L’Inde au bord du chaos démographique

L’ Inde vient de dépasser la Chine, elle est devenue le pays le plus peuplé de la planète avec 1,4 milliard d’habitants. L’écologiste et présidentiable René Dumont (1904-2001), observateur inlassable des réalités de terrain, n’avait cessé de constater que « la fécondité galopante ne fournit pas de main d’œuvre mais un surplus de bidonvilles. »

Carole Dietrerich : En Inde certaines familles consacrent de 1 700 euros à 3 300 euros par an, une fortune à l’échelle indienne, pour envoyer leurs enfants à Kota cette cité d’un million d’habitants, surnommée l’« usine à prépas », voit 150 000 à 200 000 jeunes affluer de toute l’Inde afin d’y préparer les très sélectifs concours des institutions d’élite du pays, Parmi les milliers de candidats prêts à bachoter des mois durant à Kota, seuls 2 % réussiront à intégrer les établissements d’élite. Depuis 2011, à Kota, plus d’une centaine d’étudiants ont ainsi mis fin à leurs jours. Le phénomène ne se limite pas à Kota : en Inde, un étudiant met fin à ses jours toutes les quarante-deux minutes . « Obtenir une place est très difficile à cause de la taille de notre population », avance Kashish Chandwani candidate pour la troisième fois à l’entrée en médecine. Chaque année, le marché du travail doit absorber neuf millions de nouveaux arrivants et la croissance du géant sud asiatique, qui avoisinera cette année les 5,9 %, ne parvient pas à générer suffisamment d’opportunités.fort taux de chômage des jeunes : plus de 23 %, selon la Banque mondiale. Et encore, ces chiffres ne disent rien du sous-emploi chronique et ne prennent pas en compte ceux, nombreux, ayant renoncé à chercher un job.

« Avec une importante population jeune sans emploi qui ne voit pas ses ambitions se réaliser, nous risquons d’aller dans le mur », prévient Poonam Mutreja, directrice de la Fondation pour la population de l’Inde, spécialiste de la démographie indienne, qui met en garde contre le risque de mouvements sociaux.

Le point de vue des écologistes malthusiens

Ce n’est qu’au détour de citations que la surpopulation est donnée comme cause d’un avenir bouché pour la jeunesse. Le ralentissement actuel de la fécondité en Inde ne doit pas cacher que l’Inde a déjà 470 hab./km2. Comme plus de 40 % de sa population a moins de 25 ans, cela veut dire que la croissance démographique est loin d’être terminée. Or la croissance des problèmes va avec le nombre croissant d’une population. Au recensement de 1921, la population comptait 300 millions d’habitants, on atteint 400 millions en 1955, aujourd’hui 1,4 milliard d’habitants ; c’est 17 % de la population mondiale sur 3 % des terres émergées. Une population qui est multipliée par presque 5 en l’espace d’un siècle ne peut qu’aller au désastre. Créer des emplois pour 15 millions de nouveaux Indiens chaque année, c’est impossible. Rappelons que la dernière campagne de recrutement des chemins de fer début 2022 avait attiré 12,5 millions de candidats pour seulement 35 000 postes.

En 1955 Claude Lévi-Strauss pouvait écrire : « Il n’est pas certain que les progrès de l’hygiène aient fait plus que rejeter sur d’autres mécanismes, grandes famines et guerres d’extermination, la charge de maintenir une mesure démographique à quoi les épidémies contribuaient d’une façon qui n’était pas plus effroyable que les autres. »

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4 réflexions sur “L’Inde au bord du chaos démographique”

  1. marcel Duterte

    Il serait intéressant de connaître le nombre de stérilisations opérées chaque année dans les centres idoines indiens et le nombre de médecins employés à cette tâche .
    A ce stade de surpopulation , il ne reste que la stérilisation masculine / féminine (plus longue et délicate à mener) pour lutter efficacement contre l’ hypergrouillement humain et les souffrances que ce fléau engendre .
    Si le taux de fertilité baisse dans ce pays , nul doute que la politique de stérilisation y est
    pour beaucoup .
    Que cette politique gêne ou non les hypocrites humanistes comme certain commentateur du site , cela en touche une sans faire bouger l’ autre aux dirigeants indiens : ces mongolitos peuvent meugler leur dégueulis idéologique , cela ne changera rien à l’ affaire 😁😁

    1. Informez-vous mon pauvre marcel. Si le taux de fertilité baisse dans ce pays c’est d’abord parce que les aspirations des jeunes ont changé. Et c’est partout pareil.
      Et si les jeunes Indiennes «choisissent» la stérilisation, c’est d’abord parce qu’elles ont peu accès aux moyens de contraception. Reste à voir pourquoi.
      En attendant, en plus de pousser les jeunes au suicide, avec ce genre de politique on pourrait très bien encourager les chômeurs, les vieux, les mal foutus et les mal pensants à opter pour l’euthanasie «volontaire». Ce qui serait une façon de régler le Problème, misère misère. Et en même temps, «chez nous» en France des milliers de personnes bifurquent et désertent. (Reporterre : La grande démission : comment la désertion gagne la France) Et là ON trouve ça génial. Comme quoi ce n’est pas facile de suivre…

      1. marcel duterte

        A votre tour de vous informer mon pauvre michel c des Pyrénées : 182 mlillions d’ hommes et femmes ont été stérilisés depuis les années 1970
        début des politiques de stérilisations forcées .
        Il est vrai qu’ un chiffre aussi bas de stérilisations ne peut avoir grande influence sur le taux de natalité .🤣

      2. Si elles ne sont pas déjà mortes, les femmes qui ont été stérilisées en 1970 ne sont plus aujourd’hui en âge d’enfanter. On parle ici du taux de fertilité (ou de natalité) ACTUEL. Et je redis que si le taux de fertilité a baissé dans ce pays c’est d’abord parce que les aspirations des jeunes ont changé. Reste alors à voir à quoi aspirent les jeunes Indiens. Comme à quoi aspirent ces «no kids» aux quatre coins du monde. Pour ce qui est de la stérilisation «choisie» des femmes en Inde (stérilisation comme mode de contraception), j’ai oublié précédemment de parler du Pognon. Prime à la stérilisation, sanctions au troisième enfant etc.

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