Nicolas Hulot et les conférences sur le climat

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

J’ai toujours pensé que tous les ingrédients étaient réunis pour que la conférence de Paris de fin 2015, où devait être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec. Car nous sommes passés en l’espace de vingt-cinq ans d’une forme d’indifférence à une forme d’impuissance ! Peu avant cette conférence sur le climat, je déclarais : « Dans tous les territoires du monde, les acteurs se mobilisent, chaque jour un peu plus. Conscients de la responsabilité de tous, nous nous engageons aussi personnellement, chacun à son niveau. Mais cela ne suffira pas. Vous, responsables politiques, avez une responsabilité historique. La force de l’accord de Paris tiendra d’abord dans les mesures que vous mettrez en œuvre. Nouvelles réglementations, prix du carbone, taxe sur les transactions financières, changement de modèle agricole… Ce qu’il faut faire est connu et ne dépend que de votre courage politique. Chefs d’Etat, soyez à la hauteur. Entrez dans l’Histoire. Osez ! » J’ai appelé à une vaste manifestation : « Soyons des centaines de milliers à la marche pour le climat qui aura lieu à Paris le 29 novembre. » Suite aux attentats terroristes à Paris, un grand nombre de manifestations de la société civile autour de la COP21 ont été interdites en France. Mais partout ailleurs dans le monde, la mobilisation pour le climat s’intensifie. 57 grandes marches réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes seront organisées d’un bout à l’autre de la planète.  Ma Fondation Nicolas Hulot, ainsi que Greenpeace, FNE, et WWF, ont lancé le site www.march4me.org permettant à des marcheurs et des marcheuses de tous pays de porter leur message en notre nom.

Mais à Marrakech en novembre 2016 (la COP22), j’avais l’impression d’être dans une réplique de la COP21 à Paris, avec les mêmes mots sympathiques, les mêmes photos, les mêmes acteurs. Je voyais le visage dépité de nos camarades africains qui attendent des actes. Je suis désespéré face à l’inertie du système et aux forces de résistance. Ces forces de résistance sont animées notamment par les lobbys des énergies fossiles.

Les hommes peuvent exprimer leurs inquiétudes sur la dégradation du climat d’un ton fort grave pour aussitôt les oublier, acheter une nouvelle voiture, mettre la climatisation ou prendre l’avion pour partir en vacances. Je ne pense pas que le fait d’accomplir les choses au seul motif que nous pouvons ou savons les faire soit une expression bien haute de notre liberté. Car quand il n’y aura plus rien à vendre, à fabriquer, quand de graves difficultés alimentaires s’abattront sur la planète, comment agirons-nous ? Les solutions existent. Au quotidien, ce que nous mangeons, les moyens de transports que nous utilisons, la façon dont nous nous chauffons, etc., sont autant d’actions qui nous lient à notre environnement. Nous avons la possibilité de réaliser des gestes décisifs : choisir une électricité 100 % renouvelable, changer de banque, lutter contre le gaspillage alimentaire, etc. Essayons d’améliorer nos comportements, échangeons nos bonnes idées et pratiques, mobilisons les réseaux sociaux pour infléchir les politiques publiques. Il faut que les enseignants, mais aussi tous les autres acteurs éducatifs, fassent de l’enjeu climatique la source d’activités pédagogiques où les jeunes vont apprendre et mettre en œuvre par eux-mêmes les notions si importantes de solidarité, de collectif, de coopératif. L’engagement individuel et les politique publiques doivent se compléter.

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2 réflexions sur “Nicolas Hulot et les conférences sur le climat”

  1. Ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

    Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne peut avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en reste au business as usual…

  2. Parti d'en rire

    – « J’ai toujours pensé que tous les ingrédients étaient réunis pour que la conférence de Paris de fin 2015, où devait être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec. Car nous sommes passés en l’espace de vingt-cinq ans d’une forme d’indifférence à une forme d’impuissance ! […] à Marrakech en novembre 2016 (la COP22), j’avais l’impression d’être dans une réplique de la COP21 à Paris […] Les solutions existent [osons, il faut et blablabla] »
    Et c’est probablement parce que des solutions existent… et qu’à ce moment là il se sentait fort de sa puissance… que le 17 mai 2017 notre brave Nicolas est devenu ministre de l’écologie.
    Pour démissionner le 28 août 2018. Et maintenant il jette l’éponge pour tout le reste.
    Résultat je suis dégoûté.

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