Moins de viande, moins de tout, est-ce acceptable ?

Le think tank Terra Nova appelle les Français à diviser par deux leur consommation de chair animale d’ici à vingt ans. Ils ne sont pas les premiers de le dire, mais venant de personnes qui sont dans un laboratoire d’idées «orienté à gauche », cela signifie que l’idée se diffuse de plus en plus largement. Il s’agirait d’atteindre en France, dans les vingt années qui viennent, un régime alimentaire qui soit composé de deux tiers de protéines végétales et d’un tiers d’animales – contre l’inverse aujourd’hui –, en divisant par deux nos consommations de viande et de poisson*. On propose la généralisation d’un repas végétarien dans les cantines des collèges et des lycées. Mais pourquoi pas le lundi végétarien sur toutes les tables de France ? On propose l’étiquetage pour indiquer le mode d’élevage et d’abattage des bêtes, pourquoi ne pas imposer des normes strictes d’élevage et d’abattage ? Ah ah ! Terra Nova ne veut pas d’une écologie punitive, son directeur clame que « L’essentiel est de montrer que ce changement n’est pas une punition mais un futur désirable et nécessaire ».

Nous n’insistons pas sur le constat, qui est alarmant. Les Français ingéraient 20 kg équivalent carcasse par an au début du XIXe siècle, 40 kg vers 1900 et 94 kg en 1998, 185 grammes de viande par jour et par adulte aujourd’hui. Au niveau mondial plus de 60 milliards d’animaux terrestres et 1 000 milliards de poissons sont abattus chaque année pour satisfaire nos besoins toujours croissants. L’élevage mobilise un tiers de terres cultivables de la planète, génère 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre, contribue à la déforestation et consomme beaucoup d’eau ainsi que d’engrais azotés, qui entraînent des pollutions aux nitrates. Et la situation ne peut qu’empirer : la production mondiale de viande devrait augmenter de 75 % d’ici à 2050 pour satisfaire l’appétit de presque 10 milliards d’humains. Consommer plus de 500 g de viande rouge ou 150 g de charcuterie par semaine augmente le risque de cancer colorectal, et ce n’est qu’un exemple qu’on a dépassé les limites même au niveau de notre santé. Un mouvement de « déconsommation » est certes à l’œuvre, lent, trop lent. Et la modération des populations repues est plus que compensée par la boulimie des pays émergents.

Nous insistons maintenant sur le cœur du débat politique, que faire ? Selon Terra Nova, il s’agit de « toucher le plus grand nombre » tout en « évitant la culpabilisation » ? Encore un oxymore, un rapprochement des contraires. Le plus grand nombre ne fait bien que quand il est culpabilisé s’il fait mal. Le changement de comportement ne peut se faire qu’en modifiant la psychologie et les règles morales qui vont avec. Instaurer le lundi végétarien dans les cantines ne vaut rien si les familles s’en foutent et ne mangent pas autrement. Il faut aussi agir sur le prix, et taxer la viande comme on taxe les cigarettes, donner un prix au danger pour que l’addiction diminue. Il n’est pas non plus interdit d’interdire, par exemple supprimer l’élevage en batterie, revenir à une production plus artisanale, moins industrielle. Pourquoi trouver encore dans les magasins des œufs de poule élevé en batterie alors qu’il serait si utile de favoriser l’adoption chez soi de poules pondeuses ? Mais ce n’est pas tout, la viande n’est qu’une partie du péril écologique. Comme l’écrit (sur lemonde.fr) Vincent, « J‘appelle moi aussi les autres à manger moins de viande. S’ils pouvaient aussi arrêter de rouler en voiture ça m’arrangerait. Merci. » Et d’une manière plus fondamentale MkBe : « Pour préserver le monde de notre surpopulation il faut manger moins de viande, consommer moins de ceci, faire moins de cela. Mais in fine la cause initiale reste la surpopulation. Peut-être un contrôle de la natalité serait préférable non ? De mémoire c’était même, dans un précédent article du monde, la solution qui aurait le plus d’impacts positifs sur l’environnement. Ok ça va pas être simple à accepter, mais à un moment faut savoir ce qu’on veut. Ou du moins faut ce qu’il faut. »

* LE MONDE du 24 novembre 2017, Pour Terra Nova, le règne de la viande est révolu

3 réflexions sur “Moins de viande, moins de tout, est-ce acceptable ?”

  1. Comme le dit Michel C , dame nature ou plutôt dame connerie et avidité humaines va nous faire boire le calice jusqu’ à la lie dans les années(décennies) à venir, c’est inexorable !
    L’ humanisme bisounoursien Gôochiste et son cortège de vivre ensemblisme , tolérance , béance à autrui ,migrantophilie , islamophilie sera balayé comme fétu de paille dès les 1ers affrontements : pillages , massacres, destructions et guerres permanentes seront notre lot quotidien en plus des conséquences de la surpollution (cancers , …) .
    Cela dit la trop lente prise de conscience de l’ hyperpopulation que nous subissons est une bonne nouvelle même si elle restera non suivie de politiques dénatalistes
    par les neolibéraux libertaires cyniques croissantistes sans limite .

  2. Je suis globalement d’accord avec cet article. D’accord aussi avec ce que dit Vincent.
    Quand à ce que dit «d’une manière plus fondamentale MkBe» … là il y a matière à discussion.
    Dès le début, s’agit-il de «préserver le monde de notre surpopulation» ou tout simplement de préserver l’environnement ?
    Parce que s’il ne s’agit que de déplorer que nous sommes trop nombreux, nous ne risquons pas d’avancer. Quoi que nous fassions la Terre portera bientôt quelques 9 ou 10 milliards d’habitants. Et comme je le disais il y a quelques jours, il faudra bien que d’une manière ou d’une autre ces humains mangent.

    MkBe dit «mais à un moment faut savoir ce qu’on veut. Ou du moins faut ce qu’il faut. «
    Justement, qu’est ce qu’on veut ?
    Si on veut le beurre et en même temps, l’argent du beurre… si on veut continuer à jouir de notre « progrès », de notre « modernité », et ça toujours plus… là c’est tout simplement IMPOSSIBLE !
    Si on veut éviter la catastrophe … là aussi c’est impossible, il est trop tard !
    Par contre il n’est peut-être pas trop tard pour sauver quelques « meubles ». Et là aussi, qu’est ce qu’on veut… sauver ?
    Ici, plus question de défendre son bout de gras, son droit au steak, son droit aux «petits plaisirs », son petit pré carré, sa petite tranquillité … non à ce stade là, il est question de bien plus que ça.
    Une fois qu’on saura vraiment ce qu’on veut… là alors on pourra peut-être faire ce qu’il faut.

  3. Un droit contre tous les autres !
    Je me permets de renvoyer au livre de Michel Sourrouille, « Moins nombreux plus heureux » où l’un des chapitre justement intitulé  » Un droit contre tous les autres » traite de ce sujet : A savoir : Faut-il se passer de tout pour nous permettre d’être toujours plus nombreux ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit, nous finirons par tout interdire, par sacrifier tous les droits au profit d’un seul, celui du nombre.
    Pour la viande par exemple, ne pas en manger est tout à fait respectable si c’est par respect pour la souffrance animal mais si c’est pour lutter contre les méfaits de la surpopulation, sûrement pas, en effet, au contraire, c’est un moyen de la favoriser.
    Ce droit au nombre est il au dessus de tous les autres ? Au dessus du droit à une nature préservée ? Au dessus du droit à une société plus paisible, moins denses et par cela moins contrainte (plus on est densément peuplé plus les règles de cohabitations sont contraignantes).Je ne le crois pas.

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