J’ai été torturé, il me fallait manger mon repas en une minute et demie, je ne pouvais ni lire ni écrire, mon procès a eu lieu à huis clos… je m’appelle Wu Lihong. Ce résumé d’un article du Monde (11 mai 2010) montre qu’être militant écologiste peut être dangereux. Pourtant Wu Lihong ne faisait que dénoncer la pollution des eaux par des usines chimiques, il se contentait d’alerter l’agence chinoise de protection de l’environnement, il avait raison. Mais nous sommes en Chine, cela n’arrivera pas chez nous !
Au Mexique Ignacio Chapela avait mis en évidence une contamination du maïs par des transgéniques dans un article publié dans Nature. Les prises de position de Chapela cadraient mal avec une carrière dans la respectable institution de Berkeley, désormais plus tournée vers les grands partenariats avec le secteur privé que vers la contestation politique. La titularisation de Chapela lui a été refusée au cours de l’année 2003. Les lanceurs d’alerte (Whistleblowers) risquent leur emploi pour « sonner l’alarme », même la notoriété n’empêche pas la répression. James Hansen, climatologue célèbre pour avoir déclaré en 1988 devant une commission du sénat américain que la sécheresse qui dure ne relève pas de la variabilité naturelle du climat, mais des activités humaines, subit en 2005 des représailles sous Bush : « La censure est devenue intense, m’empêchant de m’exprimer dans les médias », raconte James Hansen. Il ne peut parler qu’à condition qu’un responsable des affaires publiques de la NASA surveille la conversation. Et en France, patrie de la liberté d’expression ? La Fondation Sciences Citoyennes a récemment lancé une campagne de soutien au professeur Gilles-Eric Séralini qui est actuellement victimes de vives pressions de la part de Monsanto, de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et de l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales) suite à la publication de contre-expertises des études de Monsanto sur trois maïs génétiquement modifiés. Que les difficultés économiques se systématisent et la répression anti-écologique se fera chinoise.
La frontière entre dénonciation écologique et réalité économique est un mythe. Les lanceurs d’alerte ont besoin d’une protection qui s’inspire par exemple des dispositions de la loi de 2007 relative à la lutte contre la corruption. Ce texte introduisait dans le code du travail une disposition visant à protéger les salariés qui prennent l’initiative de dénoncer de bonne foi des faits de corruption ou de trafic d’influence qu’ils sont amenés à constater dans le cadre de leurs fonctions. Corinne Lepage avait rendu en 2008 un rapport sur l’information environnementale, l’expertise et la responsabilité. L’information du public y est considérée comme un devoir, ce qui implique un « devoir d’alerte », accompagné de la création d’un « délit de rétention d’information quand le risque est avéré ». Un tel délit aurait été appliqué dans le passé aux cigarettiers qui disposaient d’études sur les dangers du tabac et les ont dissimulées. Mais même si une protection était votée, le militant écolo qui dit la vérité prendra un risque.
correction de la typo du point 1 ci-dessus: ** aucune replication des transgenes**, c’etait la these de Chapela et elle reste infirmee.
1). Non, l’artilce du MOnde que vous reproduisez est factuellement incrrect. Le papier de Alvarez-Buyla confirme cas des cas (1% des cas) de transgenes, mais auconereplication. C’etatit ca la there de Chapela est elle reste infirmee.
2)A notre hote et a Isabelle.. Non l’ecologie est une science, pas une ideologie. En l’asservissant a votre ideologie c’est vous qui la denaturez. Vous ecrivez que la science a perdu son ame quand elle est » une recherche appliquée » . Les bras m’en tonbent (ce qui rend bien plus complique le fait de taper sur un clavier!).
Cette coupure schizophrene entre science fondamentale d’une part et appliquee d’autre part n’a aucun sens. Un peu d’epistemologie de base vous ferait du bien. La science n’est pas une gitantesque collection de timbre. Vous emputez la science d’une partie de son essence, vous la limitez aux naturalistes, uniquement parceque vous avez un besoin dialectique de justifier votre propre agression anti-scientifique. Vous montrez egalement que votre vision du monde est anti-humaniste. Je vois en vos propos une confirmation de la catastrophe philosophique qu’est l’ecologie politique, et le risque de regression qu’elle represente dans la penssee occidentale pour la premiere fois depuis la fin du XVeme siecle.
@cocorico : j’ai oublié de préciser que mon commentaire était à votre intention.
La politique gère le bien public. L’écologie est par essence une affaire politique.
@ cocorico, la question de l’écologie politique
L’écologie est à l’origine une science. C’est d’ailleurs pour cela que l’écologie politique peut prétendre baser ses raisonnements sur des considérations objectives, la détérioration de la biosphère par l’activité humaine. René Dumont ne s’est pas trompé, ses prévisions ont été depuis amplement confirmées, depuis la détérioration des ressources en eau jusqu’au fait que l’Afrique était mal partie. L’écologie politique ne doit pas faire peur ; c’est l’état de plus en plus dégradé des écosystèmes qui doit faire peur et nous inciter à réagir politiquement pour enrayer des phénomènes comme le réchauffement climatique (mesuré par des scientifiques) ou la perte de biodiversité (mesurée par des scientifiques).
Nous pouvons cependant ajouter que la « science » a perdu son âme quand elle est passée d’une démarche analytique de compréhension des phénomènes (par exemples les naturalistes) à une recherche appliquée, liée à la technique et à ses utilisations économiques (par exemple la bio-ingénierie). A ce moment, ce n’est pas le pouvoir des politiques qui fait peur, c’est le pouvoir de l’argent qui entraîne dérives et manipulations et permet même d’acheter des politiques (rôle des lobbies industriels, action de Monsanto aux USA, etc.). C’est pour cela que les militants écologistes se trouvent confrontés à tellement d’obstacles.
Les sciences sont citoyennes par essence, pas besoin de parler de religion pour cela…
@ cocorico, sur l’affaire Chapela :
Une étude moléculaire menée par des chercheurs mexicains, américains et néerlandais (dont Chapela) démontrait la présence de gènes provenant d’organismes génétiquement modifiés (OGM) parmi les variétés de maïs traditionnels cultivées dans des régions reculées de l’Etat d’Oaxaca, dans le sud du pays. Nature avait fini par publier un désaveu, estimant que l’article des deux biologistes était insuffisamment étayé.
Sept ans plus tard, le travail dirigé par Mme Alvarez-Buylla confirme pourtant largement leurs conclusions, souligne un compte rendu publié dans Nature du 13 novembre 2008. L’Américaine Allison Snow, de l’Université de Californie, auteur en 2005 d’une étude préliminaire qui semblait infirmer les découvertes d’Ignacio Chapela et David Quist (et avait été aussitôt exploitée par les partisans des OGM), publie dans le même numéro de Molecular Ecology une note complémentaire élogieuse, où elle juge que l’analyse moléculaire conduite par l’équipe de l’UNAM est « très bonne », et met en évidence « des signes positifs de transgènes ». Cette reconnaissance n’allait pas de soi. « Cela fait deux ans que nous bataillons pour publier les résultats de notre étude, déclare Mme Alvarez-Buylla. Jamais je n’avais rencontré autant de difficultés au cours de ma carrière ! On a essayé de freiner la diffusion de ces données scientifiques. » Le biologiste José Sarukhan, chercheur à l’UNAM et membre de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis, avait ainsi recommandé l’article pour la revue de cette institution. Celle-ci l’a rejeté au mois de mars, au motif qu’il risquait de provoquer « l’attention excessive des médias, pour des raisons politiques ou liées au thème de l’environnement »…
(Source le Monde.fr, le 11 décembre 2008).
Nous précisons que la contamination relevée de façon incontestable par Chapela et Quist résulte sans doute de l’importation de maïs américain transgénique distribué aux plus pauvres sans les avertir de cette spécificité. De nombreuses familles ont consommé une partie du maïs et semé le reste, contaminant une partie de le leur maïs autochtone (criollo).
1) « il est normal que l’écologie entre en politique ». Non, ca n’est pas « normal ». Ou bien, pardon de rester fixe sur cette analogie mais elle me parait vraiment frappante, il est « normal » que la religion sorte du cadre privee ou la France essaye de la limiter pour rentrer dans le cadre du debat publique. L’ecologie est une science. En la politisant, vous l’assasinez. Vous changez sa nature. Rene Dumont s’est beaucoup trompe, et techniquement (ses previsions apocalyptiques ne se sont pas realisees) et socialement, en asservissant une science a ses buts politiques.
Les personnes que j’ai connu a l’epoque etaient des militants, pas de noms a donner.
2) Je n’ai pas lu le livre de Foyer. En lisant le resume sur le site des PUF, je lis la premiere phrase: « Les maïs des Indiens zapotèques des montagnes du Mexique sont « contaminés » par la présence de transgènes échappés des laboratoires biotechs nord-américains ». (Passons sur l’effet choc-cheap du « echappe des laboratoires nord-mericains » – c’est une formule qui me semble toute echappee des « studios hollywoodiens nord-americains »). C’est effectivement toute la these de Chapela, qui a ete infirmee par d’autrse travaux (de Snow en particulier). Encore que, pour etre precis, la discussion n’est pas tant de savoir si il a des transgenes dans le mais sauvage (tout a fait possible, comme pour toute plantation) mais de savoir si il a *replication* des transgenes. C’etait ce que Chapela concluait, et c’est ce qui a ete infirme.
Chapela est un bon mycologiste, ca n’est pas le probleme. Le probleme n’est pas non plus qu’une partie de son travail soit infirmee. Le probleme est qu’il a recours aux tribunaux pour regler un probleme professionel particulier et que c’est vu- ou plutot que c’est montre au public – comme un jugement sur son travail. Non, ses conclusions scientifiques sur cette histoire de mais transgeneiqeu sont toutes simplements reconnues comme erronees. Ca arrive a tous les labos de se tromper, mais la ou j’ai peur des ecologistes politiques c »est quand ils confondent un jugement sur la personne avec un jugement sur la vericite des conclusions scientifiques.
Oui à force combattre son ennemi on peut finir par lui ressembler.
Etayez votre article SVP pour confirmer les dires de cocorico, la confrontation peut être intéressante.
@ cocorico
1) Nos problèmes socio-économiques découlant de questions écologiques, il est normal que l’écologie entre en politique. Dit autrement, il faut politiser les écologistes et écologiser les politiques (dixit René Dumont, candidat aux présidentielles de 1974). En France, nous ne voyons « idéologues aveugles » pratiquer l’écologie politique. Donnez des noms si vous maintenez vos affirmations.
2) Quant aux sources pour Chapela, lire Il était une fois la bio-révolution (nature et savoirs dans la modernité globale) de Jean Foyer (Puf, 2010). Berkeley, devant le soutien de plus en plus massif à Chapela et étant donné le risque de perdre dans une procédure engagée devant les tribunaux, a annoncé en 2005 sa titularisation.
Bonjour,
Merci pour cet article, très intéressant, et, malheureusement, très
prophétique de ce qui nous attend dans les années à venir, du moins jusqu’en
2012, je l’espère vivement.
Bon après-midi.
Jean-Philippe
P.S. : Ce n’est pas mon site mais il est bien aussi.
Et enfin (desole pour l’email a ralonge), j’ai ete proche a une epoque de l’ecologie politique. Je ne le suis plus car j’y ais vu bien trop d’ideologues aveugles par leurs propres coyances, tres totalitaires, et tres comparables, je le repete, aux plus obscurantistes des activistes religieux qui sont une plaie ici aux US. L’ecologie politique est une perversion de l’idee d’ecologie.
et je precise pour bien montrer que je ne suis pas paye par une entreprise etc: mon activite dans le sustained development est l’etude des consequences sur la sante publique de la pollution chimique d’origine insutrielle. En partie dans les pays en voie de development, en partie dans les pays industrialises. Je n’ai jamais eu a subir de pressions. Je n’ai jamais ete censure par mon universite – et je n’ai jamais ete prive de moyens, ni localelemt, ni au niveau de l’etat, ni au niveau federal.
Vous etes (au mieux) mal informes sur Chapela. Ses conclusions ont ete invalidees par plusieurs autre etudes. Nature a retire (retracted) – une premiere dans son histoire – l’article en question de Chapela a cause des problemes techniques de son etude. Il n’a pas eu sa tenure pour ces raisons. Pas la peine d’aller chercher une pretendue infeodation de Berkeley a une cabale imaginaire, que vous ne substantifiez d’ailleurs pas. Les universitaires americains (dont je suis) ont parfois tendance a lutter contre le refus de la Tenure par tous les moyens, y compris legaux, y compris public relation comme dans ce cas. C’est payant de faire le martyr. Votre attaque contre Berkeley est la vraie chose effrayante: vous attaquez les universites qui oseraient ne pas soutenir ceux qui vous plaisent. C’est bien vous les veritables inquisiteurs.
Hansen est un scientifique. C’est aussi un politcical activist. C’est son droit. Mais ce qu;il dit procede de son activite politique. La NASA ne « surveille pas la conversation », c’est une escroquerie morale de votre part d’ecrire ca. La NASA, comme toute agence publique US le fait avec tous ses employes (fonctionnaires, genre CNRS), demande une copie des speach donnes a l’exterieur. Hansen a ete arrete aux US pour obstruction lors d’une manifestation s’opposant a une mine en West Virginia. Je respecte beaucoup Hansen le scientifique et le citoyen, mais j’ai plus de doutes sur Hansen l’activist qui lui aussi sait manier les public relations pour faire avancer non seulement sa cause, mais aussi sa personne.
Seralini est president de la Criigen. Pourquoi ne le dite vous pas, vous qui pretendez exposer le dessous des tables? Il est juge et partie, et defend son beefsteack. C’est tout a fait son droit, mais il faut le dire.
Je suis universitaire aux US. J’ai publie dans Nature. Je suis tres implique dans les development durable. Je dis ca pour expliquer que je suis de la partie. Votre attitude est exactement la meme (ce que j’avais deja ecrit dans vote entree sur le pic de petrole) que celle des extremistes religieux aux US qui veulent fermer nos universites parceque nous y enseignons l’evolution. Arretez je vous en prie de voir des complots partout. Le seul cas pour le quele je suis enteirement da’accord evec votre entree est celui de Lihong, pour le reste, votre these n’est basees que sur des cas de gens qui defendent *leur interets personnels.