La plupart des démographes trouvent que l’explosion démographique est sans conséquences néfastes! Exemple avec Hervé Domenach qui s’intéresse à la démographie comme « enjeu d’une planète viable »*. Son constat de départ est pourtant clair, il y a une « ascension verticale » (une croissance exponentielle) de la population mondiale à partir des années 1950-1970. Mais comme il prévoit un taux d’accroissement « peut-être nul » en 2050, pourquoi s’inquiéter ! Pourtant nous serons 9 milliards, bien plus que les 6,9 milliards en octobre 2010. Voyons quelques traits de son optimisme béat.
Un monde de bidonvilles ne lui fait pas peur. Il y avait 2 % de citadins en 1800, 10 % en 1900 et on franchit le seuil de 50 % en 2007. Il envisage sans sourciller 80 % de citadins en 2050 car, dit-il, « en concentrant la population sur moins de 3 % de la surface émergée, les villes offrent de bonnes perspectives de durabilité et de soutenabilité ». Domenach n’a aucune conscience de l’empreinte écologique : « Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés. Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la perpétuelle vulnérabilité écologique de l’espèce humaine. Nous sommes bien conscients que les grandes régions urbaines industrielles posent un énorme problème en termes de durabilité, même fondée en partie sur l’autosuffisance régionale accrue. »
Selon Domenach, la Terre peut supporter 9 milliards d’individus . Pourtant il rappelle entre autres qu’un milliard de personnes sont actuellement sous-alimentés et que plus de deux milliards et demi de personnes sont en dessous du seuil de satisfaction des besoins vitaux. Il reste d’un optimisme viscéral car selon lui, « en ce qui concerne le développement économique et les marges d’adaptation, nous avons les solutions techniques vers le tout écologique et la régulation planétaire planifiée. » Il veut ignorer que l’égoïsme des nations empêche toute action internationale concertée et que la lutte contre le réchauffement climatique est en échec depuis 22 ans. Notons qu’il n’a aucune idée sur l’évolution de l’alimentation alors que l’évolution démographique doit toujours être mis en perspectives avec nos capacités agricoles… qui seront déficientes au cours de ce siècle. Nous conseillons à Hervé Domenach de (re)lire L’essai sur le principe de population de Malthus, cela lui éviterait d’être si superficiel.
* chapitre du livre « L’homme peut-il s’adapter à lui-même ? » (Éditions Quae 2012, 190 pages pour 24,50 euros)
On passe hélas très vite de la légèreté à l’inconséquence, encore une fois on remarque que les démographes, aiment les populations volumineuses.
Ils évoquent toujours la possibilité (toute théorique dans un monde qui sera sans pétrole) de nourrir toujours plus de milliards de personnes, mais jamais, jamais on en trouve un qui nous dise où nous mettrons les animaux, cela semble t-il n’effleure personne qu’il faut laisser de la place au reste du vivant et que cela suppose d’être moins nombreux. Surtout si nous voulons ne pas entasser les hommes et leur laisser un minimum de contacts avec la nature.