Le Nigeria, miné par la surpopulation

Les médias présentent la pauvreté comme causée par beaucoup de choses, mais jamais par une trop forte démographie. Rétablissons la réalité.

Au Nigeria, l’État a fait faillite, les gouvernements successifs n’ont plus les moyens de payer des fonctionnaires, l’armée n’arrive plus à venir à bout des groupes islamistes et des bandes armées. Le secteur informel explose, mais ne nourrit pas son monde. Les coupures de courant sont récurrentes et l’accès à l’électricité reste extrêmement coûteux. Dans les quartiers préservés, le vrombissement de quelques rares générateurs forme un bruit de fond permanent. Les zones périurbaines se transforment en bidonvilles, les égouts sont bouchés et des montagnes d’ordures s’étendent sur des centaines de mètres. Dans certains quartiers, les conflits communautaires tuent en silence, blancs contre arabes, arabes contre noirs, l’apparence des gens est source de conflits infinis. Sur les plaines fertiles du centre, des affrontements pour l’accès à la terre et à l’eau ont fait plusieurs milliers de morts entre agriculteurs et éleveurs en 2018.

à lire, La France en 2049 sera le Nigeria de 2019

Marie de Vergès  confirme : « Les autorités semblent avoir perdu le contrôle de la situation. L’« inhumanité de l’homme pour l’homme » serait devenue, selon l’écrivain Wole Soyinka « l’essence du Nigeria contemporain à tous les niveaux, que l’on parle des conséquences de la corruption, de la dégradation de la vie humaine, des enlèvements ». Il ne se passe plus guère de semaine sans qu’une attaque terroriste, un affrontement sanglant entre communautés ou un rapt vienne endeuiller cet immense pays, le plus peuplé d’Afrique. Dans les régions du nord, les gangs criminels pillent les villages et pratiquent des enlèvements contre rançons. La rente pétrolière n’a jamais bénéficié au plus grand nombre… Wole Soyinka dit ne plus jamais utiliser le mot « espoir » pour parler de son pays. »

Pourquoi ce constat glaçant ? La faute à la surpopulation ! Sur un territoire relativement étroit d’environ 920 000 km2, soit 1,7 fois la France et dix fois moins que les Etats-Unis, la pression démographique est extrême. Les chiffres donnent le vertige. Il y avait moins de 38 millions de Nigérians en 1950, le pays en comptait 190 millions en 2018. L’ONU en prévoit 410 millions d’ici à 2050, et presque le double en 2100. La densité est de 215 habitants au km/2 en 2018 (France 119), et 872 de prévisible en 2100 (France 135). Le taux de fécondité au Nigeria est de 5,53 enfants par femme (Banque mondiale, 2016) et 60 % de la population a moins de 25 ans. Résultat, depuis plusieurs années, l’économie progresse deux à trois fois moins vite que la démographie. Sur 20 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi, 2 ou 3 millions seulement trouvent du travail. La jeunesse, perçue comme un atout, n’apparaît plus que comme une bombe à retardement. Le Nigeria apparaît comme un exemple typique d’insouciance démographique.

Le malthusianisme, c’est-à-dire la maîtrise de la fécondité, aurait dû être depuis de nombreuses années un enseignement de base au niveau planétaire. Mais le concept de « surpopulation » reste un tabou médiatique en France et un non-dit dans les autres pays.

tableau comparatif

En millions d’habitants

1950

2025

2100

France

38

69

79

Nigeria

42

210

914

Pour aborder collectivement la question démographique, vous pouvez adhérer à l’association Démographie Responsable :

https://www.demographie-responsable.org/

 

12 réflexions sur “Le Nigeria, miné par la surpopulation”

  1. Salauds de pauvres !

    Le Nigeria est un pays de pauvres. Pas moins de 30 milliards de dollars pour le Top-Ten ! Le Nigéria est le royaume des inégalités. Parmi les dix hommes les plus riches du Nigéria en 2020 il n’y avait qu’une seule femme. Comme par hasard la plus pauvre. À quelques clopinettes près Folorunsho Alakija ne cumule qu’1,6 milliard de dollars, la pauvre. Alors que de son côté Aliko Dangote affiche dans les 17 milliards, à quelques dollars près. Au Nigéria ça craint, et encore plus avec le Covid. Alors après avoir bien participé à la ruine de leur pays, les riches se barrent sous des cieux plus cléments. Salauds de pauvres, va !
    ( courrierinternational.com 17/3/2021 : Passeports dorés. Au Nigeria, les riches prennent la poudre d’escampette )

    1. Didier BARTHES

      Vous pourrez toujours pendre les riches, ça ne permettra pas à une surface donnée de faire vivre autant de gens tout en respectant la faune et la flore, le nombre des hommes est une contrainte incontournable. Aujourd’hui le Nigéria héberge les 2/3 de la population des Etats-Unis pour le dixième de leur surface et les projections sont effrayantes.

      1. Les projections sont certes effrayantes, mais ce que raconte l’écrivain Wole Soyinka l’est bien plus : « Même pendant la guerre civile, je ne crois pas que nous ayons dévalorisé l’humanité autant que nous le faisons aujourd’hui. […] Cette « inhumanité de l’homme pour l’homme » serait devenue, selon ses termes, « l’essence du Nigeria contemporain à tous les niveaux, que l’on parle des conséquences de la corruption, de la dégradation de la vie humaine, des enlèvements ».
        Au moment de cette guerre civile le Nigéria comptait 56 millions d’habitants, aujourd’hui il en compte plus de 200 millions. Peut-on dire pour autant que ce qui se passe aujourd’hui dans ce pays c’est «la faute à la surpopulation» ?
        Certes ça n’arrange pas la situation, mais je maintiens que cette conclusion est simpliste.

  2. Réponse à Didier Barthès ( 16 OCTOBRE 2021 À 16:40 et 12:44)
    Non, la cause principale de la pauvreté au Nigéria c’est la guerre. Ainsi que les inégalités sociales entretenues par le pouvoir en place et la complicité du reste du monde. Réglons déjà ça et on parlera du reste après. D’autant plus que je trouve indécent de pointer ici le problème de la démographie du Nigéria alors que ce pays vit les pires difficultés. Nul besoin d’en rajouter avec nos «perspectives effrayantes».

    1. 1) Pourquoi la guerre ?
      – « Au Nigeria, sous les conflits « ethniques », une crise environnementale sans précédent » (theconversation.com 23 avril 2018)
      – « Pris entre tenaille entre les forces de sécurité et les djihadistes, les civils sont les premières et nombreuses victimes des deux parties du conflit.» (Le MONDE 22 avril 2020 : Boko Haram au Nigeria : qui tue qui ? Le décompte macabre d’une guerre sale)

    2. 2) Pourquoi de telles inégalités et injustices ? Pourquoi un tel laxisme ? Quelles sont les richesses du Nigéria? etc. etc. Enlevons nos oeillères et posons-nous les bonnes questions !
      – « La richesse cumulée des cinq plus grandes fortunes du pays – 29,9 milliards de dollars [soit plus de 26 milliards d’euros] – pourrait mettre fin à la pauvreté à l’échelle nationale ; or 5 millions de personnes souffrent de la famine », rappelle l’ONG [Oxfam].
      […] Comme si cette situation n’était pas assez difficile, des bidonvilles sont aujourd’hui menacés de destruction. « Le gouvernement nous a abandonnés, il veut se débarrasser de nous pour donner toujours plus de place aux riches […] L’Etat de Lagos réalise son rêve : faire de cette cité une ville-monde en exterminant tous ceux qui n’ont pas les moyens d’en faire partie », déplore M. Akinrolabu. »»
      ( Nigeria : à Lagos, « c’est un crime d’être pauvre ! »
      Le MONDE 12 février 2019 )

  3. Didier BARTHES

    On ne pourra pas sortir le Nigeria de la pauvreté sans agir sur la surpopulation, le taux de fécondité y est supérieur à 5 enfants par femme c’est à dire que la population fait plus que doubler à chaque génération donc se trouve multipliée par 4 en 50 ans et par 8 en 75 ans, c’est évidemment une folie. Les prévisions pour la fin du siècle donnent 700 millions d’habitants sur un territoire qui ne fait même pas deux fois celui de la France. Comment peut-on contourner cet obstacle, ne pas voir qu’il interdit tout avenir ?
    Pour info aussi, les ressources du Nigeria reposent largement sur le pétrole. Quid quand il n’y en aura plus ?

  4. Autre exemple, le pays le plus pauvre d’Europe, la Moldavie.
    – « La Moldavie consomme environ 4 millions de tonnes d’équivalent pétrole d’énergie chaque année, ce qui équivaut à la consommation annuelle du Luxembourg […] Les paysages moldaves ressemblent à ceux de la région française de Bourgogne » (Wikipedia).
    La Moldavie n’a donc, là non plus, rien un désert. En tous cas géographiquement.
    2,6 millions d’habitants au 1er janvier 2020, densité 79 hab/km2, taux de fécondité 1,5 enfant par femme, sa population est en déclin depuis le début des années 1990 et ce déclin s’accélère.
    En quelques clics chacun peut avoir un aperçu de la pauvreté en Moldavie. Notamment celle des enfants, qui bien souvent doivent se débrouiller seuls, parce que leurs parents travaillent… à l’étranger.
    Salauds de pauvres, va ! Misère misère !

    1. Pourquoi la pauvreté ? (Biosphère 15/10/2021)
      – « L’ONG Manos Unidas énumère diverses causes qui ont conduit à la pauvreté actuelle, y compris le colonialisme, guerres et l’esclavage. Beaucoup de ces causes constituent l’histoire de la pauvreté, bien que d’autres continuent de se produire au 21e siècle. D’autres facteurs importants sont :
      – Indifférence des pays développés face aux problèmes des pays les plus pauvres.
      – Utilisation de main-d’œuvre bon marché dans les pays les plus défavorisés par les grandes multinationales.
      – Échange inégal entre les pays.  »
      ( versiontravel : La pauvreté dans le monde: définition, causes et types )

      Mais on dira que cette ONG (Version Travel) a tout faux, qu’elle est dans le Tabou et patati et patata. Je crois juste que c’est un peu plus compliqué que ça.

  5. Parti d'en rire

    – Pourquoi la pauvreté ?
    – La Surpopulation, vous dis-je ! La preuve… le Brésil, le Bangladesh, le Nigeria …
    – Et n’oublions pas Monaco !

    1. Esprit critique

      On essaierait de nous faire croire que la pauvreté c’est seulement «la faute à la surpopulation», que c’est même une Loi de la Nature, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
      Seulement il suffit d’un seul exemple pour invalider n’importe quelle théorie.
      Monaco, le Vatican… disons que ça ne compte pas. Plus intéressant, le Soudan du Sud, par exemple. 10,5 millions d’habitants sur 619.745 km2 soit une densité de 17 habitants au km2. Plutôt bien arrosé et n’ayant rien d’un désert, ce pays d’Afrique est le plus pauvre du monde. Ce qui le mine, c’est la guerre. Et là encore, la guerre c’est pas seulement «la faute à la surpopulation».

      1. Didier BARTHES

        Personne n’a jamais dit que c’était la seule cause, on a dit qu’au Nigéria c’étaient la cause principale. l’et que les perspectives étaient effrayantes.

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