La bombe démographique en Egypte explose

L’Égypte comptait 21 millions d’habitants en 1950, quelque 90 millions en 2013, elle vient de dépasser les cent millions et progresse d’un million supplémentaire tous les six mois (un doublement en moins de quarante ans). L´extrême jeunesse de la population égyptienne (30 % des égyptiens ont moins de 15 ans !) explique pour partie cette explosion. Cette croissance exponentielle intervient de surcroît sur une étroite bande de terre fertile, limitée à la vallée du Nil et à son delta et représentant moins de 5% de la superficie d’un pays largement désertique. Ramené à la « superficie agricole utile », la densité de peuplement égyptienne approche 2 000 habitants au kilomètre carré ; avec une telle densité la France accueillerait près d´un milliard d´habitants. Ne pouvant produire suffisamment de denrées alimentaires. l’Égypte les importe et subit directement toute élévation des cours mondiaux.

Le taux de fécondité avait chuté de 5,3 enfants par femme en 1980 à 3 en 2008, il est remonté à 3,5 enfants par femme en 2014. On peut qualifier ce phénomène de « contre-transition démographique » qui s’explique d’abord par le recul de la part des femmes sur le marché du travail. Le marché du travail ne peut faire face à la pression du nombre. Force est de constater aussi qu’en Egypte, la dictature de l’ex-maréchal Sissi s’est appuyé sur une forme très agressive d’ordre moral, qui permettait d’acheter la paix sociale dans un pays taraudé par une pauvreté grandissante ; entre 2016 et 2018, la proportion d’Egyptiens vivant en-dessous du seuil de pauvreté, fixé à moins d’1,5 euro par jour, est passée de 28 à 33 %. Le budget de l’éducation est loin d’être une priorité face aux formidables dépenses militaires et aux 45 milliards de dollars alloués au chantier pharaonique d’une nouvelle capitale. Les 10 millions des Egyptiens les plus pauvres, délaissés par l’aide publique, continuent de miser sur une nombreuse progéniture pour assurer leur quotidien, voire leur avenir.

Ce n’est que récemment que Sissi a pris conscience de la menace que représente la bombe démographique pour la stabilité de l’Egypte, désormais placée sur le même plan que le défi « terroriste ». Les campagnes de contrôle des naissances, enfin lancées avec l’aval des imams d’Etat, peinent à produire des résultats tangibles. Les allocations familiales ne sont désormais plus accordées au-delà du deuxième enfant. Egypte et l’humanité dans son ensemble ne s’investissent clairement  dans une politique malthusienne, les révoltes au Maghreb et ailleurs en annoncent d’autres, qui risquent d’être saignantes. Notre article antérieur sur ce blog biosphere :

1er février 2011, l’Egypte, victime de sa démographie

* https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2020/03/01/la-bombe-a-retardement-de-la-population-egyptienne/

7 réflexions sur “La bombe démographique en Egypte explose”

  1. L’information est tombée sèchement : l’Egypte a atteint les 100 millions d’habitants.
    L’Egypte antique, si l’on interprète les dénombrements d’époque romaine, en comptait environ 5 millions. Un recensement entrepris en 1897 annonçait 9,7 millions. En un peu plus d’un siècle, le pays a donc vu sa population multipliée par dix. Or, la surface utile n’a guère augmenté. Dans cet état de 1 million de km2 essentiellement désertique, seule, une quarantaine de milliers de km2 est habitable, à peu près la surface des Pays-Bas : imaginons, aux Pays-Bas, 100 millions de Néerlandais, plus de 2000 habitants au km² ! Sur cet espace exigu, les villes deviennent monstrueuses : Le Caire a 21 millions d’habitants, Alexandrie 5 millions et demi…
    L’optimisme des démographes rend perplexe : tout devrait s’arranger tout seul, l’équilibre se rétablir grâce à la notion de transition démographique. Peut-être bien, mais on ne la voit guère venir (en Egypte particulièrement) et la stabilisation promise autour de 10 milliards d’humains sur Terre n’est-elle pas, elle aussi, au dessus des possibilités que réserve la planète?
    https://blogs.lexpress.fr/histoire-politique/2020/03/03/relativite-des-problemes/

  2. @ Marcel (réponse à votre commentaire 6 mars 2020 à 16:36)
    D’accord avec vous pour dire que le processus destructif ne pourra pas être enrayé. La «bombe à retardement» est enclanchée, il est désormais trop tard. C’est ce que je ne cesse de dire, notamment à Didier Barthès. Maintenant ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire, en attendant. Nous devons notamment nous efforcer de bien analyser tout ce qui se passe, ne serait-ce déjà que pour ne pas en rajouter au désastre.
    (Pour moi il est temps de déclarer qu’il est trop tard pour éviter la Catastrophe et que maintenant nous devons réfléchir à ce que nous pouvons ou pourrions encore sauver. Ce n’est certainement pas la Croissance, ni notre sacro-saint Modèle, ni notre train de vie de petits-bourgeois etc. Quitte à passer pour le bisounours et/ou le gaucho-etc. de service 😉 pour moi ce que nous devons sauver, c’est ce qu’il nous reste d’humanité.)

    Dans l’article de Jean-Pierre Filiu vous pouvez lire : « A titre de comparaison, la République islamique d’Iran connaît un taux de fécondité de 1,8 enfants par femme et la Tunisie de 2,2. […] Le caractère « islamiste » ou « moderniste » d’un régime ne peut dès lors expliquer en tant que tel un retournement démographique d’une telle importance. »

    Biosphère a mis en lien un article du 1er février 2011 (l’Egypte, victime de sa démographie). Je trouve que c’est un très bon article, seulement dès l’introduction Démographie Responsable dit «qu´à la source des problèmes de l’Égypte se trouve la question démographique».
    De mon côté (mon point de vue) ce postulat me renvoie systématiquement à l’histoire de la poule et de l’oeuf. De la même manière, je peux dire qu’à la source du problème démographique de l’Egypte se trouve le problème de sa politique économique. Et qu’à la source de la politique économique de l’Egypte de Sissi, comme de l’Egypte de ses prédécesseurs, comme des politiques économiques des autres pays du monde depuis trop longtemps… se trouve Le Système.
    Alors certes ça ne nous avance pas à grand chose, d’autant plus que Le Système n’est pas facile à définir ni à cerner. Cependant nous voyons quand même ce qui le caractérise, ce système. Nous savons quel est le modèle économique qu’il s’est choisi, nous connaissons la doctrine de ce modèle, les valeurs qu’il entretient et sur lesquelles il tourne etc. etc.

  3. Empreinte écologique par égyptien 1,7ha pour une biocapacité de 0,5 h soit un dépassement de 340% ,France EE /hab 4,2ha pour une biocapacité de 2,9ha soit un dépassement de 45% (Chiffres 2011 du GFN).
    Ils auront encore plus de boulot que nous pour rétablir l’équilibre dès que les ressources vont se raréfier.

  4. 2,1 enfants par femme c’est encore trop, en effet si on regarde la pyramide des âge, ce sont les plus jeunes qui vont procréer à nouveau, du coup c’est la base de la pyramide qui se renouvelle au même rythme et ça continuera d’augmenter la population dans les années qui viennent et voir même les décennies. Alors il faudrait plutôt redescendre la natalité autour de 1,4 enfants par femme pendant plusieurs décennies pour désenfler la base de la pyramide et produire une désinflation de la population globale…. Ensuite revenir ultérieurement à 2,1 enfants par femme, une fois avoir atteint une population globale idéale et supportable économiquement pour le pays par rapport aux ressources naturelles….

  5. « On peut qualifier ce phénomène de « contre-transition démographique » qui s’explique d’abord par le recul de la part des femmes sur le marché  »

    Ne serait – ce pas plutôt par islamonatalité : pondons gaiement pour obtenir des chiards futurs djihadistes pour lise lame (de couteau) et l’ expansionnisme à échelle mondiale ?
    Pourquoi ne pas instaurer dans ces pays ultranatalistes l’ obligation de stérilisation après 2 enfants mais l’ octroi d’ avantages sonnants et trébuchants pour les personnes à faible natalité ?

    1. Marcel. Pour changer un petit peu, essayez donc de réfléchir 5 minutes en dehors du cadre de cette islamogauchistomanie ridicule.
      Cette « contre-transition démographique » n’est pourtant pas très compliquée à comprendre, Biosphère l’explique d’ailleurs très bien. La misère… notamment cette misère intellectuelle et morale, qui fait qu’au lieu d’investir dans l’éducation on préfère dépenser un pognon fou dans l’armement et autres folies, comme dans ces chantiers pharaoniques («Sissi City»). Tout ça tout simplement, parce que «Sa Majesté» Al-Sissi souhaite faire partie du club des «grands» de ce monde. Déjà là c’est du n’importe quoi, non ? Surtout quand on voit le résultat.
      «Les 10 millions des Egyptiens les plus pauvres, délaissés par l’aide publique, continuent de miser sur une nombreuse progéniture pour assurer leur quotidien, voire leur avenir. » En quoi ça les avance ces 10 millions d’égyptiens, de faire partie du Club, hein ? Et maintenant, en quoi le fait de supprimer les allocations familiales au-delà du deuxième enfant va t-il régler le problème ? Vraiment n’importe quoi !
      Le président égyptien est comme les autres, il veut tout simplement avoir la plus grosse. Comme d’autres veulent avoir la plus grosse fusée ou le plus gros avion, ou la plus haute tour, etc. lui veut avoir la plus belle mosquée, et en même temps la plus grosse et plus belle cathédrale copte, eh oui !
      Maintenant «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es.» Là encore, c’est facile de voir qui sont ses fréquentations, ses amis, ses partenaires etc. Le président Abdel Fattah al-Sissi roule à fond pour Le Système, il en est un fidèle et fervent défenseur.

      1. Je peux vous assurer que le désir d’ expansion de l’ islam est bien réel et se sert de la pauvreté pour s’ assurer la fidélité de djihadistes en herbe et leur famille .
        La natalité élevée pour s’ assurer des revenus et une éventuelle pension de retraite existe bien sûr et est très répandu en Afrique .
        D’ accord avec vous sur l’ inanité de supprimer les AF au – delà du 2d enfant .
        La bombe à retardement démographique est enclenchée et rien ne pourra l’ arrêter jusqu’ à ce que la famine et la raréfaction de l’ eau potable fassent leur oeuvre et produisent des conflits meurtriers .
        Même en réduisant les dépenses pharaonicomilitaires et en entamant une action sociale puissante, je doute que le régime en place puisse jamais enrayer le processus destructif .

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