Résumé du livre de Théophile de Giraud,
La grande supercherie chrétienne
De l’oubli que le christianisme des origines était un antinataliste
Les Évangiles canoniques et le Nouveau Testament, corroboré par les écrits des premiers Pères de l’église, affichent un antinatalisme des plus consistants. On notera que la continence perpétuelle et le renoncement à la procréation se sont également affirmés dans le christianisme officiel à travers l’ascétisme, l’érémitisme, le monachisme, ainsi que par le célibat des prêtres dans le catholicisme. Les deux principaux protagonistes du Nouveau Testament, Marie et Jésus, sont étroitement associés à la virginité, et donc à la non-procréation. Le célibat de Jésus marque une rupture radicale avec le judaïsme traditionnel où le mariage était une obligation sociale, y compris pour les prophètes.
Le Christ affirme que le Royaume des Cieux appartient à ceux qui sont pareils aux prépubères (Matthieu 1:13-14) : « Il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » De même Luc (20:34-35) : « Les fils de ce monde-ci prennent femme ou mari ; mais ceux qui auront été jugés dignes d’avoir part à ce monde-là et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari. » ; « Heureuses les femmes stériles et les entrailles qui n’ont point enfanter, et les seins qui n’ont pas nourri (Luc 23:27-29) ». Le canon 33 du concile d’Elvire en 305 interdira formellement aux évêques, prêtres et diacres d’engendrer des enfants. Le Salut est dans l’adhésion aux valeurs spirituelles, nullement dans l’enfantement.
Reste à explique le paradoxal désaveu de l’anti-natalisme des origines par les Églises devenues dominantes et officielles. La raison principale est sociologique et stratégique, nullement exégétique ou théologique. Souci de réalisme, de realpolitik ! Le renoncement à la procréation est une exigence impopulaire par excellence, et qui suscite beaucoup d’animosité à son encontre, comme chacun peut encore le constater de nos jours. Saint Paul a posé les fondements de ce qui deviendra la doctrine classique de l’Église envers le mariage : l’idéal est de rester vierge et de ne pas se reproduire, mais pour les faibles qui sont incapables de répondre à cet appel, le mariage est préférable à la débauche. L’encratisme, du grec ancien signifiant « continent », désigne un courant radical du christianisme s’inscrivant dans une tendance ascétique extrême qui traversait alors le christianisme et qui joua un rôle important dans son édification.
Les lois édictées par Théodose dès 382 à l’encontre de l’encratisme, le rendant punissable de mort, représente sans doute le moment-clé du basculement de la chrétienté vers le natalisme. Le premier concile de Braga, vers 562, combat les hérésies : «Si quelqu’un condamne le mariage humain et abhorre la procréation des enfants, comme Mani et Priscillien l’ont dit, qu’il soit anathème.»Tout empire a besoin de soldats et de femmes fertiles pour survivre : il relève donc du devoir civique de fabriquer en abondance de nouveaux citoyens. En outre, bénir la procréation permet d’accroître le nombre de fidèles, d’autant qu’un couple très chrétien fonde une famille nombreuse qui engendre autant de nouveaux croyants qui feront à leur tour grossir exponentiellement le cheptel des soldats du Christ.
Pour conclure avec Kierkegaard : « Si le monde, comme l’enseigne le christianisme, est un monde du péché, est dans le mal, alors le bon citoyen, le chrétiennement bon si j’ose dire, est celui qui ne propage pas notre espèce peccamineuse. »
Commentaire : Théophile s’appuie sur les Saintes écritures pour montrer que la religion n’est pas forcément un natalisme. En termes contemporains, le choix de la non fécondité n’a plus besoin de références historiques pour justifier son point de vue. L’espèce humaine est si nombreuse (8 milliards depuis 2022) et si pesante sur la planète par son mode de vie que l’avenir des générations futures est compromis de façon dramatique. Le choix de non procréer s’appuie alors sur des raisons écologiques très terre à terre sans avoir besoin d’un Sauveur tombé du ciel. C’est par exemple le mouvement des GINKs ( Green Inclination No Kid) qui ouvre la voie du salut.
NB : Théophile de Giraud est un activiste belge. Figure de l’antinatalisme et du mouvement childfree, il est l’un des créateurs de la Fête des Non-Parents. Une formule pourrait le résumer : « Si vous aimez les enfants, n’en faites jamais ». Auteur de L’art de guillotiner les procréateurs (manifeste anti-nataliste) en 2006, il a aussi contribué à l’ouvrage collectif Moins nombreux, plus heureux, l’Urgence écologique de repenser la démographie (2014), ainsi que Surpopulation… Mythe ou réalité ? (2022), deux livres coordonnés par Michel Sourrouille.
Théophile de Giraud, antinataliste engagé
Théophile de Giraud est un dénataliste enragé qui a publié en 2006 un livre malheureusement resté confidentiel, « L’art de guillotiner les procréateurs (manifeste anti-nataliste) ». Il a participé au livre collectif « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » dans le chapitre, « Pour un dénatalisme radical : Save the Planet, make no baby !”
https://biosphere.ouvaton.org/blog/theophile-de-giraud-antinataliste-engage/
– « Théophile de Giraud, qui est à l’anti-natalisme ce que Vincente Lombardi était au football américain poursuit son offensive avec un Aphorismaire à l’usage des futurs familicides. On se régale à la lecture de ses aphorismes cinglants [etc.] » (Corinne Maier)
– « Voici donc un ouvrage paradoxal où l’on découvre que l’anti-natalisme est un humanisme… » (L’art de guillotiner les procréateurs : Manifeste anti-nataliste – senscritique.com)
André Blavier, critique littéraire et poète belge, membre du Collège de ’Pataphysique et de l’Oulipo… a répertorié Théophile de Giraud dans la liste de ses Fous littéraires.
Bref, est-ce que ce monde est sérieux ?
– « Un courant antinataliste dont il est bien difficile d’évaluer la force, semble bien avoir parcouru les premiers siècles de l’Eglise, mais pour juger de son importance il conviendrait de tenir compte de toutes les traductions subies par les textes étudiés, du contexte historique dans lequel chaque texte a été écrit et de mettre chacun de ses écrits en rapport avec ceux qui apparemment les contredisent. Laissons cette tâche aux exégètes, historiens et spécialistes des questions religieuses. Pour ma part, j’ai toujours un peu eu le sentiment que parmi les premiers chrétiens, il y a eu des mouvements qu’on jugerait aujourd’hui extrémistes qui auraient proféré des thèses radicales et même parfois très apocalyptiques comme d’autres mouvements religieux ont pu le faire au cours des âges. »
( La Grande Supercherie Chretienne de Théophile De Giraud – critiqueslibres.com )
L’auteur est titulaire d’une Maîtrise d’histoire (Histoire médiévale).
– « NB : Théophile de Giraud est un activiste belge. Figure de l’antinatalisme et du mouvement childfree, il est l’un des créateurs de la Fête des Non-Parents [etc.] »
Je pense qu’il vaut mieux commencer par le présenter comme un drôle de farfelu.
C’est d’ailleurs comme ça qu’il veut être vu ( theophiledegiraud.e-monsite.com )
Voir aussi ce que Wikipedia raconte du personnage.
J’aime bien les farfelus. Sauf que comme pour tout, et n’importe quoi, il y a farfelu ET farfelu. Quant à ce bouquin, je n’ai pas eu encore le plaisir de lire. Mais si j’en crois les critiques, c’est un chef-d’œuvre. Là encore il y a chef-d’œuvre ET chef-d’œuvre. Je pense que celui là est à ranger à côté de La Vie sexuelle d’Emmanuel Kant. Le chef-d’œuvre du plus grand philosophe de tous les temps, Jean-Baptiste Botul.