l’art, de la merde

LeMonde est bien obligé de pondre un supplément « argent! », même les médias ont besoin d’argent. Aujourd’hui 7.07.2008, cela commence fort, par une citation de Céline : « Il n’y a qu’une liberté, rien qu’une : c’est de voir clair d’abord, et puis ensuite d’avoir du pognon plein les poches, le reste c’est du mou ! » Moi je croyais naïvement que d’avoir du pognon plein les poches, cela empêchait de voir et permettait d’acheter n’importe quoi, n’importe comment. Suis-je bête !

             Le supplément se  termine sur « l’Argent, un sujet en or pour les créateurs ». On ose « De tout temps, l’idée d’argent s’est insinuée dans l’iconographie occidentale » alors que cette civilisation a un début pas si lointain et une fin prochaine. L’art occidental est d’ailleurs tellement dénaturé qu’une Merde d’artiste, boîte remplie de ses excréments pas Manzoni en 1961, s’est vendu en 2007 pour la modique somme de 110 400 euros ; l’art en conserve fructifie inutilement. En fait l’art a été très vite relié à une religion, puis au soutien d’un ordre politique, et maintenant c’est l’art marchand dont le contenu devient l’absence de contenu, autrement dit la licence de faire n’importe quoi pourvu que ça se vende. L’idée de communication sociale s’est fourvoyée dans une liberté dévoyée. Il n’y a ni passé  ni avenir dans le domaine d’un art qui oublie la simplicité première puisqu’il n’existe aucun critère objectif de la vulgarité ou de la distinction, aucun sens à donner à une évolution de l’art vers la sophistication. L’art véritable n’appartient ni à une élite qui peut payer, ni à des individus qui se proclament artistes, ni à des musées, l’art n’existe que parce que les humains le pratiquent en personne pour le plaisir, avec des techniques les plus simples possibles : l’art vocal est un art, le marché de l’art c’est de la merde.