L’intégration de la protection de l’environnement dans la Constitution était programmée. Le président Emmanuel Macron était monté au créneau. « Ce dont je suis le garant et ça, je peux vous le dire très clairement : il n’y aura pas d’abandon », avant d’ajouter : « Ce texte va vivre sa vie parlementaire qui seule permet d’aller au référendum si les sénateurs et les députés s’accordent. Le désastre était lui aussi programmé. Un référendum pour modification de la constitution ne peut être organisé qu’en cas de vote en termes identiques par les deux chambres.
Les députés le 16 mars 2021 : la France « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique ».
Les sénateurs le 10 mai 2021 changent deux mots : la France « préserve l’environnement ainsi que la diversité biologique et agit contre le dérèglement climatique, dans les conditions prévues par la charte de l’environnement de 2004 »
Il revient donc à l’Assemblée nationale d’examiner à nouveau le projet de loi : « Si les choses restent en l’état, il ne pourra pas y avoir de référendum », a reconnu sur Radio J le président (LRM) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. Les députés ont adopté, mardi 22 juin, en deuxième lecture, le projet de loi qui doit permettre d’inscrire dans la loi fondamentale la préservation de l’environnement. Une nouvelle formulation a cette fois-ci été retenue. Lors de l’examen du texte en commission le 15 juin, les députés de la majorité La République en marche (LRM), MoDem et Agir ont fait adopter un amendement selon lequel la Constitution « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et agit contre le dérèglement climatique ». On abandonne « lutte » et on adopte le mot « agir » pour faire plaisir aux sénateurs. Au Sénat, la droite majoritaire ne risque pas de se laisser convaincre par la nouvelle proposition de la majorité présidentielle. « L’Assemblée remet le terme “garantir” et va supprimer la référence à la charte de l’environnement de 2004, à ce stade ce n’est pas acceptable pour nous », confirme le président de la commission des lois au Sénat. Prochaine étape du débat, le Sénat doit se prononcer en hémicycle sur la version remaniée des députés. La partie de ping-pong engagée entre les deux chambres se termine par le fiasco, on ne vote pas pour faire avance la lutte écologique, nos « grands » élus se prononcent pour des raisons politiciennes, pour ou contre le gouvernement.
On joue sur les mots le 5 juillet 2021. La version approuvée par l’Assemblée proposait d’inscrire que la République « garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et agit contre le dérèglement climatique ». Mais le Sénat a de son côté proposé d’écrire que la République « agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre le dérèglement climatique, dans les conditions prévues par la Charte de l’environnement de 2004 ».
Le 6 juillet 2021 le gouvernement annonce vouloir mettre “un terme au processus de révision constitutionnelle” suite au désaccord sur le libellé du texte. Nos procédures dites démocratiques sont trop complexes pour faire face à l’urgence écologique. A l’heure où le monde se dirige vers un réchauffement global de +3°C, soit bien au-delà de l’objectif de 1,5°C prévu par l’Accord de Paris, qu’une ville au Canada (Lytton) a fini en cendres et a été rayée de la carte après avoir connu une chaleur record de 49,5°C, et que des chaleurs semblables sont annoncées en Europe, un tel manque de volonté politique est incompréhensible. L’exécutif et les sénateurs ne semblent toujours pas saisir l’ampleur de la crise écologique et climatique qui se déroule sous nos yeux.
Nous allons au désastre environnemental et nous l’aurons bien cherché. « Make aur planet great again », foutaises.
Malheureusement c’est un grand classique qui ne date pas de hier, les grandes décisions en matière d’écologie sont presque toujours retoquées ou détournées. Taxes carbone, écotaxe, interdiction de produits phytosanitaires, limitation des véhicules les plus polluants en ville, éoliennes….
On peut en accuser les gouvernements et les politiques, mais en réalité ce sont les principaux concernés par ces mesures qui résistent.
La météo des mois écoulés est un avant-goût de l’état futur de notre planète, et c’est l’héritage que l’ancien monde libéral a préparé pour les générations futures. Le dérèglement climatique est le corollaire de ce dogme qui consiste fondamentalement à mettre le profit privé et l’intérêt personnel au-dessus du vivant et de l’habilité de notre planète, bref au détriment de la branche sur laquelle l’humanité est assise.
Il y a urgence pour éviter une catastrophe planétaire qui sera d’abord sociale, puis mortelle pour la biodiversité, donc pour l’être humain. Décidément LREM reste englué dans l’ancien monde. Ne parlons pas non plus de l’obsolescence des sénateurs.
C’est un point de vue que je partage. MAIS on pourrait dire aussi que la catastrophe planétaire est déjà en cours, que la 6ème extinction a déjà commencé etc. D’autres en profiteront pour dire que cette Cata est la conséquence non pas de ce dogme libéral, mais du (sur)nombre. Qui en fait est lui-aussi la conséquence de ce même dogme. Bref, il n’y a pas que LREM qui reste englué, nous le sommes tous.
C’est incroyable qu’il faille l’avis des deux chambres pour consulter le peuple, c’est ça le problème. Notre démocratie est confisqué.
Oui et non. L’exemple du Brexit et des votations en Suisse montrent qu’en matière institutionnelle ou écologique le résultat d’un référendum n’est jamais couru d’avance.
Le « peuple » ne voterait pas pour un changement jugé « punitif » de la Constitution, les points de vue affectifs et politiciens dénaturent la rationalité du vote des citoyens.
Mais tout de même ! En quoi un référendum pour modifier de la sorte la Constitution aurait-il pu inverser la tendance ? Tout ça reste du cirque, du grand Barnum, du cinéma, en attendant. Tout ça ne sert qu’à nous amuser, nous abuser, nous diviser. Et bien sûr à occuper les députés, les sénateurs et autres conservateurs.
Quant à la démocratie, qui nous serait confisquée… laissez moi rire. Ah ah ah ah !!!