Les écologistes institutionnels (EELV) présentent le tourisme de cette façon dans une motion thématique :
« L’explosion du transport aérien depuis le premier vol « charter » en 1954, la baisse considérable des prix de vente des billets corrélée au développement du modèle « low cost » ont favorisé la croissance d’une forme de tourisme dite « de masse ». Ce modèle, basé sur des séjours de courte durée déconnectés de toute notion de distance, mettant les destinations en concurrence et contribuant à une surconsommation intenable de transports carbonés, qu’ils soient par avion ou par paquebot, est destructeur pour la planète et les populations d’accueil. L’industrie du voyage et les voyageurs doivent se désintoxiquer de ces modes de transport. »
Parfait, parfait. Malheureusement le texte se poursuit ainsi :
« Rejet a priori du transport aérien et du tourisme de masse sont deux approches réductrices qui évacuent la responsabilité sociale de l’ensemble de la filière dans un secteur fortement précarisé… Le tourisme durable ne peut pas se caricaturer en un « tourisme sans avion »… La réflexion ne peut pas plus se résumer en une critique du tourisme de masse, on risque de privilégier l’accueil de touristes à fort pouvoir d’achat…, etc. »
D’où une motion qui ménage la chèvre et le chou et contient pourtant des moments savoureux à déguster sans modération :
« Exiger l’affichage de l’empreinte carbone des offres touristiques… Réfléchir sur l’instauration de quotas d’émissions de carbone par personne sur une vie… Supprimer les aides publiques aux projets d’infrastructures de loisirs inutiles et dangereux pour la planète… Favoriser un tourisme privilégiant la lenteur… Développer les réseaux de circulations douces (véloroutes en particulier)… Promouvoir le tourisme intra-régional… Ne laisser là où nous passons que l’empreinte de nos pas. »
Rappelons notre point de vue d’écologiste sur ce blog biosphere. Le tourisme de masse est en soi destructeur, dire qu’on ne peut pas le condamner au nom du social et de l’emploi est fantaisiste. L’explosion touristique dans beaucoup d’endroits de la planète a entraîné des dégâts considérables en termes d’urbanisme, de pression sur la ressource en eau, de rapports sociaux proches de l’esclavage, de dépendance des emplois envers l’afflux de touristes. On a vécu, à l’époque de la pandémie et de la limitation des déplacements, les lamentation des destinations touristiques : les opérateurs criaient famine, mais c’était un temps écolo. Aujourd’hui en 2023 les touristes sont malheureusement revenus en nombre, mais ils ont été souvent accablés par la canicule et cernés par les flammes des incendies. On ne pourra pas longtemps vivre comme si on n’avait pas mis la planète au pillage…
Du point de vue écologique, il n’est pas judicieux de vouloir relancer le tourisme, ni même d’encadrer son industrialisation. Il est absolument nécessaire de supprimer un passe-temps créée au XIXe siècle pour les privilégiés qui faisaient leur tour d’Europe. Le » droit au voyage » pour loisirs n’existe pas, c’est une revendication à consommer du voyage sans autre fin qu’un dépaysement temporaire et destructeur.
Le slogan publicitaire « plus vite, plus loin, plus souvent et toujours moins cher » doit être remplacé par son inverse.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere
(sur)tourisme, une activité sans fondement
Un voyageur, ça va, des touristes, ça casse
Ski : le consumérisme touristique, c’est fini (2023)
Pour des vacances sans touristes (2022)
Un impossible tourisme « durable » (2021)
Tourisme de masse et écologie, incompatibles (2020)
Post-covid, le tourisme de masse à la peine (2020)
Le Canard enchaîné, tout contre le tourisme (2019)
Beaucoup trop de touristes de trop (2019)
– « Rejet a priori du transport aérien et du tourisme de masse sont deux approches réductrices qui évacuent la responsabilité sociale de l’ensemble de la filière [etc.] » (EELV)
A priori … je ne vois rien avec lequel je pourrais être en désaccord dans ces quelques phrases d’EELV. La première partie est sans équivoque. Quant à la suite, elle m’amène bien sûr à me poser quelques questions. Malheureusement… le problème… c’est que je n’ai pas lu l’intégralité de cette motion thématique. Mais seulement ce que Biosphère en retient et veut bien nous en dire :
– « Parfait, parfait. Malheureusement le texte se poursuit ainsi : [etc. etc.] »
A priori … je ne vois rien avec lequel je pourrais être en désaccord avec ce que raconte Biosphère, ainsi qu’avec son fameux «point de vue des écologistes» ( à suivre)
Malheureusement… le problème… c’est que je connais sa façon d’interpréter les propos, de n’en retenir que ce qui l’arrange, son esprit binaire qui exige qu’ON se prononce POUR ou CONTRE sur tout et n’importe quoi etc.
Autant dire que je connais sa radicalité et son dogmatisme, sa « profondeur» quoi. 🙂
Par contre je ne connais pas les raisons pour lesquelles EELV ménage la chèvre et le chou (sic Biosphère). Serait-ce par souci de crédibilité ? Par refus de sombrer dans la radicalité ?
À commencer par le refus des approches réductrices ? Dans ce cas je respecte.
Quant à ces moments savoureux à déguster sans modération (re-sic Biosphère), ils n’ont rien à envier à ceux que Biosphère nous offre tous les jours. Juste une question de goût !
Michel C. : « je ne connais pas les raisons pour lesquelles EELV ménage la chèvre et le chou »
En fait les invités à ce débat sur le tourisme pendant les journées d’été des Verts étaient des délégués de différentes officines liées au tourisme…. La salle était furibarde de la tournure qu’avait pris cette pseudo-présentation du tourisme, qui ne pouvait être que bien puisque on disait qu’il était propre et durable… mais on a laissé un temps de parole très très court pour les « spectateurs » !
En fait, d’après ce que j’ai pu comprendre, c’est que c’est surtout le gros bordel qui aura marqué ces journées d’été au Havre. Si le but était d’en rajouter à la Confusion, c’est réussi. Seulement je doute que ce soit bon pour l’écologie.