LE MONDE soutient les écolosceptiques

LEMONDE.FR* fait de la publicité pour les écolosceptiques, c’est-à-dire les menteurs qui pratiquent la désinformation, l’amalgame et qui n’arrivent même plus à discerner où sont les véritable ennemis du peuple. Voici le texte en résumé et notre commentaire des différents témoignages.

– Les Français n’ont malheureusement plus les moyens de traduire en actes leurs convictions profondes. Les actes écolo-citoyens, peuvent-ils passer avant la nécessité de se déplacer pour aller travailler (de plus en plus loin), de se chauffer ?

biosphere : La France d’aujourd’hui est au plus haut sommet historique de sa richesse. Presque chaque foyer a au moins une voiture. C’est l’inégale répartition des richesses qu’il faut condamner, pas les actes écolo-citoyens.

A trop vouloir, sans répit, « bourrer » la tête des gens avec l’écologie, c’est l’inverse qui se produit : un rejet ! Entre les fanatiques de l’écologie et les profiteurs qui vous font payer au prix fort de soi-disant produits bio, les consommateurs font leurs comptes : trop cher, surtout en temps de crise !

biosphere : Les termes « fanatiques » et « profiteurs du bio » montre une tentative de dénigrement sans preuve. Pourquoi ne pas dire que c’est la publicité omniprésente qui bourre la tête des gens et que le profit est le moteur du système capitaliste libéral, alors que l’esprit coopératif est celui de l’écologie…

– Je crois le « changement climatique » nettement moins prononcé et anthropique qu’on nous le dit. Ce qui fait que l’urgence clamée à tous vents me paraît dangereuse. « L’écologie » d’aujourd’hui est un phénomène de bobos citadins qui ignorent bien souvent ce qu’est « la nature » !

biosphere : Le terme « je crois » est significatif d’une méconnaissance du travail des climatologues qui ne doutent plus du réchauffement climatique depuis des années déjà. L’écologie n’est pas le domaine réservé des bobos puisque tout le monde est concerné par les perturbations climatiques ou par notre éloignement programmée de la nature par l’urbanisation.

– L’empressement des gouvernants à multiplier les taxes « dites écologiques » est particulièrement suspect. Ces taxes seraient-elles plus « politiquement correctes » que d’autres ? Faudrait-il que les Occidentaux s’ajoutent encore des handicaps pour produire (comme la fameuse et unilatérale « taxe carbone ») alors que les Chinois auraient un permis illimité de polluer ?

biosphere : Pourquoi dire le contraire de la réalité ? les gouvernants français se refusent aux taxes écologiques, l’idée de taxe carbone a été abandonné par Sarko, et on aurait bien du mal à discerner une autre taxe écolo qui pénalise le peuple. Quant aux distorsions du commerce international, la solution serait des taxes aux frontières, ce que ne veut pas notre interlocuteur !

– Je ne crois pas au développement durable. Je ne crois pas à l’influence de l’homme sur son environnement. Il est hors de question pour moi de ne pas vivre comme je l’entends, avec les progrès technologiques que nous connaissons. Moi j’ai une autre option : gardons le même rythme de vie, mais diminuons le nombre de personnes sur la planète ! Après tout, le résultat sera le même, et nous vivrons tous sans nous restreindre !

biosphere : Ce témoignage, comme d’autres, mélange le domaine écologique et l’oxymore « développement durable », ce qui empêche la clarté de l’analyse. Passons sur l’égoïsme qui transparaît dans ce texte, analysons la solution malthusienne de maîtrise de la fécondité. Bien sûr que cette maîtrise est nécessaire, mais elle n’empêche nullement d’agir sur le niveau de vie des catégories favorisées qui dépensent plus que ce que la planète peut nous donner.

– Dans les 50 prochaines années, moi, je ne serai plus là. Le développement durable, c’est l’enjeu des plus jeunes qui vont devoir se débrouiller avec la situation qu’on leur laisse et je leur souhaite bonne chance. On verra si leurs portables et leurs Facebook les sauvent du cataclysme annoncé, ils feraient mieux de se mettre au travail !

biosphere : il est vrai que les générations futures n’ont pas la parole aujourd’hui. Mais si elles l’avaient, il est sût qu’elles briseraient leur portable sur la tête de cet interlocuteur. Car la situation qu’on va laisser à nos successeurs, plus de pétrole mais le réchauffement climatique, plus de poissons mais la surpopulation… est signe de méchanceté absolue envers nos descendants.

– Si le développement durable n’a plus le vent en poupe, c’est parce que les Français ont compris que les seules choses que veulent développer les écologistes, ce sont l’étatisme et la pression fiscale.

biosphere : les « écologistes » sont multiples, mais l’idée générale n’est pas celle de Mélenchon d’une planification écologique par l’Etat, mais au contraire une valorisation des communautés locales, cherchant par elles-mêmes la voie de leur salut.

– Je suis écolosceptique et contre le développement durable dans la mesure ou l’on privilégie l’approche individuelle et l’aspect « greenwashing » de la chose. Le coût du tri des ordure ménagères devrait être pris en charge à 100 % par les entreprises, comme dans d’autres pays, ce qui est loin d’être le cas en France.

biosphere : la situation en gestation est si dramatique (choc pétrolier, perte de biodiversité, stress hydriques…) que nous ne pouvons actuellement opposer action individuelle, action des entreprises et action de l’Etat. Tout doit être fait simultanément. Si les citoyens ne deviennent pas écolo-compatibles, ni les entreprises ni l’Etat ne bougeront et réciproquement.

* http://lemonde.fr/vous/article/2012/04/03/je-ne-crois-pas-au-developpement-durable_1679774_3238.html

remarque : La dixième Semaine du développement durable se tient du 1er au 7 avril alors que s’est installé en France un véritable « écolo-scepticisme ». Le phénomène est en progression. 45 % des 4 500 Français sondés en juin 2011 par l’Ipsos trouvent « qu’on en fait trop sur le réchauffement climatique ». Cette proportion d’ » écolo-sceptiques « , estime Ipsos, n’était que d’un tiers en 2008.

Cette statistique est vraiment inquiétante, elle prouve que les médias, y compris LE MONDE , n’ont pas fait leur travail de formation des citoyens.

4 réflexions sur “LE MONDE soutient les écolosceptiques”

  1. « c’est-à-dire les menteurs qui pratiquent la désinformation, l’amalgame et qui n’arrivent même plus à discerner où sont les véritable ennemis du peuple. »:

    Il n’y a pas si longtemps, vous ecriviez que l’existence d’une majorite permet de justifier une action, ce que je concois. Maintenant, vous ecrivez essentiellement que l’existence d’une majorite permet d’eliminer la minorite.

    >biosphere : il est vrai que […] si [les générations futures] avaient [la parole], il >est sût qu’elles briseraient leur portable sur la tête de cet interlocuteur.

    Vous etes vraiment vachement forts. Non seulement vous expliquez le passe et le present, mais en plus vous connaissez l’avenir. Je suppose que dans les elections vous devriez avoir pour vous les votes des « generations futures », puisque vous savez – surement – ce qu’elles feraient, pourquoi attendre?

    Je me demande combien de redacteurs contribuent a ce blog… Comment decidez-vous de ce qui va etre publie et par qui? A tour de role? Par consensus?

  2. un abonné du MONDE

    Quelques commentaires judicieux sur les témoignages d’écolosceptiques (lemonde.fr) :
    – J’ai lu ce texte avec tristesse. Il est particulièrement pernicieux puisqu’il donne la parole aux écolosceptiques, c’est-à-dire aux fabricants de doute, aux menteurs, à l’exagération alors que les crises écologiques qui s’amoncellent demandent la recherche de la vérité et la mobilisation de tous. De plus la confusion entretenue entre écologie et l’oxymore développement durable est détestable. LE MONDE est tombé bien bas
    – Ces « témoignages » sont sans intérêt. Il ne sont révélateurs que de l’égoïsme ambiant sur le thème « après moi, le déluge ». Un papier sur le greenwashing des entreprises serait nettement plus intéressants, d’autant plus que le greenwashing pousse à l’éco-lassitude ou à la déculpabilisation. Dommage que cet article prenne la place de papiers de fond.
    – Que d’ignorance, de mépris, d’égoïsme dans certaines réponses. Pourtant il ne faut pas être très savant pour comprendre que la dimension de notre planète est finie et aussi ses ressources. Il faut vraiment être mal informé pour ne pas savoir qu’on a atteint un niveau où l’on consomme et détruit plus que ce que le système peut régénérer. Quand les ressources manqueront vraiment, il y aura la guerre, pensez y.

  3. Il n’y a rien à attendre des médias et notamment Le Monde. Tous sont les laquais de la bourgeoisie qui siègent dans les hautes sphères de l’État et qui s’acharne à modeler notre pensée via la publicité et les autres organes de propagande capitaliste.

    Quant au développement durable voici ce que Serge Latouche et nous-même en pensons (le titre est de moi et cette citation est sur mon blogue Journal d’un écolo):

    Un concept oxymorique nuisible

    Finalement, on peut dire qu’en accolant l’adjectif durable au concept de développement, il est clair qu’il ne s’agit pas vraiment de remettre en question le développement réellement existant, celui qui domine la planète depuis deux siècles, tout au plus songe-t-on à lui adjoindre une composante écologique. Il est plus que douteux que cela suffise à résoudre les problèmes.
     
    Serge Latouche, in Que la crise s’aggrave! de François Partant, p. 200, 2002, éd. Parangon

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