La population mondiale au 1er janvier 2023

Depuis le 15 novembre 2022 la Terre accueille « officiellement » 8 milliards d’êtres humains. Cette date choisie par l’ONU est quelque peu surprenante. En effet, la plupart des statistiques – celles de l’INED et même de l’ONU – laissaient penser, il y a peu encore, que nous atteindrions cet effectif seulement au cours du  premier trimestre 2023. L’estimation moyenne des 10 compteurs que nous présentons ci-dessous reste d’ailleurs, en ce 1er janvier, légèrement inférieure à 8 milliards (1). Qu’importe, avec une précision de l’ordre de + ou – 1 %, considérons que nous sommes entre 7,9 et 8,1 milliards ou, autrement dit, que nous avons été ou serons 8 milliards entre la fin 2021 et le tout début 2024. Un seul mot pour résumer la situation, SURPOPULATION.

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2023

Selon différents compteurs, en millions d’habitants et en début d’année

Sources                                          2022              2023            Progression

                                                                                                         en nombre           en %

Countrymeters                                7 948             8 047          +   99  soit  + 1,3 %

Earth Clock                                     7 934           8 024          +   90  soit  + 1,1 %  

INED                                               7 916           8 009          +   93  soit  + 1,2 %

Overpopulation awareness             7 830           7 903          +   74  soit  + 0,9 %      

PopulationCity.world                         7 890           7 973          +   83   soit  + 1,1 %  

Population.io                                   7 876           8 010         +  133   soit  + 1,7 %      

Population mondiale.com               7 863           8 011          +  148   soit  + 1,9 %

Terriens.com                                   7 842           7 916          +   74   soit  + 1,0 %

US Census Bureau                         7 869           7 943          +   74   soit  + 1,0 %

Worldometers                                 7 917           8 009          +    92  soit  + 1,2 %

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Moyenne :                                     7 888            7 984        +  96   soit  +  1,2 % 

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Le franchissement du seuil symbolique de 8 milliards marque la poursuite de l’explosion démographique. Si beaucoup d’articles tendent aujourd’hui à nous rassurer en nous promettant une prochaine stabilisation, la situation est inquiétante : nous étions 7 milliards fin 2011, il aura suffi de 11 ans pour en gagner un de plus. Un mot devrait être repris pas tous les médias : SURPOPULATION.

L’événement aura, au moins quelques jours durant, mis la question démographique à l’affiche. En France, plusieurs débats télévisés ont été proposés : ici sur Arte le 15 novembre, ici sur Public Sénat le 17. Signalons aussi la mise en accès libre et en version française du film Mother de Christophe Fauchère consacré à la surpopulation qui nous donne encore une fois l’occasion de mesurer l’extraordinaire préscience de Paul Ehrlich (auteur de « La bombe P » en 1968).

L’avenir ?

Si les prévisions à courte et moyenne échéances font à peu près l’unanimité – nous devrions être autour de 9,7 milliards en 2050 – celles pour 2100 sont naturellement plus discutées.

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II faut rester prudent sur les prospectives de long terme. Nul ne connaît la fécondité des années 2060 ou 2080. En témoigne l’évolution chaotique de ces estimations à 2100.

Certes, plusieurs organismes ont abaissé leurs projections pour 2100. L’ONU a ainsi réduit son estimation de 500 millions, passant de 10,9 milliards, prévus lors de l’étude de 2019,  à 10,4 milliards aujourd’hui. En 2020,  l’IHME (un institut américain d’études sur la santé) a envisagé une population de 8,8 milliards pour 2100 (avec un pic proche de ce niveau en 2064) et, récemment, une étude de la banque HSBC évoquait même l’hypothèse d’un monde de 4 milliards d’habitants à la fin du siècle.  Il s’agit là d’un scénario extrême peu partagé par les démographes car il supposerait une rupture très brutale ou même un effondrement de nos sociétés.

Gardons à l’esprit que ces baisses s’appuient sur l’hypothèse d’une continuation jusqu’en 2100 de la diminution de la fécondité aujourd’hui observée au niveau mondial : 2,7 enfants par femme en 2004 et 2006, 2,6 en 2008, 2,5 entre 2010 et 2017, 2,4 en 2018 et 2,3 en 2021 (2). Bien qu’elle-même ralentie, cette baisse pourrait amener le monde à une fécondité de 2 enfants par femme ou même un peu moins à l’orée du 22ème siècle. Or, rien ne garantit la poursuite du processus, d’autant que cette baisse est souvent corrélée au développement économique et que dans le monde troublé d’aujourd’hui et devant l’épuisement des ressources, ce développement est toujours plus incertain.

En France métropolitaine et ultramarine (hors Mayotte) nous serions environ 68 millions d’habitants en ce début 2023 (67,8 au 1er janvier 2022 selon les chiffres provisoires de l’INSEE avec une croissance d’environ 200 000 habitants par an). La croissance annuelle tendrait à ralentir s’établissant aujourd’hui à + 0,3 % contre + 0,4 % sur la période 2014 – 2019. Cette baisse résulte principalement de celle du solde naturel.

NB : Merci à Didier Barthès dont nous relayons les décomptes depuis plusieurs années :

http://economiedurable.over-blog.com/2022/12/la-population-mondiale-au-1er-janvier-2023.html

précisions

(1) 7,984 milliards précisément, notons que la progression moyenne affichée pour ces compteurs sur un an : + 96 millions, soit + 1,2 % est sans doute exagérée. Elle est en tout cas en décalage avec l’évolution généralement admise. Cela semble notamment lié au rattrapage qu’ont effectué plusieurs compteurs pour se mettre au diapason de la décision de l’Onu de fixer le passage des 8 milliards à fin 2022. C’est manifestement le cas de Populaiton.io et de Population mondiale.com dont les données sur la croissance annuelle (respectivement + 133 et + 148 millions) sont manifestement excessives. Le compteur de l’INED lui-même (+ 93 millions) est en désaccord avec les chiffres proposés dans les publications de l’institut.

(2) Statistique INED, Tous les Pays du Monde.

(3) Les années indiquées sont les années de publication les statistiques portent sur l’année précédente.

Tous les articles précédents intitulés : La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards)

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards).

4 réflexions sur “La population mondiale au 1er janvier 2023”

  1. En matière de démographie, on peut prévoir l’avenir étant donné l’inertie des comportements de fécondité et des cas de mortalité. L’incidence de la pandémie, pourtant mondialisée, a été relativement peu de choses, 15 millions de morts en deux ans selon l’OMS.

    Mais l’essentiel n’est pas dans les évolutions structurelles, que nous ne maîtrisons pas, il se situe dans le comportement de chaque individu… Si on fait preuve de démographie responsable, si pourquoi pas, on adhère à l’association du même nom, si la sobriété démographique se généralise, cela ne peut être qu’un plus pour la planète,. Car l’avenir, c’est aussi ce que nous en faisons collectivement.

  2. – « II faut rester prudent sur les prospectives de long terme. […] Gardons à l’esprit que ces baisses s’appuient sur l’hypothèse d’une continuation jusqu’en 2100 de la diminution de la fécondité aujourd’hui observée au niveau mondial […] Or, rien ne garantit la poursuite du processus [etc.] » (Biosphère)

    Oui bien sûr. Je l’ai dit X fois les prévisions restent des prévisions. Et en plus il y a prévisions ET prévisions, etc. etc. Gardons surtout à l’esprit que personne ne peut sérieusement dire ou prédire ce que sera demain. Donc, en attendant, le catastrophisme des prophètes d’apocalypse ne vaut finalement pas mieux que l’optimisme (avec ou sans guillemets) de ces démographes de l’INED, de l’ONU ou d’ailleurs. Par contre, entre ce catastrophisme là et l’optimisme des Scientistes, là pour moi en effet c’est autre chose. Donc, comme toujours, la juste mesure !

    1. Didier BARTHES

      Donc par juste mesure Michel C, vous envisagez quoi comme projections ? Car dire qu’on ne peut pas prévoir l’avenir c’est une tautologie, mais sans être sûr on peut faire des projections. Ah encore une fois, engagez-vous un peu !
      Sortez de l’anonymat, sortez de la prudence !

    2. Michel C,on connaît bien l’avenir, les tendances structurelles sont là, les prévisions des années 1970 se confirment cinquante ans plus tard. Pourtant, lors de ses vœux le 31 décembre 2022, Emmanuel Macron s’étonnait de l’aspect « singulier » de ces allocutions qui « obligent à parler d’un futur qu’en vérité on ne connaît pas … Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ». Les mots présidentiels ont aussitôt été perçus comme un symptôme de déconnexion par plusieurs experts. « “Qui aurait pu prédire la crise climatique ?” C’est amusant, c’est exactement une de mes boutades préférées pour moquer les politiciens qui vivent hors du réel », a tweeté Gonéri Le Cozannet, géologue et coauteur du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

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