Le mot « décroissance »  à l’honneur chaque mois

Le mensuel « La décroissance » nous fournit régulièrement matière à réflexion. Dans le numéro de mai, voici quelques variations sur le concept de « décroissance ».

Jean-François Rial : je ne crois plus à la solution de la décroissance ou de ne plus prendre l’avion. Ce n’est pas naturel, la grande majorité ne suivra pas. (page 3)

Reporterre : la richesse de la décroissance, c’est d’essayer d’articuler différents niveaux d’action : la simplicité volontaire, la mise en place d’alternatives, la construction de récits autour de futurs désirables et possibles, la résistance à l’ordre établi. (page 4)

un centralien : quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le systèmes que nous soutenons. Je doute et je m’écarte.

Bertrand Piccard : le dilemme aujourd’hui n’est pas entre croissance et décroissance quantitative, les deux sont impossibles car la décroissance va détruire l’économie et la croissance va détruire la planète. Il faut passer à la croissance qualitative, c’est-à-dire faire de l’argent et créer des emplois tout en remplaçant les vieux systèmes polluants par des systèmes propres. C’est le marché industriel du siècle !

Thomas Legrand : toute référence aux notions de limites et de racines renvoie immanquablement à quelques anti-modernes, adeptes d’une décroissance de types réactionnaire. (page 8)

Alain Gras : la décroissance, disent nos subtils adversaires, nous ramènerait à la bougie… mais la croissance, elle, nous fait revenir au charbon roi du XIXe siècle. (page10)

Aurélien Barrau : aujourd’hui les apôtres de la croissance sont considérés comme des gens sérieux tandis que les écologistes, ceux qui plaident pour la décroissance, sont volontiers taxé de doux dingues. Il faut que ce rapport s’inverse. Que le « sérieux » change de camp. (page 13)

Bernard Charbonneau (en 1980) : le problème d’une politique écologiste réaliste est celui d’un freinage progressif qui n’enverrait pas la mécanique en folie dans le décor. Aux plans de croissance, il faut opposer des plans de décroissance pour éviter qu’elle ne se produise de toute façon au hasard et en catastrophe. (page 14)

Eddy Fougier : parler de décroissance a été une erreur stratégique sur la forme, dans le sens où le mot a fait peur au grand public. (page 16)

Serge Latouche : « Décroissance » est un mot provocateur et un slogan. Derrière, il y a un projet proche d’« autonomie », défendu par Cornelius Castoriadis ou Ivan Illich. Mais ce mot « autonomie » n’a eu aucun impact dans le débat public, alors que celui de « décroissance » en a un immédiatement.

Sur ce blog biosphere, nous utilisons souvent l’expression « décroissance » car si nous ne contrôlons pas la descente énergétique qui s’amorce, il y aura un krach de la civilisation thermo-industrielle. Pour nous décroissance subie, catastrophe, effondrement ou apocalypse sont des mots similaires. Voici quelques-uns de nos articles sur cette problématique :

BIOSPHERE-INFO, Gouverner la décroissance ?

Quelle transition pour le mouvement de la décroissance ?

Leopold Kohr (1909-1994), précurseur de la décroissance

Folie des grandeurs à l’âge de la décroissance

Presque personne ne veut consentir à la décroissance

les précurseurs de la décroissance… sans Malthus

Le pape de la décroissance et la question démographique

Hauts et bas du mensuel « La Décroissance »

Déconsommation rime avec Décroissance et Écologie

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2 réflexions sur “Le mot « décroissance »  à l’honneur chaque mois”

  1. Ce n°159 de La Décroissance contient par ailleurs des dossiers passionnants sur l’avion, Danone, le charbon, Jean-Pierre Dupuy, Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel : « le paysan moderne » et simplicitaire, le dernier livre des éditions l’Échappée : Divertir pour dominer 2 sur le rôle des séries télévisées dans l’industrie du divertissement, la chronique de Jean-Luc Coudray, l’actualité de Bernard Charbonneau à l’occasion des prochaines élections Européennes, et un nombre considérable de références à Jacques Ellul. À lire sans modération !

  2. On peut la mettre à l’honneur chaque mois, et même tous les jours… force est de constater que la décroissance ne fait pas rêver. Le comble, c’est qu’on observe ça même chez ceux qui se disent écolos.
    On peut même dire que cette décroissance, celle que prônent les objecteurs de croissance et autres décroissants (celle de la joie de vivre, avec plus de liens et moins de biens etc.), fait plus peur qu’autre chose. Il serait peut-être temps que les peureux se demandent ce qu’ils redoutent le plus.

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