Des chercheurs considèrent le libéralisme comme une forme de pensée théologique. Le marché y fait figure de dieu digne de foi et tout puissant, avec ses prophètes et ses commandements. Mais c’est un Dieu qui a déclenché le réchauffement climatique, l’extinction de la biodiversité et l’usage des armes.
Stéphane Foucart : Derrière le jargon de l’économie libérale, on retrouve une mythologie des origines, des récits de déchéance et même une doctrine du péché et de la rédemption. Avec, au pinacle de cette « nouvelle théologie », la figure du marché, son mystère et la révérence qu’il inspire. Le lieu de la rencontre entre l’offre et la demande, ce mécanisme théorique qui détermine les prix et la distribution des richesses devient une entité transcendante. Le dieu Marché prétend nous offrir le salut.Le cours de la bourse est consulté chaque jour et les journaux s’emplissent de débats ésotériques sur les déterminants de la croissance.
Le renversement historique est cocasse. Car la naissance de l’idée moderne du marché, au XVIIIe siècle en Europe, est précisément le fruit du refus d’un ordre social fondé sur la loi divine. Trois siècles plus tard, l’Église prend sa revanche et le pape François accuse le marché d’avoir remis en cause l’habitabilité de la planète. C’est le fonctionnement même des marchés qui est la cause majeure de la dérive climatique et de la détérioration de l’environnement. La crise écologique fracture la vision idéalisée d’un marché omniscient et autorégulateur.Paradoxalement, Or nos dirigeants comptent répondre aux destructions provoquées par l’extension des marchés et le déferlement technique par encore plus de marché et de technique.
le point de vue des écologistes écolos
La place de la nature dans la pensée économique depuis Adam Smith (1776) a toujours été négligeable. Si la question du renouvellement des ressources naturelles est au cœur des interrogations de Malthus, les classiques et les néo-classiques ont exclu la nature du champ économique. La question de l’épuisement des ressources ne se pose pas à l’époque. La pollution industrielle apparaît pendant la seconde moitié du XIXe siècle (combustion du charbon…) sans que l’on s’en préoccupe. Le problème majeur est de produire, le reste importe peu.
Karl Marx était dans la même lignée. On devrait s’apercevoir aujourd’hui qu’une durabilité forte nécessite que le patrimoine naturel reste constant (il est absolument complémentaire de l’activité humaine d’une génération à l’autre). Cette conception écolo repose sur la forte complémentarité entre les trois types de capital (technique, humain et naturel). Mais c’est le dieu croissance qui est actuellement toujours adulé.
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Libéralisme, marxisme et écologisme
extraits : Il n’y a pas dans l’analyse de Marx l’idée que le capitalisme va dépérir parce qu’il exploite de façon outrancière les ressources de la nature. La cause principale de disparition du capitalisme reste pour lui la baisse tendancielle du taux de profit. Le développement de l’industrie est en partie « déterminée par la nécessité de diriger socialement une force naturelle, de s’en servir, de se l’approprier en grand par des œuvres d’art, en un mot de la dompter ». Ce qui le préoccupe, ce ne sont pas les ressources de la nature, puisqu’elles sont supposées faciles d’accès et gratuites. Ce qui importe, ce sont les ressources transformées par le travail des ouvriers et le capital des entrepreneurs. Pour Marx, la nature en tant que telle ne produit pas de richesses….
social-écologisme contre social-libéralisme
extraits : L’enjeu écologique nécessite une vision du long terme qui est complètement ignorée par les mécanismes de marché. L’enjeu écologique nécessite une forte intervention de l’Etat et sans doute une planification écologique. L’enjeu écologique nécessite la participation de tous aux efforts nécessaire après débat démocratique. Le fondement idéologique des socialistes, basé sur le rôle de l’Etat, la solidarité collective et un projet de société sans classes, nous prépare mieux que la droite à affronter les différentes crises écologiques et sociales qui émergent aujourd’hui. Contre le social-libéralisme, le social-écologisme pourrait nous ouvrir un avenir durable, plus égalitaire, plus sobre, plus convivial….
non au libéralisme (texte de 2008)
extraits : Le libéralisme économique est fondamentalement pervers, il propose la liberté, mais c’est la seule liberté des riches et des patrons d’entreprise. Ce « libéralisme » repose sur trois postulats qui reposent sur du vide. Le premier réside dans la primauté de l’individu, tous les phénomènes collectifs peuvent être compris grâce à l’étude des décisions individuelles. Ensuite il y a la rationalité individuelle, en poursuivant son propre intérêt, l’individu veut accroître le plus possible sa satisfaction personnelle. Enfin le marché, grâce à la concurrence, est le moyen le plus efficace pour coordonner entre elles les actions des différentes rationalités. Cette idéologie a régné pendant plus de deux siècles, elle a entraîné la plus dangereuse libération des forces productives que la planète ait jamais connue. Mais cette pensée limitée a complètement oublié le substrat qui lui permettait de se développer, les ressources de la planète, la stabilité dynamique de la nature….
Toutefois je dois dire que j’ai eu beaucoup de professeurs d’économie dans ma vie et que la quasi totalité était marxiste et très critique sur le marché et sur le capitalisme. Donc tous les économistes ne considèrent pas le marché comme un Dieu.
Notons aussi que la prise en compte des ressources de la nature n’entrait pas en ligne de compte et que comme les économistes « capitalistes » ils admettaient que la seule valeur des biens naturels était liée à la quantité de travail direct ou indirect nécessaire à les extraire.
Et heureusement, qu’ils ne sont pas TOUS aussi cons les économistes !
Même chez les économistes « gauchistes » il y a de tout, comme partout.
Mais moins que chez les économistes « capitalistes », ça c’est sûr.
En attendant, je garderais toujours un très bon souvenir de Bernard Maris.
– Bernard Maris et l’écologie : la nature, le travail, la monnaie, la valeur et la richesse (blogs.alternatives-economiques.fr/harribey/2015/05/20)
La place de la nature dans la pensée économique n’existe pas car l’économie traite seulement du sujet de l’échange des biens. Fantasmer sur une idéologie économique comme le capitalisme est bien une tentative de polariser politiquement le débat.
Le capitalisme a été inventé pour faire valoir le communisme.
Le capital est juste une extension de la volonté de chacun, vouloir plus de richesse pour faire ce que l’on veut et si possible écraser les autres et leur prendre leurs richesses. Rien de moins humain dans ce procédé.
La nature au pire peut être considéré comme une richesse mais sans aucun respect de ce qu’elle est.
Oui l’argent pourri tout y compris l’esprit humain et humaniste. Il faut que les gens soient blindés à mort pour qu’ils fassent des œuvres de charité et encore , c’est peut être par calcul , de peur de se faire voler ou pire.
– « Le capitalisme a été inventé pour faire valoir le communisme. »
ON en apprend tous les jours !
– « Le capital est juste une extension de la volonté de chacun, vouloir plus de richesse pour faire ce que l’on veut et si possible écraser les autres […] Rien de moins humain dans ce procédé. »
La rengaine des libéraux. Drôle d’idée selon laquelle le Capitalisme serait finalement le système le mieux adapté à la … Nature Humaine. La «nature humaine»… ce fameux concept qui a fait couler beaucoup d’encre, et dont ON ne SAIT finalement pas grand chose. Mais en tous cas bien pratique quand il s’agit de botter en touche :
– « C’est dans la Nature Humaine ! »
Autrement dit amen. Ou ainsi soit-il ! TINA ! Et puis circulez il n’y a rien à voir !
La «nature humaine»… qui veut qu’il nous en faut toujours plus… qui fait qu’ON ne peut pas dire «assez»… et que c’est même inscrit dans nos gènes et patati et patata !
Dans nos gènes… si ce n’est dans notre striatum !
Tiens justement … l’auteur du fumeux Bug Humain (2019) est à l’honneur dans le journal La Décroissance mars 2024 : L’écotartuffe du mois = Sébastien Bohler !
– Pourquoi détruit-on la planète ? Les dangers des explications pseudo-neuroscientifiques (Tribune au MONDE 07 juillet 2022)
– Notre striatum ne dit rien de nos besoins (Biosphère 17 juin 2022)
– Thierry Ripoll et Sébastien Bohler (suite) (Biosphère 17 juin 2022)
Des chercheurs considèrent le libéralisme comme une forme de pensée théologique »
« Le problème majeur est de produire, le reste importe peu. »
» Le lieu de la rencontre entre l’offre et la demande, ce mécanisme théorique qui détermine les prix et la distribution des richesses devient une entité transcendante. »
–>> C’est un peu plus compliqué que ça ! Ce n’est pas de la foi, c’est un égrégore ! Autrement dit un système de pensée et système économique que tout le monde est contraint de partagé, autrement dit même si ce système ne nous plait pas on est obligé de vivre avec ! C’est trop compliqué d’abandonner ce système car il est lié à bien d’autres mécaniques, notamment sociales, et c’est impossible de stopper le libéralisme et le marché du jour au lendemain sans que la dimension sociale s’effondre.
Or les gens ne savent plus vivre sans ce système. Par exemple comme finance-t-on les mininas sociaux (Allocations, Rsa, Chômage…) les remboursements de soins (Sécurité sociale) et les retraites si vous tuez le libéralisme et le marché ?
En effet, toutes nos dépenses sociales sont financées par L’État, mais pour financer tout ça l’État a besoin d’impôts et de taxes. Or pour collecter suffisant d’impôts et taxes pour financer les aides sociales, l’État a besoin de croissance et de productivisme. Le dilemme c’est que fermer des usines et l’État se retrouve avec plus de chômeurs à aider socialement ! D’autant que ces salariés au chômage n’ont aucune compétence pour vivre autrement. En effet tous les métiers agricoles non fossiles et tous les métiers d’artisans non fossiles ont disparu, les gens ne savent plus rien faire de leurs mains !
Les gens ne savent pas vivre dans un monde sans énergies (électricité, gaz, pétrole, etc) les robots les ont remplacés depuis longtemps. Tout ce que savent faire les gens c’est acheter leurs objets et leurs aliments dans un supermarché, ils sont devenus des pousse-caddies ! Bref il y a juste à savoir attraper les boîtes dans les rayons. Actuellement les gens ne savent même pas produire par eux-mêmes 1% des produits qu’ils trouvent en supermarché ! Les gens ne savent plus bricoler ils occupent des métiers vautrés sur un fauteuil derrière un téléphone, le tertiaire, alors comment pourraient ils être capables de fabriquer leurs maisons par eux-mêmes ? Tout ce que savent faire leurs mains c’est de frotter une tablette de leur téléphone portable !
– « –>> C’est un peu plus compliqué que ça ! [et blablabla] »
Oh que non c’est pas compliqué ! Et je peux vous l’expliquer en 2 mots :
BGA = TINA (There is no alternative)
On est tellement devenu dépendant de ce système « social-libéral » (selon les propres termes dont se revendiquent les socialistes !) qu’il est impossible de fermer toutes les industries sans se retrouver avec des révolutions sanguinaires partout dans le monde ! Fermez les usines et les bouches en trop s’entretuent par milliards du jour au lendemain ! Remarque ça peut être un moyen efficace de régler le problème de surpopulation…
BGA80, je suis moins pessimiste sur le libéralisme, le pouvoir de l’argent a toujours été contrebalancé par le pouvoir politique et hélas le pouvoir militaire.
Le libéralisme peut être limité par un État fort quand celui-ci n’est pas corrompu comme avec… le méchant macrelle. 😅
– « je suis étonné que vous employiez le terme « croire » pour une question scientifique.
Je pense que l’effet de la combustion sur le réchauffement de l’atmosphère ne peut être une question de croyance. Il faut savoir et je peux prouver que le CO2 produit par la combustion n’a aucun effet sur le réchauffement [….] » ( Dixit, ici, il y a 2 jours )
Celui-là, donc, ne CROIT pas… ce que les experts (du GIEC) nous disent.
Mieux, il SAIT… que tout ça ne sont que des foutaises. Et il peut même nous le… prouver !
Pour revenir au sujet du jour (tout est lié) :
– « On ne peut pas ne pas vouloir être rationnel. Le problème, c’est que, avant d’agir rationnellement, il faut former une croyance »
Jon Elster, philosophe norvégien, est l’auteur du Traité critique de l’homme économique
( tome 1 : Le Désintéressement, 2009 ; tome 2 : L’Irrationalité, 2010 )
Selon lui Dieu serait le premier « chef d’entreprise » . ( à suivre )
Lire son entretien* avec le journal Philosophie Magazine, publié le 17 juillet 2012 :
– Jon Elster. «Les économistes ont tendance à croire le marché aussi omniscient que Dieu !»
Notez qu’il ne les accuse que d’une tendance… 😉
* repris par Philonomist :
– Jon Elster : “Beaucoup croient que le marché est aussi omniscient que Dieu”
Le MONDE a consacré plusieurs articles à Jon Elster.
Esprit critique, je vois que je vous ai fait réfléchir au concept inhérent au savoir, l’esprit critique. Cela montre que vous appliquez votre précepte. Mais bien d’autres concepts sont à suivre pour le savoir, et le premier est de comprendre les phénomènes parfois complexes. Aussi, veuillez bien croire pour une fois que je ne fais jamais le professeur excepté avec les enfants.
Pour le RC , le doute est à adopter d’emblée car son origine est politique depuis 1990.
Pour ce qui est de savoir ou pas la vérité, j’ai fait le tour de la question même si certains sujets restent mystérieux physiquement mais vous n’êtes pas obliger de me croire.
J’essaie de donner quelques pistes à creuser de temps en temps. Tout le monde peut le faire avec internet.
Des écrits sérieux commencent à paraître. Par exemple, un ancien du giec , François Gervais « impasses climatiques » ou Gilles Ramstein, cea « voyage à travers les climats de la Terre ».
Cordialement
Des écrits sérieux… François Gervais !!?? Et pourquoi pas Vincent Courtillot ?
Ou Claude Allègre. Ou mieux… Luc Ferrire (Ferry)
– Les contre-vérités du dernier pamphlet climatosceptique (Le Monde 28 octobre 2013)
– Le climatoscepticisme n’est pas mort (Reporterre 28 novembre 2019)
Mais bon, ce n’est pas le sujet du jour. Et Jon Elster… le trouvez-vous sérieux ?
Vous a-t-il fait au moins réfléchir ? 🙂
Ah le Libéralisme ! Et l’un n’allant pas sans l’autre… ah le Capitalisme !
Avé le sacro-saint Marché, libre et non faussé ! Régi par la fumeuse Main invisible, qui branle aussi gentiment l’Offre que la Demande, pour des siècles et des siècles amen.
Évidemment d’accord avec cette article de Stéphane Foucart, que certains droitards qualifieront d’affreux gauchiste. 🙂
Petit regret… ce point d’interrogation dans le titre de son article. Mais bon, je comprends qu’un point d’exclamation aurait été perçu comme un blasphème. Le point d’interrogation est beaucoup plus politiquement correct, il ne fait qu’exprimer un doute. Et comme ON sait, même les curés peuvent parfois douter. Sauf bien sûr les Fous de Dieu.
De toute façon Stéphane Foucart se planque derrière ces « chercheurs (qui) considèrent le libéralisme comme une forme de pensée théologique ». L’Inquisition ne peut donc pas le con damner au bûcher. Malin le Steph non ?
– « Si la question du renouvellement des ressources naturelles est au cœur des interrogations de Malthus […] » (les écologistes … écolos)
C’est plutôt des ressources AGRICOLES, qu’il faudrait dire. Le charbon, le fer, l’or etc. Malthus ne se souciait pas plus de la finitude de ces ressources, et de l’environnement, que s’en souciaient les autres Pères du Capitalisme, dit moderne (Smith, Ricardo & Co). Pour leur défense… c’est vrai que la question de l’épuisement des ressources ne se posait pas à l’époque. Quant à Marx, je l’ai déjà défendu sur “Libéralisme, marxisme et écologisme“ les 13-14 juin 2021.
Seulement (là encore) tout ça ne nous avance à pas grand chose. D’un côté ceux qui soutiennent que le Libéralisme (Capitalisme) est absolument incompatible avec la sauvegarde de l’environnement (écologisme)… et de l’autre ceux qui soutiennent exactement le contraire.
Une guerre de religions quoi.