n’a aucun avenir commercial, c’est encore une fois la conquête de l’inutile pendant que les glaces du pôle fondent… Un deal avec la Macif qui a coûté 25 millions d’euros entre 2015 et 2019 pour un navigateur solitaire qui s’est fait plaisir…

Tour de France, polluant et inutile (2021)

extraits : Tour de France  cycliste, un petit tour et puis s’en va. Le sport-spectacle n’incite pas les gens à pédaler pour la planète, chacun devrait percevoir l’absurdité du sport-spectacle et quitter son fauteuil et sa télé pour s’activer par soi-même. L’écologie, c’est rendre aux hommes leurs capacités humaines, c’est reconnaître nos limites, ne pas vouloir les dépasser. Nous ne voulons pas de forçats du bitume et de surhommes dopés à mort sur une grande boucle qui tourne en rond…

 

8 réflexions sur “Inutilité de la conquête des sommets”

  1. Nous ne pleurerons pas tous les morts des sports extrêmes, le grimpeur à main nus, le navigateur à exploit, le parapentiste… On s’était même officiellement posé à une époque la question de secourir ou non les premiers naufragés « volontaires » du Mont Blanc, « ils prennent des risques, qu’ils assument ».
    Il faut aussi condamner Roland Garros, les JO, le mondial de foot, le tour de France, et la F1 bien sûr. Toutes ces compétitions nous éloignent de l’amateurisme, modalité du sport qui devrait rester la règle d’une société consciente des limites.

    1. Mais si ON va par là … en plus du grimpeur et du motard qui roulait à 150 … ON peut aussi se poser la question de secourir ou non le coureur cycliste du dimanche.
      Comme celui qui descendait un peu trop vite le Tourmalet, disons à 60, et qui s’est vautré à cause du gravier. Ou encore le fumeur, ou le non vacciné… comme certains misérables ont oser le suggérer, voire en défendre l’idée, il n’y a pas très longtemps, misère misère. Ben oui.
      Et en ce qui concerne ces manifestants, qui savent que ça va chauffer… et qui malgré ça «bravent» les interdits … là aussi oseriez-vous dire, là encore comme certains… «ils prennent des risques, qu’ils assument» ? Ben non bien sûr ! Parce qu’eux ils ne font pas ça pour leur petit plaisir égoïste, mais juste pour la Bonne Cause, nuance !
      Bref, c’est grave !

      Modération
      Michel C., nous laissons votre commentaire pourtant en surnombre car il importe de laisser s’exprimer les approfondissements de la réflexion.
      Mais nous vous conseillons pour l’avenir de ne pas épuiser votre quota de 4 commentaires tout de suite pour justement garder un droit de réponse.

  2. @ Michel

    Ben tu vois, tu confirmes une fois de plus ce que je dis toujours « Le plaisir est toujours vainqueur sur toute autre considération !  » En plus dans ton texte tu as bien insisté dessus ! Plusieurs fois c’est l’argument crucial qui revient « LE PLAISIR »

    Mais ce plaisir prioritaire qui s’applique à l’alpinisme et la randonnée, est un plaisir prioritaire qui s’applique pour tout le reste ! (motos, bagnoles, bateaux de plaisance, résidence secondaire, piscine privée, jet privé, garde robe et fringue, tous les sports en général, etc)

    1. Ses propres activités et ses propres objets sont toujours plus légitimes que ceux des autres ! Quand je disais que les motards dénonceraient les automobilistes, les automobilistes dénonceraient les camping car, les propriétaires de camping car dénonceraient les jets privés ! etc etc ! Et ben on y est ! La semaine dernière l’avion civile de transports de voyageurs disait qu’il fallait réduire le parc d’ordinateurs et internet pour pouvoir maintenir l’aviation civile !!! Ben oui le problème étant toujours les autres usagers d’autres technologies mais jamais soi et ses propres activités ou matériel ! Chacun défendra son pré carré !

      Au final on ne renoncera à rien de son propre gré ! Car obliger les gens à renoncer c’est provoquer et multiplier les conflits d’intérêt…. Il n’y a plus qu’à attendre que toutes les énergies fossiles soient cramées… Et encore, pas sur qu’on parviendra à renoncer si on en vient à tout électrifier…

  3. Tout est une question de juste mesure, de limites. Et cela vaut aussi pour cette critique de l’alpinisme et autres activités jugées inutiles.
    1) « Nous n’avons pas pleuré en 2014 les 43 morts dans une tempête sur le circuit de trek de l’Annapurna. Ces conquérants de l’inutile savaient en toute (in)conscience ce qu’ils risquaient… »

    Si ON va par là… nous ne pleurerons pas non plus le grimpeur en falaise, ni le navigateur, le parapentiste et j’en passe, ni même le militaire, le flic, sans oublier le manifestant… bref tous ces malchanceux qui savaient en toute (in)conscience ce qu’ils risquaient…
    Je me mets seulement à la place de ceux qui ont perdu un proche qui pratiquait un métier ou une activité à risques, et qui lisent ou entendent ça.
    Bref, je trouve ça très déplacé. Et qui plus est, particulièrement inquiétant.
    (à suivre )

    1. 2) « Inutilité de la conquête des sommets […] L’alpinisme de haute montagne n’est que la prolongation de la psychologie occidentale à se définir comme maître de la terre, de l’eau… et des montagnes. »

      Où commence la haute montagne ? Faut-il condamner celui qui garde un merveilleux souvenir de son premier 3000 ? Et pour quelle raison ? Qu’a t-il fait de mal ?
      Si ON va par là… non seulement l’alpinisme, mais aussi la simple rando, en montagne, en forêt ou ailleurs. Et la voile, le vélo (dit de course), le VTT et j’en passe.
      Ben oui, finalement tout ça ne sert à rien. Faut-il alors interdire ce genre d’activités, de passions, de plaisirs ? Et là encore au nom de quoi ? L’écologie peut-être ?
      Pour moi c’est clair, de cette écologie là je n’en veux pour rien au monde !

      1. C’est justement un grand alpiniste, Lionel Terray, qui a écrit Les Conquérants de l’inutile (1961). C’est la preuve que certains d’entre eux réfléchissent sur le sens de leur passion. Non seulement sur ce qu’ils font… et/ou qu’ils veulent ou aimeraient faire, ici ou là…. mais certainement bien plus que ça.
        Pour moi le plus important c’est de bien voir ce que révèlent ces mots guerriers que nous retrouvons partout, comme ici CONQUÊTE et VICTOIRE. Ainsi que ce verbe qu’on met également partout, et qui me fatigue … FAIRE.
        Ces gens qui prennent du plaisir à souffrir, voire à prendre des risques, se battent seulement contre eux-mêmes. Qu’y a t-il de mal à ça ? La plus belle victoire que je leur souhaite, c’est qu’au lieu de dire, fièrement ou pas, «J’ai fait le Vignemale, j’ai fait le col du Tourmalet» … ils puissent dire, tout naturellement, «J’ai gravi le Vignemale, à pied, et à ski… et le col du Tourmalet à vélo».

      2. Pour finir… ce qui pose problème c’est la Compétition. Comme partout. L’esprit de compétition au plus haut sommet de la débilité. Et bien sûr, l’un n’allant pas sans l’autre, le Business ! Qui grâce à sa propagande (pubs, films, bouquins) rend tout et n’importe quoi à la mode. Et donc désirable… parce que je le veau bien.
        L’Everest, le Népal, le Grand Nord etc. sont devenus des produits de consommation. Les agences de voyages, de trekking, les vols low-cost et j’en passe, sont là pour que tout et n’importe quoi soit à la portée de quasiment n’importe qui.
        Ce qui fait que 90 % voire plus de ceux qui arrivent au camp de base de l’Everest ne devraient pas être là. Mais en attendant, c’est comme ça.

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