On nous dit tout, mais on ne sait plus où on va… prenons alors une boussole, ce blog biosphere. J’avais beaucoup réfléchi pour en arriver à ce résultat surprenant : je ne suis rien, juste une infime partie de l’humanité qui s’est répandue quelque peu dans le temps et beaucoup trop dans l’espace terrestre, humanité elle-même infime fraction de la Biosphère, Biosphère à son tour infime élément de l’Univers. Je ne me considère plus au centre, le soleil ne tourne plus autour de la race humaine, le soleil est d’abord là pour les plantes et pour les herbivores, pour les carnivores et tout le reste de la vie sur cette Terre. Il ne s’agit plus de déterminer une liste des espèces à protéger et des territoires à sanctuariser, il me parait au contraire essentiel de redonner à la planète toute entière la liberté de déterminer de façon la plus libre possible son propre équilibre dynamique : les humains ne sont que des passagers parmi d’autres alors qu’ils se veulent des parasites qui prennent une place envahissante au détriment de la faune et de la flore. Réintroduire l’ours dans les Pyrénées n’est qu’invention humaine, lui laisser ainsi qu’à toutes les autres espèces son espace vital devient une nécessité morale. Cela présuppose que le poids de l’humanité se fasse de plus en plus léger, ce qui remet en question l’évolution quantitative de la démographie humaine, et pose aussi un problème plus qualitatif, l’empreinte de l’activité humaine sur l’écologie de la planète : l’évolution démographique exponentielle de l’espèce homo sapiens est une terrible remise en question de la sélection naturelle, la généralisation de l’autoroute et du mode de vie qu’elle représente est une atteinte grave aussi bien à la diversité culturelle des sociétés humaines qu’à la diversité biologique.
Alors parallèlement à mon engagement politique, j’ai créé une association qui me permettrait de ne plus m’exprimer seulement en mon nom propre. En France rien de plus facile depuis la loi de 1901 que de fonder une nouvelle association : il suffit de deux personnes, de rédiger des statuts en indiquant principalement l’objectif de l’association et de les déposer à la préfecture. L’association « Biosphere » a donc été déclarée le 9 septembre 2004 dans le but de « défendre les intérêts de la Biosphère » ; la mention officialisée en est faite au JO du 2 octobre 2004, entre l’association « Amicale des chasseurs et propriétaires de Vaux-Lavalette » et l’association des « Marcheurs de Nieuil ». La lutte environnementale passe parfois par la réflexion des chasseurs, elle passe bien sûr par la marche plutôt que par la voiture, elle reste malheureusement pour l’instant un activisme spécialisé de quelques-uns alors que ce devrait être une exigence globale pour tous. L’acte véritablement fondateur de ce blog biosphere résulte d’un événement relayé par les télévisions du monde entier, le tsunami dans le Pacifique. Sur mon blog nouvellement créé grâce (à l’époque) au journal LE MONDE, j’ai alors écrit le 15 janvier 2005 un article qui mettait en parallèle le traitement sur-médiatisé des conséquences du tsunami sur les humains et d’autre part une information isolée sur la disparition prochaine des primates. Cette première contribution « Solidarité avec les bonobos » a été suivie par une analyse de plus en plus régulière de l’actualité, jusqu’à pouvoir écrire chaque jour au moins un article et à mesurer l’ampleur des risques que l’activisme humain entraîne pour les écosystèmes qui les supportent. Grâce à un amoureux de la programmation, l’association Biosphere s’est aussi dotée d’un site Internet hébergé par le serveur ouvaton à partir du 28 avril 2005 pour mettre à disposition du public un centre de documentation des écologistes.
Il y a toujours eu des individus en avance sur leur époque, quelle que soit l’époque. Mais l’ouverture d’esprit n’a pu se généraliser qu’à partir de la révolution industrielle fin XVIIIe siècle : l’éclatement des communautés villageoises a progressivement fait disparaître les traditions particulières et les pratiques religieuses imposées, l’individu peut alors réfléchir par lui-même. L’invention de la sociologie à la fin du XIXe siècle résulte d’ailleurs de cette possibilité de mise à distance de sa propre culture, ce qui permettait de relativiser ses propres croyances et de mieux comprendre l’altérité : ainsi de l’ethnologie qui montre qu’il n’y a pas de sociétés culturellement hiérarchisées, tout est question de point de vue subjectif. Pourtant depuis la machine à vapeur on a installée en place une uniformisation mondiale des mentalités modelée par la société thermo-industrielle. Dans ce début de troisième millénaire, les perspectives deviennent favorables à une nouvelle rupture, cette fois nettement positive : ce n’est plus la tradition qui importe, ni la nation, ni même le monde des humains en soi, c’est la planète dans toutes ses composantes et son devenir. La France, après s’être offert en 1789 la déclaration des droits de l’homme, a même constitutionnalisé fin février 2005 une « Charte de l’environnement ». En tant qu’éco-citoyens, nous devons maintenant percevoir que les sociétés humaine sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant et constater que la société actuelle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Il nous faut alors dénoncer avec force notre société de prédateurs et parler au nom de la Biosphère.
(Écrit par Michel Sourrouille en 2005)
– « on ne sait plus où on va… prenons alors une boussole, ce blog biosphere. »
La question est de savoir où veut nous amener ce blog.
Au malthusianisme, c’est entendu. Mais après ?
Cela aurait pu être n’importe quoi, le hasard a donc voulu que ce soit ça. Un jour, une sorte de révélation, une prise de conscience : « je ne suis rien, juste une infime partie de l’humanité qui s’est répandue quelque peu dans le temps et beaucoup trop dans l’espace terrestre, humanité elle-même infime fraction de la Biosphère, Biosphère à son tour infime élément de l’Univers. »
Cela me fait penser aux «poussières d’étoiles» d’Hubert Reeves, à ce passage de la Génèse «Tu es poussière et tu retourneras en poussière», à cet autre de Pascal «Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie».
Qui donc n’a jamais ressenti ce sentiment de petitesse, en regardant le ciel par une belle nuit étoilée ? Et qui donc ne s’est jamais posé ces questions, existentielles, où va t-on, quel est le sens de tout ça ? etc.
(suite) Ce qui est marrant avec cette expérience, c’est que les uns voient Ça avec une certaine angoisse, voire avec effroi comme Blaise, alors que d’autres le voient avec émerveillement, quand ce n’est pas avec amusement, comme s’il s‘agissait d’une grosse blague. Question de tempérament probablement. Quoi qu’il en soit, devant autant d’absurdité il y a en effet de quoi être être déboussolé.
Partant de là on peut partir dans toutes les directions. Se passionner pour l’astrophysique, devenir curé, pasteur ou imam, philosophe, musicien, poète ou clown etc. On peut même devenir même fou. Bref, on peut partir n’importe où et faire quoi, peu importe c’est toujours le hasard qui décide.
Le hasard a donc voulu que naisse Biosphère.
– « L’acte véritablement fondateur de ce blog biosphere résulte d’un événement relayé par les télévisions du monde entier, le tsunami dans le Pacifique. […] le traitement sur-médiatisé des conséquences du tsunami sur les humains et d’autre part une information isolée sur la disparition prochaine des primates. »
Eh oui. D’un côté une surmédiatisation pour 150 000 victimes humaines, autant dire rien comparé à tous ces milliards que nous sommes, et de l’autre pratiquement pas un mot pour les bonobos. Où est donc la juste mesure ? Où est donc la «solidarité avec les bonobos» ? Décidément, comme dit Biosphère, il y a quelque chose d’absurde sur cette planète ! Et ça c’est ben vrai ça, comme disait la Mère Denis.
En attendant, qu’est-ce qu’ils en pensent les bonobos, de toute cette absurdité ? 🙂