Les rites funéraires deviennent écolos

Pratiqués depuis près de 350 000 ans, les rites funéraires sont un élément des sociétés humaines. Pour autant, la relation au corps sans vie varie en fonction des cultures ; aujourd’hui la préoccupation écologique devient prégnante. Par exemple l’Oregon a légalisé le compost humain, une option post-morte qui gagne en popularité aux États-Unis (13 juin 2021)

Lire sur notre blog, Inhumation, incinération ou humusation ?

Sarah Boucault : le plus écologique, c’est l’inhumation en pleine terre, c’est-à-dire sans caveau ni pierre tombale ni soins par un thanatopracteur. Cela consiste à injecter du formol pour retarder le processus de décomposition. On eut opter pour le biosac, un sachet composé de charbon actif et d’argile naturelle, posé sur le ventre afin d’éviter les mauvaise odeurs provenant de l’abdomen, la partie du corps la plus nécrophage. L’humusation n’est autorisée nulle part en France. Ce processus de compostage consiste à envelopper le corps de broyat. En trois mois, les micro-organismes se nourrissent de ses chairs et, en un an environ, les os se décomposent, nourrissant le sol de phosphore. Le procédé « Recompose » est légal dans certains États américains. On utilise un sac hermétique, des champignons et de la pression extérieure pour réduire le corps en compost. En France, le cercueil est obligatoire ; le linceul serait pourtant le plus écolo. Le carton n’est utilisé que pour le crématorium. On ne peut être enterré que sur son lieu de résidence, son lieu de décès ou dans une concession déjà payée ou abritant l’un de ses parents décédés. (WE demain n° 35 – septembre 2021)

Marie Chabbert : Mais pourquoi les humains accordent-ils tant d’importance aux corps sans vie ? De manière très pragmatique, s’occuper du corps sans vie d’un individu répond avant tout à un risque sanitaire. En outre, en inscrivant la mort dans une narration religieuse, les rites funéraires lui ôtent son caractère absolu et définitif, ce qui offre aux hommes un réconfort existentiel ; la mort ne marque pas la fin de la vie, mais bien le début d’une nouvelle dans l’au-delà ou au travers de sa réincarnation. Cependant, avec l’affaissement du poids des religions en Occident, ces rites se retrouvent progressivement vidés de leur caractère liturgique. Le développement des thèses écologistes ont d’ailleurs déjà amené leur lot d’innovations mortuaires. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la crémation et l’enterrement ont une forte empreinte écologique : chaque année, en France, près de 100 000 stères de bois sont utilisées pour la construction de cercueils. Quant à la crémation, elle nécessite de grandes quantités de carburant – environ 110 litres par crémation, soit 240 kilos de dioxyde de carbone relâchés dans l’atmosphère. Afin de rester « verts » jusque dans la mort, un nombre croissant d’individus optent donc désormais pour des cercueils biodégradables. La crémation est progressivement concurrencée par l’aquamation, un procédé de dissolution des corps par hydrolyse alcaline qui émet environ un tiers de moins de gaz à effet de serre que la crémation classique. Chez les Parsis et les bouddhistes tibétains, seule l’inhumation céleste, le don du cadavre aux vautours, constitue une sépulture acceptable ; la mort permet à la vie de prospérer.

MD : Marie Chabbert a oublié une pratique qui devrait se développer avec la religion verte, il s’agit du compostage des corps qui ne produit pas de CO2, et qui permet à chacun de revivre en une carotte ou un navet.

Argent vu du ciel : Dans la tradition musulmane de l’inhumation, il n’y a pas de cercueil. Le corps doit être en contact avec la terre. Il est juste enveloppé d’un linceul blanc.

Laurent Schachmann psy : La différence entre le corps vivant et le corps mort, c’est que le premier est parcouru d’ondes électriques. Pour le reste, il ne s’agit que d’amas de molécules…

5 réflexions sur “Les rites funéraires deviennent écolos”

  1. Tout est lié et tout se recoupe. Hier nous parlions de la science économique, sommée de se réinventer. À 21:11 je faisais le copié-collé d’un passage qui, de mon point de vue, devrait nous éclairer. Je recommence :
    – « Mais, à ce stade de notre analyse, une question majeure doit être mise en exergue :
    les économistes (quel que soit le courant auquel ils se rattachent) ne sont-ils pas prisonniers d’un principe : la marchandise. »
    Sophie Boutillier (docteur en sciences économiques et en sociologie) pose là une question.
    Disons plutôt un semblant de question. Les économistes (tous ?) sont en effet prisonniers de ce principe… ou de ce dogme, de cette doxa… bref de cette idée selon laquelle tout et n’importe quoi peut (doit ?) être pensé en terme de marchandise. ( à suivre )

    1. – « Une marchandise existe parce qu’elle est évaluée en termes monétaires. Les forêts, les océans, les plages, les montagnes… toutes les richesses de la nature peuvent être converties en prix. L’intérêt témoigné par les touristes pour les parcs naturels, pour les vacances dans un environnement sain et serein, tout ceci a largement contribué à faciliter cette évolution, parce que la protection de la nature est devenue une marchandise. » ( Les économistes et l’écologie, enseignements historiques
      Par Sophie Boutillier – Dans Innovations 2003/2 – cairn.info )

      C’est donc ici que je fais le lien avec notre sujet du jour.
      L’intérêt… témoigné par l’éco-con-sot-mateur pour tout ce qui est vert… est devenu une marchandise. Pourquoi les rites funéraires feraient-il exception ?

      1. Cet intérêt crée donc une demande… qui entraine une offre… parce que je le veau bien. À moins que ce ne soit le contraire, «L’offre crée sa propre demande» (Say). Là encore une de ces lois de la religion économique orthodoxe.
        Mais après tout peu importe qui de la Poule ou de l’Œuf, puisque de toute façon Business as usual !
        Conclusion : La mode est au vert, pour tout et n’importe quoi !
        Et pour le meilleur comme pour le pire ! Misère misère !

        – « Mais pourquoi les humains accordent-ils tant d’importance aux corps sans vie ? De manière très pragmatique, s’occuper du corps sans vie d’un individu répond avant tout à un risque sanitaire. En outre, [etc.] » (Marie Chabbert)

        Imaginons ce que ça donnerait si la dimension religieuse disparaissait.
        En période de disette… pourquoi les humains accorderaient-ils tant d’importance aux corps sans vie ? De manière très pragmatique… pourquoi ne pas les bouffer ?

      2. – « chaque année, en France, près de 100 000 stères de bois sont utilisées pour la construction de cercueils. Quant à la crémation, elle nécessite de grandes quantités de carburant – environ 110 litres par crémation […] » (Marie Chabbert)

        Je trouve ces deux arguments déplacés. Chaque année, en France, combien de stères de bois sont brûlés dans les poêles et les cheminées ? Combien dans les incendies, combien sont utilisés pour la construction de caisses et de palettes à usage unique ? Et combien de litres de carburant sont brûlés par les voitures (voire les avions) de tous ceux qui se rendent aux obsèques du défunt écolo ? Quel est le bilan carbone des funérailles d’Elizabeth II ?

        1. Michel C. : « Je trouve ces deux arguments déplacés. »
          Michel, comparaison n’est pas raison. Tout comportement qui brûle des carburant fossiles contribue au réchauffement climatique, que ce soit les déplacement familiaux lors de la naissance d’un nouveau-né ou les moyens utilisés pour notre passage à la décomposition des corps. L’essentiel est de prendre conscience qu’il faut éviter au maximum toute émission de CO2 non nécessaire…
          La pandémie a d’ailleurs montré que pour un enterrement, on pouvait être le moins nombreux possible ! Et le recyclage des corps, la nature sait faire sans qu’on ait besoin d’intervenir !!!

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