les JO ? Plutôt courir pieds nus !

Ce 8.08.2008, inauguration des JO, rien à signaler sauf cette avalanche de 8. Je sais en effet que c’est une perte de temps que de s’intéresser de près ou de loin à cet événement. Je préfère aller faire des tours à pied ou en vélo plutôt que de prêter attention à cette farce médiatico-financière. Pourtant LeMonde du 8.08.2008 consacre un cahier spécial « Pékin2008 » pour cette entreprise de décervelage dont nous ne serons débarrassés que le 24 août. Pourquoi décervelage ? Parce que les JO nous assènent à la fois un panégyrique de l’ethnocentrisme et une ode au commerce.

Tout système du sport-spectacle exige l’identification : toute équipe sportive qui représente un village, une ville ou un pays reproduit un combat politique où il y a un vainqueur et un vaincu, un bon et un mauvais. Le sport-spectacle confirme la vision traditionnelle de l’altérité, il y a eux, il y a nous, et c’est mon groupe d’appartenance qui de toute façon est préférable. Les jeux Olympique participent de la même dynamique, ils sont donc le cache-sexe du politique. Les premiers jeux olympiques ont eu lieu en 1896 à Athènes. C’est ainsi que commencèrent deux semaines d’un délire nationaliste où 180 grecs vont rivaliser avec 131 concurrents venus de 12 nations des 5 continents : le public réserve toute sa ferveur à ses champions nationaux sans le moindre égard pour ceux des autres pays. La présence toujours plus forte des JO dans les représentations collectives induit sa récupération croissante : les JO de 1936 à Berlin par le nazisme, mais aussi les pays de l’Est qui utilisent la compétition sportive pour essayer de démontrer la supériorité de leur système social grâce à leur succès sur les stades. Les pays occidentaux répondent à ce challenge, le sport devient un instrument politique de domination. Sans doute le sport a-t-il une mission unificatrice puisqu’il remplace l’usage des armes par une confrontation pacifique permettant le concert des nations, sans doute il ritualise la violence et protège les groupes humains contre des combats plus meurtriers. Mais chaque télévision nationale choisira encore aujourd’hui de diffuser en priorité les épreuves dans lesquelles ses ressortissants ont des chances de médaille ; tout se passe comme si chacune des nations assistait à des jeux différents, il y a là comme une trahison de l’esprit même de la compétition qui suppose le respect de l’adversaire et l’attention portée aux efforts de l’autre.

Les JO favorisent le sentiment d’appartenance à une communauté particulière et ce sentiment est dorénavant valorisé pour des considérations financières. Les jeux olympiques ont été privés de ressources financières jusqu’en 1972 parce que le Président du CIO de l’époque était un farouche défenseur de l’amateurisme et pensait que les jeux pouvaient se passer de la télévision. Maintenant, le CIO est devenu richissime grâce à la vente des droits de retransmission et au sponsoring d’épreuves désormais ouvertement professionnelles. Sous le prétexte du sport comme expression des peuples, les jeux Olympiques sont aujourd’hui le cache-sexe du système marchand : sur le stade comme ailleurs, la lutte entre Etats se transforme en lutte entre firmes. La compétition devient alors moins importante que le regard que les téléspectateurs portent sur elle : l’Audimat prime de plus en plus sur les chronomètres. Les jeux de stade sont devenus une vitrine planétaire où les fabricants valorisent leur image et les Jeux semblent condamnés à ne plus être qu’un long show fluo entre les cérémonies d’ouverture et de clôture.

 En 1996 aux JO d’Atlanta, les athlètes comoriens, dont la Fédération n’avait pas les moyens de leur offrir les dernières chaussures de sprint qui équipaient leurs adversaires, ont couru pieds nus pour protester contre la « course à l’armement ». La course à pied peut-être, mais pieds nus et entre amis puisque le sport n’est ni une performance nationaliste, ni le spectacle de sa marchandisation.

3 réflexions sur “les JO ? Plutôt courir pieds nus !”

  1. la nudité devrait nous séduire pour sa simplicité.
    Par contre les photos n’ont jamais remplacé l’original.
    Admirons des paysages non frelatés
    par le sport-spectacle
    et autres fadaises.
    Buvons de l’eau,
    pas du coca cola…

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