Les humains, prédateurs suprêmes, cancer de la Terre

Les humains sont le cancer de la Terre. Le quotidien LE MONDE* a un vocabulaire plus feutré : « L’homme est une espèce prédatrice sous-estimée ». C’est en effet l’espèce qui a le plus d’influence sur le fonctionnement des milieux naturels. A première vue, la découverte n’en est pas une. Les biologistes s’intéressent à la fois au sommet de la chaîne alimentaire (les grands prédateurs) et à la base de la pyramide, la quantité de végétaux disponibles. L’ensemble forme ce qu’on appelle « l’équilibre prédateur-proie ». Le modèle Lotka-Volterra montre une évolution cyclique. Mais l’homme influence aussi bien le mécanisme descendant que ascendant. Dans une région au sud de l’Alberta, qui présente une densité de population à peu près équivalente à celle des campagnes françaises, des chercheurs canadiens ont remarqué une double influence humaine. D’une part, la production de fourrage liée à l’agriculture et à l’élevage augmente les ressources alimentaires des herbivores. D’autre part, en journée, la simple présence de l’homme écarte les prédateurs.  Résultat : Le nombre d’herbivores augmente et les espèces sauvages sont stressées.

En France, Florent Mouillot, a établi que les paramètres humains sont dix fois plus influents que ceux liés au climat pour expliquer le déclenchement des incendies. Ce n’est pas seulement  les fumeurs ou les pyromanes qui sont malveillants, mais la densité humaine, trop importante, joue un rôle prépondérant. Au nombre d’hommes s’ajoute des moyens techniques démesurés de détérioration des chaînes alimentaires, fusils de chasse ou filets de pêche, artificialisation des sols, gaz à effet de serre d’origine anthropique, etc. Le résultat, c’est que tous les cycles vitaux sont détériorés. Oui, l’espèce humaine est une espèce prédatrice redoutable, oui l’homme est l’animal dominant, oui l’image de l’homme comme cancer de la Terre est une bonne métaphore. Mais seulement une métaphore !

* LE MONDE | 20.05.2013, L’homme, une espèce prédatrice sous-estimée

15 réflexions sur “Les humains, prédateurs suprêmes, cancer de la Terre”

  1. Le probleme n’est pas tant dans l’opinion de base « humain = cancer », meme si je ne la partage pas, que dans le fait que quand on fait face a une maladie, on tente de la ‘soigner’. Dans ce cas, je suis assez inquiet de ce que vous incitiez a soigner de la meme maniere que l’on fait face a un cancer: en l’enlevant.

  2. L’homme est le cancer de la terre et sa prolifération est le cancer de l’humanité.
    La meilleure façon d’être humaniste, de prendre soin de nous-mêmes, de nos enfants c’est de préserver une planète capable de nous nourrir, de nous abriter, de nous laisser vivre parmi la diversité végétale, animale, parmi la beauté du monde. Préserver notre dignité humaine, c’est cela.Ce n’est pas faire comme si le problème n’était que social, politique ou économique. Le malheur de l’homme du XXIème siècle, c’est sa croissance démographique sans frein.

  3. « L’homme est le cancer de la terre. »
    Emil Michel Cioran
    Extrait du « De l’inconvénient d’être né »

    🙂

    1. La phrase entière de Cioran est assez parlante : « Des arbres massacrés. Des maisons surgissent. Des gueules, des gueules, des gueules partout. L’homme s’étend. L’homme est le cancer de la terre ».

  4. Merci pour cet article et également à Didier Barthès qui a parfaitement résumé mes propres pensées sur le sujet.

  5. Michel CLAIRE

    Tout le monde s’accorde sur le constat de l’homo sapiens PS (prédateur suprême). Rester là à regarder la tumeur s’agrandir, comme le font tant de reportages et de documentaires actuellement, c’est aussi participer au suicide collectif. Il y a donc urgence à mettre en oeuvre très rapidement la deuxième marche en prenant les mesures politiques qui s’imposent et en passant, par un virage à 180 degrés, d’une politique nataliste à une politique résolument anti nataliste. Les deux mesures urgentissimes à prendre sont la suppression des allocations familiales et la suppression des compléments de retraite pour avoir élevé des enfants. Il faut casser au plus vite l' »impôt braguette » comme disent si joliment nos compatriotes des départements d’outre-mer !

  6. Dire aujourd’hui que l’Homme est le cancer de la Terre ne revient pas selon moi à faire preuve d’anti-humanisme, au contraire. L’Homme est un cancer au sens où il prolifère au détriment de toutes les autres cellules et où cette prolifération menace l’ensemble de l’équilibre écologique de la planète. Ce constat me semble imparable, aussi désagréable que soit le mot cancer.
    Mais on peut définir l’humanisme autrement qu’à travers une valorisation permanente de notre espèce par elle-même. On peut le définir comme un respect envers l’ensemble du vivant et vers l’ensemble de l’avenir. En ce sens, comprendre qu’aujourd’hui notre prolifération a, dans sa nature comme dans ses conséquences, un caractère cancéreux constitue la première marche peut-être nécessaire vers un humanisme mieux conçu qui engloberait la tendresse pour le monde et qui mettrait sa préservation au premier rang des préoccupations. La guérison n’a probablement pas d’autre voie. Comme cela pourrait être le cas pour un individu, l’excès d’égo dont fait preuve notre espèce finit par poser problème.

  7. Correctif :
    l’ excès d’ humains est un cancer (selon la définition malthusienne de l’ excès)!
    Le cancer se caractérise par la prolifération de metastases .
    Et pourtant je ne suis guère anthropophile .
    Le commentaire de « apis mellifera » est des plus judicieux .

  8. Apis Mellifera

    à Biosphère,
    Vos constats sont souvent justes à mon sens mais avec cette idée que l’homme est le cancer de la terre je crois que vous n’amenez rien de bon dans le débat.
    – On ne fera rien politiquement avec une image dégradée de nous-mêmes. Un être ou une société qui se vit comme un « problème » ne construira jamais rien de valable.
    – Vous ne rallierez jamais personne à votre cause en culpabilisant et en proposant de s’identifier à du négatif. Il faut susciter du désir plutôt que du repentir.
    – L’homme n’est ni bon ni mauvais mais ambivalent (P. Viveret). Il est capable du pire comme du meilleur. On peut cultiver la violence et la destruction comme on peut cultiver la paix et la protection. C’est à nous de créer collectivement les conditions pour favoriser un type de culture égalitaire et soutenable.
    – La nature humaine n’existe pas car l’humain est en devenir. L’homme est inachevé et nous pouvons grandir en humanité.
    – Ce n’est pas l’homme en général qui est un problème mais le type d’organisation sociale insoutenable particulier que certaines groupes humains mettent en place, la captation organisée de richesses et de savoir, le mal-être qui la sous-tend et l’enfermement idéologique.
    – Certains thérapeutes et certains médecins considèrent les maladies (et notamment le cancer) comme pouvant être le résultat d’un conflit intérieur, et une invitation à la guérison.
    – Nous avons aujourd’hui toutes les solutions « techniques » à portée de la main pour nous intégrer dans le milieu physique qui nous nourrit en le préservant (permaculture, agroécologie, etc.). Pour cela il faut peut-être changer le regard que nous portons sur la nature, faire avec plutôt que contre-elle.
    – On peut être à la fois écologiste radical et humaniste.

  9. Al Gore, dans son livre Urgence planète Terre (2007)
    « Nous les humains, exercerions une action pathogène, comme si nous étions une sorte de virus qui irriterait la planète, lui donnerait la fièvre, et menacerait ses fonctions vitales. Les écologistes radicaux assigneraient à notre espèce le rôle d’un cancer généralisé, dont nos villes seraient les métastases et qui, pour nourrir sa propre expansion, priverait le globe des ressources qui lui sont nécessaires pour rester en bonne santé. Le problème de cette métaphore, c’est qu’elle n’indique qu’un seul traitement possible : l’élimination des hommes de la surface de la Terre. »

  10. Yves Paccalet dans son livre L’humanité disparaîtra, bon débarras ! (2006)
    « L’homme est un organisme vivant. Comme tous ses homologues, il se reproduit et il consomme. Il a besoin de respirer, de manger… Ce faisant, parce qu’il engloutit beaucoup plus d’énergie et de biens matériels que les espèces sauvages, et parce qu’il prolifère, il détruit à grande vitesse la seule maison dont il dispose : la Terre. (L’humanité disparaîtra, bon débarras ! éditions Arthaud p.19 » « Lorsque, dans un végétal ou un animal, une population cellulaire augmente de façon aberrante, elle déstabilise l’édifice. Elle accapare l’oxygène, l’eau et la nourriture. Les cellules conquérantes ont besoin de celles qui les entourent pour vivre, mais elles les asphyxient, les assoiffent et les affament, tous en les intoxiquant avec leurs déchets. A terme, les envahisseuses ruinent l’édifice dont elles sont une pièce. Elles se suicident. Pour le médecin, une population excessive de cellules prend le nom de « tumeur ». Si le processus de multiplication s’emballe, la tumeur devient maligne : on a affaire à un cancer. Une seule bête colonise en masse la planète entière : l’homme bien sûr ! Nous ne sommes ni le fleuron, ni l’orgueil, ni l’âme pensante de la planète : nous en incarnons la tumeur maligne. L’homme est le cancer de la Terre. Le cancer est une métaphore. Il en existe bien d’autres… p.49 à 5

  11. L’état de la planète, rapport de l’Institut Worldwatch (1999)
    « Exactement comme un cancer qui étend ses métastases et finit par détruire les systèmes vitaux sur lesquels il repose, une économie en expansion continue détruit de plus en plus rapidement l’hôte qui le nourrit, l’écosystème terrestre. La croissance pour la croissance, c’est l’idéologie de la cellule cancéreuse. »

  12. L’état de la planète, rapport de l’Institut Worldwatch (1999)
    « Exactement comme un cancer qui étend ses métastases et finit par détruire les systèmes vitaux sur lesquels il repose, une économie en expansion continue détruit de plus en plus rapidement l’hôte qui le nourrit, l’écosystème terrestre. La croissance pour la croissance, c’est l’idéologie de la cellule cancéreuse. »

  13. Paul Ehrlich, la Bombe « P »(1971)
    « Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais sauver le malade. »

  14. Paul Ehrlich, la Bombe « P »(1971)
    « Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais sauver le malade. »

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