Notre ami Yves Cochet, effondriste assumé…

Yves Cochet dit avec une étonnante gaieté des choses déprimantes. Le mathématicien, et toujours Vert, ministre de l’Environnement de Lionel Jospin de 2001 à 2002, nous reçoit dans son bastion breton où il prépare… la fin du monde :

« Elle peut d’abord prendre la forme d’une guerre liée à la raréfaction des ressources. Ou provenir d’épidémies dues à une insécurité sanitaire – le moustique-tigre remonte les latitudes, amenant le chikungunya ou la dengue –, ou de famines. Au lieu d’être 10 milliards en 2050, ce que prévoit l’ONU, on ne sera que 2 ou 3 milliards. Jusqu’à 24 paramètres peuvent entrer en jeu, comme la qualité et la quantité de l’eau potable, les cycles du phosphore et de l’azote, les émissions de méthane dues à la fonte du pergélisol. Les alarmistes lancent des appels dans les journaux : faites quelque chose, vous, les puissants ! Moi, je n’y crois plus. Il est hélas trop tard pour la transition écologique. On peut quand même minimiser le nombre de morts. Au lieu d’en avoir 4 milliards dans les trente ans, on en aura peut-être 3,5 milliards, en faisant des bio-régions résilientes. Les Kurdes sont quelques millions, entre les Turcs, qui les détestent, et le régime syrien, qui les déteste aussi. Ils sont le plus autonomes possible pour la nourriture et l’énergie. Car c’est le cœur du problème. Sans la nourriture et l’énergie, vous êtes mort. Si Rungis s’effondre, à Paris, en trois jours, c’est la guerre civile.Avec ma fille, on a acheté une longère près de Rennes . Il fallait de l’eau, on a une mare, un ruisseau, un puits.. Il fallait du bois, on dispose de 3 hectares de forêt. Il fallait ne pas être trop proche de la ville, parce que les citadins iront saccager ce qu’il y a autour. On a des chevaux pour la traction animale – en 2035, il n’y aura plus de pétrole – et des panneaux photovoltaïques. Si ça s’effondre, avec qui vous allez survivre ? Avec vos voisins. Or les gars, ici, sont des paysans. Ils font du maïs, ont des vaches laitières. On n’est pas des survivalistes avec des carabines et des conserves. Ce n’est pas qu’on croit à l’espèce humaine, mais la survie est collective. Tout seul, vous tenez trois jours. C’est à l’échelle d’une bio-région que l’on peut survivre. Mon discours ne fera jamais recette. Je ne suis pas entendu, et c’est précisément pour cela que l’effondrement va arriver. Pour s’en sortir, il faudrait une économie de guerre comme à Londres, en 1941. Je suis pour le rationnement de l’essence, des vivres, des vêtements, et pour le contrôle des naissances. Mais il n’y a pas d’exemples dans l’Histoire où une économie de guerre a été adoptée avant la guerre. Les gens ne l’acceptent pas. Aujourd’hui, la préoccupation première des Français, c’est le pouvoir d’achat. »

Ces propos tenus au Parisien (7 juin 2019, «L’humanité pourrait avoir disparu en 2050») n’étonnent pas. Toutes les personnes conscientes de l’effondrement en cours envisagent un avenir éclaté en de multiples relocalisations plus ou moins saignantes. Pour Yves Cochet, c’est l’aboutissement d’un parcours au service de l’écologie politique que nous avons relatés sur ce blog biosphere :

12 février 2019, Yves Cochet : Carte carbone mieux que taxe carbone

26 juin 2017, l’Effondrement global avant 2030, une prévision de Cochet

1er février 2016, BIOSPHERE-INFO et l’écologiste Yves COCHET

9 décembre 2015, Démographie et climat, un entretien avec Yves Cochet (Michel Sourrouille)

3 août 2013, Contribution du vert Yves Cochet au débat politique

25 décembre 2012, Yves COCHET, Cassandre en 2003, çà décoiffait déjà !

25 mai 2012, un fondateur de l’écologie politique, Yves COCHET

11 mars 2012, Yves Cochet devant la catastrophe

15 février 2011, le pic pétrolier vu par Yves Cochet

18 août 2010, la décroissance selon Yves Cochet

2005, Pétrole apocalypse, un livre d’Yves Cochet

2003, Sauver la Terre, un livre d’Yves Cochet et Agnès Sinaï

PS : un petit coup de pub sur son prochain ouvrage : « Devant l’effondrement » (Ed Les liens qui libèrent), à paraître en septembre 2019

9 réflexions sur “Notre ami Yves Cochet, effondriste assumé…”

  1. « personnellement je préfère miser sur des réseaux d’entraide et de solidarité. »

    On peut très bien concilier ce type de réseaux indispensables pour la survie et la mise à disposition d’ armes qui seront utiles pour survivre : une arme n’ est qu’ un outil de défense très efficace pour la sauvegarde de son intégrité et celles de ses collègues / amis ou de sa famille qui ne doit pas faire l’ objet d’ un culte !

    1. Oui on peut concilier les deux. On peut aussi croire que cette communauté de « bons » copains retranchés dans une forteresse s’en sortira mieux que les autres. Seulement l’histoire nous montre que les murs et les barbelés ne servent finalement à rien, du moins pas très longtemps.

  2. Je ne donne bien sûr pas tort à Cochet lorsqu’ il préconise la résilience d’ un pays ou d’ une région ( l’ autarcie alimentaire et si possible énergétique) : je la revendique depuis longtemps mais pour cela il faudrait fixer des limites admissibles de chiffres de population pour pouvoir satisafaire tout le monde .
    Il aurait toutefois tort d’ ironiser sur les survivalistes armés : une fois les citadins privés de nourriture et guidés par une faim dévorante , ils se rueront vers les campagnes et tenteront de piller tout en n’ hésitant pas à tuer si nécessaire .
    Le fond de bisounoursisme des écolos de carnaval demeure toujours chez Cochet .

    1. Je pense que Cochet sait tout ça. Et je ne vois pas où il ferait du « bisounoursisme »… D’ailleurs il dit « Ce n’est pas qu’on croit à l’espèce humaine, mais la survie est collective. Tout seul, vous tenez trois jours. C’est à l’échelle d’une bio-région que l’on peut survivre. » C’est tellement évident qu’on n’arrive pas à le croire. Misère !
      Maintenant on peut toujours s’entraîner au maniement des armes, d’autant plus si on aime ça. Moi j’aime pas, les goûts et les couleurs on ne discute pas ! Mais je doute que ce soit ça la meilleure solution, personnellement je préfère miser sur des réseaux d’entraide et de solidarité.

  3. Toute personne de bon sens ne peut qu’être d’accord avec ce que dit Yves Cochet. Le seul reproche qu’on puisse lui faire c’est de fixer une date, à ma connaissance il n’est pas marié à Madame Irma.
    En tous cas, « 2 ou 3 milliards en 2050 » … rien que ça devrait séduire nos dénatalistes (et autres) de service. Même pas. Misère misère!

    1. Ah non Michel C, vous ne pouvez pas dire cela. Vous savez bien que si je suis le dénataliste de service sur ce site, pour autant je n’ai jamais préconisé les catastrophe pour réduire le nombre d’humains, c’est un injuste procès qu’on fait là à la majorité des dénatalistes. Ils sont justement pour la diminution de la démographie par une baisse volontaire de la fécondité pour que cela ne soit pas le heurt aux limites de la planète qui produise la nécessaire réduction de nos effectifs. Donc non en effet ça ne me séduit pas comme méthode et je la réprouve, Mais ok, si on ne fait rien c’est bien ce qui se passera et Yves Cochet a raison dans son pessimisme évidemment. De toute façon l’idée d’une catastrophe totale au cours de ce siècle est en train de devenir majoritaire chez tous les analystes de la société, de même que la décroissance dans toutes ses composantes seraient la seule voie de sortie, (même si tous conviennent qu’elle est pratiquement impossible à mettre en œuvre).

      1. Bonsoir Didier Barthès.
        Ce que j’ai dit (écrit) là, et qui vous fait réagir, n’est pas à prendre au premier degré. C’est au moins du troisième 😉

  4. oups Trouver un écologiste ……. est aussi difficile que de trouver des cheveux sur le cra^ne chauve de feu Yul Brynner

  5. « Je suis pour le rationnement de l’essence, des vivres, des vêtements, et pour le contrôle des naissances. Mais il n’y a pas d’exemple »
    Il est surtout pour le contrôle des naissances dans le chef des occidentaux blancs , cet écologiste de la sainte farce .
    Il est connu que les familles européennes pondent 7 gosses par famille et que les envahisseurs immigrés se caractérisent par leur natalité rachitique .
    Dire que je plaçais quelqu ‘ espoir dans ce personnage pour changer la bicoloration des verts (effet pastèque = rouge à l’ intérieur et vert à l’ extérieur) : pari perdu ! Trouver un écologiste (ce mot me fait toujours rire car il qualifie des gens qui n’ ont aucune connaissance en vraie science (biologie , biochimie, …)
    En outre , la perte de 3 ou 4 milliards d’ humains voire plus me remplirait de joie (sic) s’ il n’ y avait le risque que je me retrouve dans la charrette des condamnés ainsi que ma petite famille (malthusianisme oblige) et mes amis Les survivalistes , ces personnes réalistes , ont tout compris , mr Cochet !!!
    Après ceci , je risque sûrement un effacement de commentaires pour propos musculeux .

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