Sept ans après les grandes mobilisations contre le mariage pour tous, les opposants ont défilé le dimanche 6 octobre contre la procréation médicalement assistée (PMA). La motivation, résumées par le slogan « Contre la PMA sans père et la GPA [gestation pour autrui] », sont identiques à celles de La Manif pour tous : défendre la famille traditionnelle. Mais l’issue du débat parlementaire sur la loi « bioéthique » ne fait plus de doute, le mariage pour tous est entré dans les mœurs avec une rapidité fulgurante : le peuple est habitué à accepter l’inacceptable du moment que le matraquage médiatique va dans le sens de l’appareil techno-industriel. Le premier ministre [Edouard Philippe] disait encore en 2013 : “Jamais la PMA, car elle conduira à la GPA.” Il soutient aujourd’hui la PMA pour les femmes, lesbiennes ou seules. Rare sont les articles contre la PMA, le mensuel LA DÉCROISSANCE, « 1er journal d’écologie politique », fait exception. Ainsi cet appel pour l’abolition de toute reproduction artificielle de l’humain (par Pièces et main d’œuvre et resistenze al nanomondo)* :
« Le droit au désir d’enfants d’individus frappés de stérilité accidentelle (hétérosexuels) ou réfractaires à tout rapport sexuel avec des membres de l’autre sexe ne peut l’emporter sur le droit de l’immense majorité des humains, ni sur le droit de l’espèce elle-même, à se perpétuer comme ils le font depuis des millions d’années et comme l’ont fait les mammifères avant nous. Nous exigeons que soit qualifié de crimes contre l’espèce toute reproduction artificielle de l’humain, toute sélection et modification génétique de l’humain. Nous exigeons l’arrêt de toute prise en charge de production infantile par la sécurité sociale et la fermeture de toutes les banques de gamètes. L’argent de la sécurité sociale doit aider les vrais malades des milieux populaires, et non pas satisfaire les désirs narcissiques de stériles volontaires ou involontaires. » Dans un autre article du même journal, « la liberté c’est la dépendance »** :
« Le donné biologique peut être plié à notre volonté. Grâce à l’industrie, l’être humain sera le maître de lui-même, se construisant et se déconstruisant à volonté : procréation (PMA, utérus artificiel, changement de sexe), cyborg (organes mécanique ou électronique augmentant le corps), chimères génétiques. Comment les anciennes idées de liberté pourraient-elles perdurer lorsqu’elles sont confondes avec la dépendance à l’égard de l’appareil industriel ? » Pour en savoir plus sur la position du journal « LA DÉCROISSANCE » :
Décroissance, ne pas nier la différence des sexes (LA DÉCROISSANCE, décembre 2017)
La Décroissance, c’est simplement le sens des limites (LA DÉCROISSANCE, novembre 2014)
Quelles limites à la procréation médicalement assistée ? (LA DÉCROISSANCE, avril 2014)
Le « mariage pour tous », produit de la croissance libérale (Vincent Cheynet, rédacteur en chef de la LA DÉCROISSANCE )
* LA DECROISSANCE d’octobre 2019, « Contre l’eugénisme et l’anthropocide » p. 3 et 4 (extraits)
** LA DECROISSANCE d’octobre 2019, « Pourquoi tant de haine ? p. 11 (extrait)
Communiqué de presse « Pièces et main d’œuvre »
Ce mois d’octobre 2019 verra donc l’enregistrement légal par le parlement français d’un coup de force élargissant à toutes les femmes, fertiles ou stériles, seules ou en couple, l’accès à la fécondation in labo, prise en charge par une équipe médicale et par la sécurité sociale. Nous qui ne sommes ni croyants, ni catholiques, ni de droite, mais de simples chimpanzés du futur, libres penseurs, anti-sexistes, écologistes radicaux, etc. exposons les raisons de notre opposition à toute reproduction et modification artificielles de l’humain.
Et pour que ce soit clair, nous le faisons avec des femmes, des féministes et des lesbiennes. Celles du Feminist International Network of Resistance to Reproductive and Genetic Engineering, par exemple, qui, dès les années 1980, combattait les « technologies déshumanisantes ».
Avec la fécondation hors corps et le tripatouillage de gamètes dans une boîte de Petri, la reproduction biologique devient une production artificielle, dont le vivant est la matière première. Depuis les années 1970, les médecins ont de leur propre chef appliqué ces procédés aux femmes stériles puis aux fertiles. Ils trient les gamètes, sélectionnent les embryons. Déjà, ils modifient les génomes à l’aide des « ciseaux génétiques » CRISPR-Cas 9. En clair, ils élaborent des hommes « augmentés » (transhumains, posthumains, etc.), ayant bénéficié de leurs traitements ; et donc des sous-hommes, des « chimpanzés du futur », ceux dont les parents auront refusé ces traitements ou n’y auront pas eu accès. Retour de l’« hygiène de la race » et de l’eugénisme décomplexé. Les médecins repoussent toujours plus les limites de leurs prouesses afin de contraindre l’Etat à ratifier leurs transgressions, en attendant que la quatrième ou cinquième révision de la loi bio-élastique n’étende également l’accès à la reproduction artificielle aux couples d’hommes et aux hommes seuls.
Nous protestons, en tant qu’humains ordinaires, dotés depuis nos origines de facultés de reproductions naturelles, contre l’instauration de ces procédures artificielles (technico-marchandes). Nous protestons contre notre stérilisation technologique et sociale au profit de l’espèce supérieure des inhumains génétiquement modifiés. Nous sommes nos corps, nous voici donc en état de légitime défense. Le contrat techno-social est un marché de dupe. Croyant s’affranchir, l’homme-machine s’asservit. Croyant dominer, il obéit. Quand on utilise les moyens technologiques, on donne le pouvoir aux technocrates. Quand on utilise les moyens biotechnologiques, on donne le pouvoir aux biocrates. Quand on se repose de soi et de tout sur la Mère-Machine, on donne le pouvoir à la Mère-Machine.
Pour lire le texte intégral sur papier, demander la Pièce détachée n°89 : envoyer un chèque de 5 euros à l’ordre de Service compris :
Service Compris – BP 27 – 38172 Seyssinet-Pariset cedex
Ecouter : http://www.dissonances.ovh/pieces-et-main-doeuvre-contre-la-tyrannie-technologique/
source: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1191
On peut en effet penser que la mouvance décroissante est proche des mouvances préconisant un minimum de rapprochement avec les règles de la nature, et manifestement les extensions toujours plus vastes du domaine d’application de la PMA notamment aux couples qui par nature ne peuvent se reproduire peuvent au contraire nous en éloigner.
Donc d’une certaine façon je répondrais plutôt Oui à la question. En tout cas, il y a un lien.