l’écologie sans base électorale

Que ce soit clair, la base électorale de l’écologie est à l’heure actuelle proche de zéro. Même si le rassemblement écolo marque quelques points électoraux, ce n’est pas pour l’écologie, c’est parce que des personnalités connues et virulentes sont affichées sur les programmes. Les électeurs ont besoin de marquer leur mécontentement, le Front national ne joue plus ce rôle, le Parti socialiste n’a plus aucune visibilité, le parti anticapitaliste se veut minoritaire, alors on vote « écolo ». Comme indiqué dans LeMonde du 22 octobre, le vote Verts n’est pas un vote de conviction, mais d’influence. L’électorat ne valide en rien un changement de civilisation par son vote. Car ce n’est pas Cohn-Bendit, le réchauffement climatique, le syndrome du Titanic ou vu du ciel qui vont entraîner une modification du mode de vie à l’occidentale. En effet, le confort moderne apparaît aux yeux des gens comme un acquis irréversible. Un jeune des banlieues déshéritées dispose en France de moyens de confort que n’avait pas le roi Louis XIV, notamment l’eau chaude au robinet, les WC et le chauffage.

Cette révolution du confort est le premier moteur de la pression sur la nature entraînée par nos gestes quotidiens. Le vote écolo devrait être une remise en question de ce mode de vie. Or l’univers psychique actuel de l’électeur n’admet par principe aucune limitation. Il y a une addiction complète à la voiture, à la télé, à l’ordinateur, au portable, à l’électricité, etc. Le message écolo ne fait que préparer au changement de paradigme, il faudra une menace extérieure pour mettre en place le bouleversement nécessaire de nos habitudes. Cette menace n’est pas le réchauffement climatique, trop lent, trop invisible, trop global. Le choc qui entraînera la crise ultime sera causé par le prochain choc pétrolier, celui qui sera structurel. Bien sûr le baril n’est qu’à 80 dollars en ce moment, mais un baril bientôt à 300 dollars est une certitude.

Aucun parti ne nous prépare vraiment à l’après-pétrole, d’abord parce qu’il y la « pression du confort ».

8 réflexions sur “l’écologie sans base électorale”

  1. Du fait que la théorie soit partagée par 95% des scientifiques, reconnaître le réchauffement climatique oblige « malheureusement » à rester dans l’ombre, par contre la contester peut éventuellement amener une petite notoriété…
    Rendez-vous dans quelques décennies pour votre mea culpa, si la crise écologique ne nous a pas éliminés d’ici là.

  2. Du fait que la théorie soit partagée par 95% des scientifiques, reconnaître le réchauffement climatique oblige « malheureusement » à rester dans l’ombre, par contre la contester peut éventuellement amener une petite notoriété…
    Rendez-vous dans quelques décennies pour votre mea culpa, si la crise écologique ne nous a pas éliminés d’ici là.

  3. La simplicité volontaire est une bien meilleure situation que la pénurie obligée. Mais malheureusement l’analyse de Bertrand Méheust me paraît convaincante :

    « Je suis convaincu qu’une catastrophe est en gestation, mais je ne partage pas la conviction que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour la prévenir et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la catastrophe, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage.

    En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Le marché, en s’efforçant par tous les moyens de poursuivre sa course, mettra l’humanité en péril. Il possède encore de nombreux espaces, de nombreux interstices et il pourra continuer de se déployer. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, et plus on aura déployé d’ingéniosité pour le prolonger, plus les effets différés seront dévastateurs. Il n’y aura pas de planète de rechange. Ou encore, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers ».
    (La politique de l’oxymore, 2009)

  4. La simplicité volontaire est une bien meilleure situation que la pénurie obligée. Mais malheureusement l’analyse de Bertrand Méheust me paraît convaincante :

    « Je suis convaincu qu’une catastrophe est en gestation, mais je ne partage pas la conviction que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour la prévenir et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la catastrophe, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage.

    En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Le marché, en s’efforçant par tous les moyens de poursuivre sa course, mettra l’humanité en péril. Il possède encore de nombreux espaces, de nombreux interstices et il pourra continuer de se déployer. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, et plus on aura déployé d’ingéniosité pour le prolonger, plus les effets différés seront dévastateurs. Il n’y aura pas de planète de rechange. Ou encore, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers ».
    (La politique de l’oxymore, 2009)

  5. Pour une fois je suis presque entièrement d’accord avec votre article. Je partage tout à fait ce qui est dit dans le premier paragraphe. La suite, c’est plus mélangé et ce serait un peu long à démêler.

    Ma question « qui tue » : pourquoi voulez-vous donc absolument convaincre les gens de renoncer à leur bien-être au nom de votre petit amour égoïste de la nature (enfin, ce que vous appelez la nature) ?

  6. Pour une fois je suis presque entièrement d’accord avec votre article. Je partage tout à fait ce qui est dit dans le premier paragraphe. La suite, c’est plus mélangé et ce serait un peu long à démêler.

    Ma question « qui tue » : pourquoi voulez-vous donc absolument convaincre les gens de renoncer à leur bien-être au nom de votre petit amour égoïste de la nature (enfin, ce que vous appelez la nature) ?

Les commentaires sont fermés.