Lutte Ouvrière # Démographie Responsable

Lettre de DEMOGRAPHIE RESPONSABLE à Madame Nathalie Arthaud du temps de sa candidature à la Présidence de la République en 2022 :

« Créée en 2009, Démographie Responsable est une association qui a pour objet la protection de l’environnement et le maintien des conditions favorables à la pérennité de l’espèce humaine. Elle évoque tout particulièrement l’impact de nos effectifs sur la biosphère (…) En tant que candidate, que pensez-vous de nos objectifs, l’abandon des politiques natalistes, et si vous êtes élue, souhaiteriez-vous initier des mesures en ce sens ? Nous avons bien entendu posé les mêmes questions à l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle. »

Denis Garnier et Didier Barthès, respectivement Président et porte-parole de Démographie Responsable

Réponse de Martine Anselme du secrétariat de Lutte ouvrière : Veuillez trouver ci-dessous un lien vers les réponses de Lutte ouvrière et Nathalie Arthaud à la « décroissance ». On se réfère à un article du 10/12/2009 !

https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/la-decroissance-une-doctrine-qui-8991

en résumé :

« Il en va des problèmes écologiques comme de la crise économique : aucune régulation ne pourra exister tant que la société sera gérée en fonction du profit, c’est-à-dire tant qu’elle sera dirigée par la classe capitaliste…. Des militants qui se désignent sous le nom d’ « objecteurs de croissance » ou de « décroissants » estiment que l’on consomme trop et que l’on produit trop. Nous, communistes, nous pensons que les problèmes de la société viennent d’une certaine organisation sociale – le capitalisme – et qu’ils sont le fruit de la division de la société en classes sociales.

Le point de vue de Lutte Ouvrière sur le mouvement de « La décroissance »

Le 16 octobre 2009, un organisme de l’Onu annonçait que le nombre d’humains frappés par la famine avait, pour la première fois dans l’histoire, dépassé le chiffre de un milliard. Dans ce contexte-là, prôner une réduction de la production et de la consommation paraît stupéfiant. Ah, bien sûr, la plupart des objecteurs de croissance se disent soucieux de la famine et de la misère dans les pays d’Afrique ou d’Asie, mais ils en mettent une partie de la responsabilité sur le dos des peuples des pays riches. « Nous, au Nord, les gavés de l’hyperconsommation », peut-on lire par exemple sous la plume de l’économiste décroissant Serge Latouche.

Les « gavés de l’hyperconsommation » ? De qui parle-t-il ? De la grande bourgeoisie, des banquiers arrosés à l’argent public ? Non, bien sûr. De vous et moi, des salariés, des petites gens qui vont chaque semaine remplir un caddie à l’hypermarché, qui ont une voiture, ou, pire encore, un lecteur MP3. À eux ils prônent, plutôt qu’une illusoire hausse du pouvoir d’achat, (je cite) « l’ivresse joyeuse de la sobriété volontaire. »… Qui n’a pas déjà entendu quelqu’un se demander si « les RMIstes ont vraiment besoin d’une télévision à écran plat » ; ou entendu des discours plus ou moins méprisants sur les travailleurs pauvres qui « claqueraient leur salaire à remplir des caddies chez Auchan » ? Eh bien pour nous, cette idéologie du renoncement et du recul, même si elle se travestit en mouvement de gauche, voire d’extrême gauche, est une escroquerie…

Le point de vue de Lutte Ouvrière sur le progrès technique

Le mouvement luddite consistait, à l’aube de la révolution industrielle, à pousser les ouvriers à détruire les machines, considérées comme porteuses de chômage. Marx, lui, pensait que les machines étaient porteuses du progrès de la société, à condition que celle-ci soit réorganisée sur d’autres bases… Et, même si le rire y perdra, nous ne commenterons pas les expériences alternatives des intégristes de la décroissance, prônant d’habiter dans des yourtes ou de remplacer le tout à l’égout par des cultures de vers de terre…

Heureusement pour l’humanité, la production d’énergie ne s’arrêtera pas le jour où la dernière goutte de pétrole aura été brûlée. D’ici là, quelles technologies nouvelles auront enfin été maîtrisées ? La fusion des atomes d’hydrogène, qui permettrait de créer de l’énergie à partir de l’eau ? La récupération et l’exploitation des hydrates de méthane qui couvrent le fond des océans et dont les réserves sont très supérieures à celles du pétrole ? Les nanotechnologies permettront-elles de multiplier par 6 ou 8 le rendement des panneaux solaires ? Sera-t-on capable d’installer des panneaux solaires dans l’espace pour récupérer plus d’énergie ? Ce sont en tout cas des pistes sur lesquelles les chercheurs travaillent dès aujourd’hui.

Cela rend d’autant plus contradictoire, lorsqu’on est dans la position des écologistes et des décroissants, de dénoncer comme ils le font ces recherches qui se mènent, au nom de la lutte contre la « technoscience ». Les associations décroissantes organisent par exemple des manifestations contre le « gouffre à milliards » que représente le projet ITER de Cadarache, qui pourrait d’ici 20 ans aboutir à des découvertes décisives en matière de fusion de l’hydrogène. Gouffre à milliards ? Le budget d’ITER est au contraire ridiculement petit : 10 milliards d’euros sur 45 ans ! Soit environ 220 millions d’euros par an…

Le point de vue de Lutte Ouvrière sur le malthusianisme

 Au final, tous les raisonnements des décroissants que nous venons d’évoquer ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont incapables de sortir des raisonnement malthusiens – du nom de Robert Malthus qui pensait, au début du 19e siècle, que l’accroissement des richesses ne pourrait jamais permettre de subvenir aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse. Certains décroissants se défendent d’être malthusiens, parce que cela sonne mal ; d’autres l’assument pleinement, comme ce décroissant qui écrit carrément que : « Tout accroissement de la production agricole alimente la pullulation humaine. »

Mais qu’ils l’assument ou pas, la décroissance part d’un raisonnement fondamentalement malthusien, consistant à considérer que les richesses disponibles ne sont pas suffisantes pour une humanité dont le nombre et la consommation s’accroissent. Et cet aspect a été clairement posé dès les origines de la décroissance, puisque le père fondateur de cette doctrine, Nicholas Georgescu-Roegen, écrivait en 1979 : « La grandeur souhaitable de la population est celle que pourrait nourrir une agriculture exclusivement organique » (on dirait aujourd’hui « agriculture biologique »). Il ne précise pas, toutefois, les moyens qu’il juge « souhaitables » d’employer pour éliminer le surplus… Il faut rappeler que la population mondiale représentait, il y a 35 000 ans, 5 millions d’individus. « Renouer avec l’abondance perdue des sociétés de chasseurs-cueilleurs » supposerait donc, petit détail, de faire préalablement disparaître 99,9% de la population mondiale actuelle. La faille fondamentale du raisonnement des décroissants est qu’ils semblent considérer la terre comme une sorte de réserve de matières premières brutes, dont l’homme se contente de tirer des produits sans les transformer. C’est ignorer encore une fois, ou faire semblant d’ignorer, l’augmentation du rendement permise par la technique. Selon les estimations de chercheurs en économie, entre l’an 1000 et l’an 2000, la population humaine aurait été multipliée par 25… pendant que la production de richesses l’aurait été par 356 !

Bien sûr que cette augmentation de la production pose des problèmes d’impact sur l’environnement. Mais il n’y a aucune raison de supposer que la seule issue soit la diminution de la consommation (comme le disent les décroissants) ou la diminution de la population elle-même (comme le disent les malthusiens). Le développement de la technique et de la science permet d’envisager à la fois qu’on tire davantage de la nature tout en l’abîmant moins. Sauf que tout cela suppose de changer l’organisation sociale, d’arracher la direction de la société des mains de la bourgeoisie, et cela, c’est justement la seule question que les décroissants ne posent jamais. »

Lire, comparatif écolo des présidentiables 2012

commentaire de biosphere : Lutte Ouvrière reste égale à elle-même depuis son origine. L’extrême gauche française, trotskyste, s’est révélée totalement hermétique aux préoccupations écologistes. Lors de la candidature de René Dumont, la revue Lutte ouvrière du 23 juillet 1974 titrait : « L’écologie politique : un apolitisme réactionnaire ». Nathalie Arthaud, déjà porte-parole du parti trotskiste Lutte Ouvrière pour la présidentielle 2012, avait été noté  0/10 par le site de Christophe Magdelaine

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

Que lire ? Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable

https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/

à commander

https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation

Lire aussi, Des classes sociales à la classe globale

8 réflexions sur “Lutte Ouvrière # Démographie Responsable”

  1. « le projet ITER de Cadarache, qui pourrait d’ici 20 ans aboutir à des découvertes décisives en matière de fusion de l’hydrogène. Gouffre à milliards ? »

    Ben oui gouffre à milliards inutiles ! Lire article de « l’Usine Nouvelle » intitulé « Iter encore repoussé de plusieurs années », je cite quelques paragraphes « La première fusion du projet, initialement prévue pour 2016 avant d’être reportée à 2025, n’arrivera probablement pas avant 2030, estiment les experts. En cause : d’importants problèmes industriels au sein du tokamak, l’enceinte en forme de donut « … »Conséquence : trois modules déjà reçus par Iter doivent être désassemblés, dont le premier avait été installé en mai 2022 après… trente-six mois d’assemblage. Un revers.  » Et pour cause, corrosions alors que la machine n’a pas encore été utilisée, des microfissures, 9 modules dont les éléments sont défectueux, tomawak qui n’est pas dimensionné selon les plans…

    1. 1/ Déjà juste pour désassembler, soit retirer des pièces ça demande plusieurs années pour en venir à bout des soudures
      2/ Mauvaises dimensions d’éléments; alors juste fabriquer 1 élément sur mesure ça prend plusieurs années vu le poids des éléments qui peuvent peser plus de 30 tonnes
      3/ Ne pas oublier que les pièces sont fabriquées aux 4 coins du globe, et déplacer juste une pièce de plusieurs tonnes prend au moins 18 mois en moyenne (des pièces c’est plus long et d’autres moins)
      4/ Déjà sans utiliser la machine il y a des problèmes de corrosion et microfissures qui se produisent, mais imaginer l’ampleur des corrosions et fissures lorsque la machine sera cette fois utilisée ? Pour cause, les disruptions qui défoncent la machine, et ces disruptions ne sont toujours pas maîtrisées, et ne le seront jamais !

    2. Bref Iter ne produira jamais rien de manière d’excédentaire en énergie, je suis prêt à parier le montant que vous voulez qu’en 2100, 2200 et même l’an 3000 Iter ne sera toujours pas capable d’alimenter ne serait qu’une ampoule d’éclairage dans mon appartement !
      La réparabilité et la maintenance de la machine est complémentent démentiel en terme de temps, d’énergies (pour extraire métaux, fabriquer et transporter les pièces, déplacement du personnel), de coûts, que ce n’est pas possible de compter sur la fusion pour fournir la population en énergie ! A chaque fois qu’il y aura un petit problème il va falloir stopper la machine plusieurs années juste pour remplacer une pièce ? Est ce réaliste ? Bref, je ne crois pas une seconde qu’on abandonnera la fission, car il faudra maintenir le nucléaire à fission pour prendre le relais à la fusion dès lorsqu’elle sera en panne. Selon moi, c’est un mensonge de raconter que la fusion remplacera la fission !

  2. – « Disons dès maintenant que nous partageons bien des critiques des décroissants contre tel ou tel aspect de la société capitaliste. Il serait d’ailleurs bien plus juste de dire que ce sont les décroissants qui partagent bien des critiques des communistes ! Car ces critiques sont contenues dans les idées marxistes depuis leur naissance. » (LO)

    On pourrait naïvement penser que c’est un bon point de départ que de partager la plupart des idées avec Untel ou Ontel. Disons 80% des idées en commun. Un bon consensus, non ? Hélas nous savons bien que même 99% risque fort de ne pas suffire.
    Comme les malthusiens avec Malthus, ou les Témoins de Jéhovah avec la Bible, il semble évident et même normal que les têtes pensantes (avec ou sans «») de LO ont beaucoup plus lu et analysé Marx que Latouche ou Ariès. Ou encore la Bible. Partant de là le risque de sombrer dans le dogmatisme est grand. ( à suivre )

    1. LO fait là une analyse intéressante des idées de la Décroissance, seulement j’ai l’impression que sa principale critique porte plus sur la forme du discours que sur le fond. Je m’explique. On sait bien que le mot «communisme», par exemple… donne des boutons à plus d’un. C’est d’ailleurs pour ça que LCR est devenue NPA. Pareil avec «croissance», «décroissance» et j’en passe. Il y a donc des mots qu’on évitera de prononcer, et des choses de dire. Des tabous si vous préférez.
      Chez LO on ne supporte pas entendre dire que les Travailleuses-Travailleurs sont des crétin(e)s. Ou des « décervelé(e)s » etc. Non, ça c’est blasphémer ! En plus c’est impensable. Partant de là s‘ensuit tout naturellement une série de blocages et d’incompréhensions. Au pire on se ferme comme une huître, on n’écoute plus, on claque la porte, on refuse le débat. ( à suivre )

    2. Au «mieux» on se focalise sur un point, bien souvent de détail, mais qui pour le dogmatique suffit à faire toute la différence entre Nous et Eux, les Autres.
      Résultat, chacun reste sur sa position, dans sa petite famille, de rien du tout !
      LO d’un côté et NPA de l’autre, par exemple.
      Autre exemple, Biosphere. Qui là encore reste égale à elle-même, à lui-même.
      Que LO reste égale à elle-même (commentaire à la fin) c’est une chose. Personnellement j’ai autant horreur des girouettes que des dogmatiques. Mais dire que l’extrême gauche française, trotskyste est « totalement hermétique aux préoccupations écologistes » c’est totalement faux ! À bas tous les totalitarismes !
      Et derrière tout ça, les Gates, Bezos, Macron et Compagnie qui rigolent.
      Misère misère !

      1. Quelques mots au sujet de cette lettre de DEMOGRAPHIE RESPONSABLE adressée à Nathalie Arthaud, du temps de sa candidature en 2022.
        Si je comprends bien, c’est donc le secrétariat de LO qui répond… par une seule petite phrase… et un lien, renvoyant ainsi DR à ce vieil article du 10/12/2009 !
        N’ayant a priori aucune raison de douter de cette histoire, sur ce coup ma principale critique porte alors sur la forme de cette «réponse». Si cet article datait de 2020 ou 2021, passe encore. Mais là en effet c’est se foutre du monde que de procéder comme ça. Mais n’accablons pas LO plus qu’il n’en faut, là encore la juste mesure, accordons lui au moins les circonstances atténuantes. DEMOGRAPHIE RESPONSABLE ne sait pas ce que c’est que d’envoyer un poulain ou une pouliche à la Course pour l’Élysée. Le boulot et le temps que ça représente, ne serait ce que pour répondre aux journaleux . 🙂

      2. Pour étayer ce que j’ai dit À 12:09 au sujet de l’extrême gauche française, trotskyste… et bien sûr pour que Biosphère puisse mettre à jour son référentiel… je l’invite à lire ça :
        – Pour une décroissance écosocialiste (NPA 67 STRASBOURG – 3 juin 2022)
        Le même article a été publié par NPA 49 (18 juin 2022)
        Voir également le programme de Philippe Poutou (candidat lui aussi en 2022) et l’analyse qu’en a fait Greenpeace :
        – PHILIPPE POUTOU « PETIT » MAIS PLUTÔT COSTAUD SUR L’ÉCOLOGIE
        Et pour montrer que l’intérêt du NPA pour l’écologie et la décroissance ne date pas seulement de l’an dernier :
        – Les Décroissants discutent avec le Parti de Gauche et le NPA
        ( Reporterre – 6 avril 2009 )

        PS : Je sais c’est le 5ème, Biosphère en fera donc ce qu’il veut. 🙂

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