la déception des militants écolos EELV, une parenthèse ?

Le turn over, la défection des militants après quelques mois ou peu d’années, a toujours été important chez le parti des Verts. Le conglomérat EELV, alliance des Verts historiques et de l’ouverture récente à la société civile « Europe Ecologie », ne fait pas exception ! Depuis l’alliance électoraliste Verts-PS, nous pouvons cependant parler d’hémorragie. Sur le blog de Raphaëlle Besse-Desmoulières*, nous obtenons quelques précisions :

A sa création, en novembre 2010, EELV revendiquait 15 000 adhérents, dont beaucoup étaient venus dans l’euphorie des européennes et régionales. Deux ans plus tard, le parti n’en compte plus que 9 000, selon la direction. A titre de comparaison, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui vient de fêter ses quatre ans, en revendique plus de 12 000. Selon Pascal Durand, secrétaire national d’EELV, «La dynamique s’est arrêtée. On revient à l’étiage traditionnel des Verts ». Pour Marie, Europe Ecologie n’a été qu’une « parenthèse ». « Après, le pire du parti des Verts historique a refait surface avec le seul souci de conserver l’appareil, avec un fonctionnement assez groupusculaire ». Christiane Durchon s’interroge : « Où s’arrête le compromis et où commence la compromission ? ».. « Nous avions un vote de congrès qui disait qu’il n’y aurait pas d’accord si le PS ne s’engageait pas sur l’arrêt de l’EPR. Mais les ambitions personnelles et la gestion de carrière de quelques-uns sont désormais plus importantes que la défense de nos valeurs. » Christiane Durchon a elle aussi vu son parti évoluer pour se structurer en « écuries où il fallait se positionner ». « Ça a complètement verrouillé le débat, il n’y a plus de place pour les militants de base. »*

Il est vrai que la dérive bureaucratique d’un parti écolo est toujours possible… ainsi va le jeu des appareils. Par exemple la formation Cédis (Centre d’écodéveloppement et d’initiative sociale), payante et importante, s’adresse aux élus. Par contre la formation d’un militant de base est bénévole, peu structurée nationalement si ce n’est un stage national récent… L’accueil est au point mort, à chaque groupe local de prendre en charge ses nouveaux adhérents comme ses anciens… à la bonne franquette. Triste coupure entre la base livrée à elle-même et des élus qui ont le pouvoir. C’est l’évolution normale, plus un parti se développe, plus la logique de l’organisation prime la logique des idées. Confondue avec le parti, l’organisation permanente, de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement un processus de bureaucratisation : le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. Les dirigeants du parti risquent alors d’adopter un comportement de plus en plus autocratiques.

Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique et militant est donc une nécessité absolue. Le débat d’idées ne doit pas être étouffé par les impératifs de l’organisation.

* http://gauche.blog.lemonde.fr/2012/12/04/a-eelv-la-deception-danciens-militants/