Le problème de la plasticité des modèles sociaux, c’est que les socialistes n’ont plus aucune position cohérente sur quelque sujet que ce soit. Même sur les mères porteuses ! Les uns veulent autoriser la gestation pour autrui (interdite en France depuis 1991), les autres ne veulent toujours pas d’une marchandisation du corps féminin. Nous proposons aux socialistes une grille de référence qui nous change du marxisme. Dorénavant le discours rationnel est celui qui met l’économie au service du social, et le social reconnu comme complètement dépendant de la bonne santé de la biosphère. Au XIXe siècle, le socialisme naissant a fait comme si les ressources naturelles étaient illimitées, seul comptait le combat des travailleurs contre le capital. En matière démographique par exemple, l’analyse de Malthus a été vigoureusement critiquée par Marx. Or nous avons actuellement dépassé les limites de la planète, les humains ne peuvent plus y vivre de façon conviviale. Malthus a gagné contre Marx.
D’un point de vue écologique, vouloir des enfants à tout prix sur une planète surpeuplé paraît alors absurde. La nature nous impose certaines lois, par exemple la stérilité. Nous pouvons contourner cette loi par l’adoption. Mais admettre comme règle sociale que tout est réalisable quand c’est techniquement possible, les mères porteuses, la fécondation in vitro, la manipulation des gènes… nous projette dans un monde où ce qui importe, ce n’est pas la stabilité sociale et l’intérêt des écosystèmes, mais le désir égoïste des catégories aisées. Cela nous fait oublier le sens des limites.
J’ai 37 ans et cela fait depuis que j’ai 20 ans que je me dis que nous sommes trop sur Terre et particulièrement chez moi en Belgique. Je rêve d’avoir des enfants comme tout le monde mais je me battrai pour ne pas en avoir tant que Malthus ne sera pas réhabilité. Si par le plus grand des hasards un petit devait tout même arrivé dans ma vie je l’accueillerais à bras ouvert, pas question d’imposer une IVG à qui que ce soit. Il faut être pour Malthus sans être dogmatique, c’est pourquoi je me sens néo-malthusien. Or le dogme actuel c’est de faire comme si tout ce qu’à avancer Malthus était grotesque.
Les individus veulent des enfants. Plus précisément ils veulent faire des enfants de la même manière qu’ils veulent une voiture, une machine à laver, une télé, un canapé… Ils déploient des efforts considérables pour contourner la stérilité ou faire survivre des fœtus gros comme deux poings. Produire un enfant, des enfants, est un droit.
Et pourtant à l’évidence l’espèce humaine souffre d’encombrement. Elle s’encombre elle-même. Elle encombre les autres espèces vivantes au point de les détruire par milliers. Elle dévaste son propre biotope. Elle met en danger les paramètres indispensables à sa propre survie.
Alain Hervé
in le paradis sur Terre (La pensée écologique, 2010)
Les individus veulent des enfants. Plus précisément ils veulent faire des enfants de la même manière qu’ils veulent une voiture, une machine à laver, une télé, un canapé… Ils déploient des efforts considérables pour contourner la stérilité ou faire survivre des fœtus gros comme deux poings. Produire un enfant, des enfants, est un droit.
Et pourtant à l’évidence l’espèce humaine souffre d’encombrement. Elle s’encombre elle-même. Elle encombre les autres espèces vivantes au point de les détruire par milliers. Elle dévaste son propre biotope. Elle met en danger les paramètres indispensables à sa propre survie.
Alain Hervé
in le paradis sur Terre (La pensée écologique, 2010)