Jean-Luc Mélenchon expose le bon diagnostic : « L’entrée dans l’écologie politique m’a fait sortir du cadre théorique dans lequel j’étais en train de mourir sur pied. L’écologie politique ramène aux fondamentaux. Il y a des biens communs, un seul écosystème compatible avec la vie de notre espèce, et ils sont menacés. La thèse sociale-démocrate est donc morte à jamais, car elle suppose une correction progressive des inégalités par une répartition inégalitaire des produits de la croissance – le développement serait infini alors que la ressource est finie. Quant au communisme d’État, il fonctionne lui aussi sur une illusion productiviste, aggravée du fait qu’il est incapable de s’autocorriger parce qu’il n’y a pas de démocratie. Donc il fallait reformuler un corpus théorique cohérent : identifier l’acteur de l’histoire, ses méthodes d’action, le programme capable de le fédérer et la place particulière de la démocratie et de la conflictualité pour renverser le vieux monde et faire vivre le nouveau. » C’est pourquoi il a voulu faire de la politique autrement : « La France insoumise est un mouvement. Nous ne voulons pas être un parti. Le parti, c’est l’outil de classe. Le mouvement est la forme organisée du peuple. L’idée, c’est d’articuler le mouvement, sa forme et son expression : le réseau. Donc quand on nous demande où est la direction, ça peut vous paraître étrange, mais il n’y en a pas. Notre mouvement n’est ni vertical ni horizontal, il est gazeux. C’est-à-dire que les points se connectent de façon transversale : on peut avoir un bout de sommet, un bout de base, un bout de base qui devient un sommet… Je sers de clé de voûte. Les personnes que je croise dans la rue, dans le bus, dans le métro, sentent d’instinct celui qui est « avec nous ». »*
Mélenchon récuse le fonctionnement partidaire… pour retrouver la forme habituelle des mouvements de masse, c’est-à-dire l’influence d’un leader qui sert de clef de voûte, de cristallisation des mécontentements. Cela marche quand son autorité était incontesté, ce qui fut le cas au moment de la campagne présidentielle. Aujourd’hui l’éviction de Kuzmanovic et Cocq de la liste pour les européennes révèle une crise de leadership au sein de La France insoumise (LFI)**. Il n’y a plus de lieu clairement défini pour décider de la ligne politique, par ailleurs fluctuante, alors on s’exprime dans les médias et on est excommunié. Ce qui devait faire la force de LFI − une structure souple, horizontale et diverse − devient sa principale faiblesse puisque le mouvement n’existe pas en tant que tel, mais à travers des personnalités, des individus. Et l’entrée de Mélenchon dans l’écologie politique s’est évaporée entre différentes tendances qui on débouché sur un soutien aux Gilets jaunes, des anti-écolos par destination. On ne peut pas faire de politique durable en se contentant d’agréger les mécontentements. Alors, que faire ?
Nous sommes dans une « démocratie » de masse, la France compte plusieurs dizaines de millions de citoyens. Toute procédure de démocratie directe est alors impossible. La tendance est donc à la recherche d’une personnalité qui va être pensée comme représentative d’un « mouvement en marche ». C’est pourquoi Macron est arrivé au pouvoir, c’est pourquoi aussi Mélenchon a eu autant de folklores (suiveurs) au moment de la présidentielle. Pour penser la politique autrement, il faut donc complètement changer de registre d’action. La position récente de Nicolas Hulot nous montre la voie. Il ne se situe plus dans une perspective électoraliste, il dit qu’il va se consacrer à la diffusion des idées écologiques comme le fait depuis treize ans ce blog biosphere (4158 articles à ce jour) ou le réseau de documentation des écologistes « biosphere.ouvaton ». Au niveau militant, on pourrait fédérer autour d’un ensemble d’idées, formuler un vade-mecum de l’écologiste comme donné en exemple sur ce blog. En d’autres termes un parti écolo devrait se consacrer d’abord à la formation avant de penser « élection » et conflits internes sur le choix de ses représentants. Tirez au sort les candidats d’une liste, il n’y a plus de lutte interne pour le pouvoir, encore mois besoin d’un leader !
Quant à la démocratie, elle ne sera vraiment effective que dans une société écologisée dont tous les membres se voudront représentants des acteurs absents. Mais là, c’est une ambition pour l’évolution des idées au cours du XXIe siècle… l’imaginaire social est très lent à changer de bases.
* https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/121217/jean-luc-melenchon-le-mouvement-gazeux-et-la-france-insoumise (12 décembre 2017)
** LE MONDE du 30.11.2018, La France insoumise en pleine tourmente
Je suis totalement d’accord avec l’analyse présentée dans l’article.
c’est cet article de mediapart qui est tres gazeux. En quoi l’eviction de Kuzmanovic et Cocq montre une crise de leadership ou de la france insoumise. Il faudrait argumenter un peu plus.
Les europeennes ne sont pas un enjeu pour fi si ces deux personnes ruent dans les brancarts pour ne pas avoir ete garde su la liste montre plutot une ambition carrieriste de leur part
D’autre part dire que les gilets jaunes sont anti ecologistes par destination est une pauvre analyse. Ce sont juste des gens qui prennent en pleine figure l’incurie des gouvernements a prendre en compte la crise ecologique
Je suis d’accord jusque là : » Et l’entrée de Mélenchon dans l’écologie politique s’est évaporée entre différentes tendances qui on débouché sur un soutien aux Gilets jaunes, des anti-écolos par destination. »
Non , les Gilets jaunes ne sont pas des anti-écolos par destination. Je l’ai déjà dit, c’est juste un peu plus compliqué que ça.
Et la sempiternelle question se pose : » Alors, que faire ? »
Et là on nous parle de Hulot, au passage on se fait croire que les blogs « écolos » pourraient jouer un rôle, comme si nous ne voyons pas les limites de tout ça, autrement dit ce que nous pouvons réellement attendre de Hulot comme des réseaux sociaux. Donc retour à la case départ, alors que faire ?
Et on nous dit : » la démocratie, elle ne sera vraiment effective que dans une société écologisée dont tous les membres se voudront représentants des acteurs absents. Mais là, c’est une ambition pour l’évolution des idées au cours du XXIe siècle… l’imaginaire social est très lent à changer de bases. »
Rien qu’avec ça nous pourrions en remplir des pages, écrire des livres, mais à quoi bon les bibliothèques explosent.
Nous pourrions dire et développer que les idées et les discours écologistes ne pourront être audibles et crédibles que le jour où le peuple sera enfin libre, déjà libéré de la misère (sociale, intellectuelle et morale) ainsi que des injustices, et des violences d’Etat et de celles en col blanc, etc. etc. Mais à quoi bon ?
Retour à la case départ.
Je suis d’accord jusque là : » Et l’entrée de Mélenchon dans l’écologie politique s’est évaporée entre différentes tendances qui on débouché sur un soutien aux Gilets jaunes, des anti-écolos par destination. »
Non , les Gilets jaunes ne sont pas des anti-écolos par destination. Je l’ai déjà dit, c’est juste un peu plus compliqué que ça.
Et la sempiternelle question se pose : » Alors, que faire ? »
Et là on nous parle de Hulot, au passage on se fait croire que les blogs « écolos » pourraient jouer un rôle, comme si nous ne voyons pas les limites de tout ça, autrement dit ce que nous pouvons réellement attendre de Hulot comme des réseaux sociaux. Donc retour à la case départ, alors que faire ?
Et on nous dit : » la démocratie, elle ne sera vraiment effective que dans une société écologisée dont tous les membres se voudront représentants des acteurs absents. Mais là, c’est une ambition pour l’évolution des idées au cours du XXIe siècle… l’imaginaire social est très lent à changer de bases. »
Rien qu’avec ça nous pourrions en remplir des pages, écrire des livres, mais à quoi bon les bibliothèques explosent.
Nous pourrions dire et développer que les idées et les discours écologistes ne pourront être audibles et crédibles que le jour où le peuple sera enfin libre, déjà libéré de la misère (sociale, intellectuelle et morale) ainsi que des injustices, et des violences d’Etat et de celles en col blanc, etc. etc. Mais à quoi bon ?
Retour à la case départ.