1) la probabilité de risques majeurs (aucune compagnie d’assurance ne couvre le risque nucléaire)
– La radioactivité étant inodore et invisible, il est facile pour les pronucléaires d’exposer faussement qu’il n’y a aucun risque pour la santé. Entre le moment où vous êtes exposés à la radioactivité et le moment où vous pouvez développer un cancer, il peut se passer plus d’une dizaine d’années. D’ailleurs Tchernobyl n’a pas fait de victimes directes. Mais parmi les liquidateurs il y a eu une cinquantaine de morts dans les jours qui ont suivi. Le charbon tue beaucoup plus de gens que le nucléaire, dit-on ! Mais si le nucléaire connaît très peu d’accidents de personnes comparés par exemple aux mines de charbon, l’irradiation d’une zone par dysfonctionnement d’une centrale oblige à un déplacement forcé de population.
– Les autorités chargées de contrôler le nucléaire ont jusqu’à présent adopté des raisonnements de type probabiliste. Quand un événement avait peu de chances de se produire, on ne le prenait pas en compte sur le plan des contraintes de sécurité. Pourtant quatre accidents majeurs de réacteurs se sont produits au cours des 30 dernières années sur un parc mondial de 450 réacteurs. Le calcul des probabilités officiel n’en imaginait que 0,014 sur la même période ! Même Henri Proglio (EDF) a décidé d’écarter la notion de probabilité et d’intégrer l’improbable dans les scénarios. Tchernobyl et Fukushima ont démontré définitivement que le risque zéro n’existe pas car les circonstances sont rarement celles auxquelles on pense. Faire passer la durée de vie des centrales de 40 ans à 50 ans, voire 60 ans, c’est accroître les risques d’accident dans un pays où les centrales nucléaires sont toujours à proximité de bassins de vie très peuplés. Greenpeace par intrusion dans des centrales nucléaires a apporté plusieurs fois la preuve de leur vulnérabilité. Ce sont des « stress tests » gratuits pour le gouvernement !
– Quelques accidents nucléaires graves : en 1979, Three Mile Island aux États-Unis : en 1986, Tchernobyl en URSS ; en 2011, Fukushima au Japon. La centrale française de Saint-Laurent-des Eaux a déjà connu un incident inquiétant en 1980, il faudra trois ans pour remettre le réacteur en état. En décembre 1999, la centrale du Blayais a échappé de peu à un accident nucléaire majeur lors d’une tempête cyclonique qui avait commencé à noyer les installations. Le nucléaire est à la limite des possibilités d’une société riche et bien policée, inaccessibles pour presque tous les pays.
En 2013, l ’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire avait estimé la facture d’un éventuel accident nucléaire majeur pour la France à plus de 400 milliards d’euros.
2) Un nucléaire alternatif impossible
Pour concrétiser la filière dite à neutron rapide (qui peut utiliser du plutonium), on avait construit le surgénérateur Superphénix à la fin des années 1970. Cette technologie n’a jamais été maîtrisée en France et on a frôlé la catastrophe en 1986 ; plusieurs tonnes de sodium, produit extrêmement inflammable, se sont renversées dans le bâtiment. Creys-Malville a été définitivement fermé en 1998, il est toujours en cours de démantèlement et c’est pas simple !
En France on misait sur ASTRID, Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration. Le groupe nucléaire Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avaient signé un accord de collaboration portant sur les premières études de conception du prototype de ce réacteur de 4ème génération. Il serait construit à Marcoule à partir de 2017. ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) est un réacteur de recherche civil à fusion (et non à fission comme les réacteurs actuels) dont l’objectif est de combiner des noyaux lourds, ce qui libère une énergie similaire à celle produite par notre Soleil. Chantier pharaonique en cours à Cadarache, on oublie volontiers de dire que la vocation d’ITER n’est pas de produire de l’électricité, mais d’établir la faisabilité scientifique et technique de la fusion thermonucléaire. La technoscience veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour notre avenir énergétique, demain l’innovation va trouver : la preuve, elle cherche !! Le « premier plasma » n’est plus attendu qu’en 2025 au lieu de 2020, et les expérience à pleine puissance en 2035 au lieu de 2023. De plus l’investissement nécessaire sera à la mesure de notre démesure. Le budget du projet passé de 5 à 19 milliards d’euros… pour un réacteur de recherche pure. Les négociation européenne discutent un moratoire/arrêt concernant les surgénérateurs de la 4ème génération (fin du projet ASTRID) et l’arrêt du projet de réacteur thermonucléaire expérimental ITER sur la fusion nucléaire.
3) Le potentiel des énergies renouvelables
La filière nucléaire n’est pas neutre en carbone. Si l’on considère l’ensemble de son cycle de vie, elle génère en moyenne 66 grammes. Si le bilan carbone du KWH nucléaire est très largement inférieur à celui du charbon (820 grammes) et du gaz (490 grammes), il est plus élevé que le solaire photovoltaïque (45 grammes), l’hydroélectricité (24 grammes), et l’éolien terrestre ou offshore (11 à 12 grammes). Pourtant l’entreprise EDF est si intrinsèquement pronucléaire que chacun au sein du groupe, à commencer par le syndicat CGT, a intériorisé cette matrice organique comme allant de soi. Pour eux les énergies renouvelables ne sont que des « énergies intermittentes subventionnées ». Le 19 septembre 2017, lors d’un séminaire réservé à la presse au siège social d’EDF, Antoine Cahuzac, le patron d’EDF énergies nouvelles, mit en pièce la ligne pronucléaire de la maison : l’éolien et le photovoltaïque sont aussi compétitifs que le parc nucléaire en exploitation et bien moins chers que l’EPR.
La principale condition pour la réussite du plan gouvernemental (50 % de la part du nucléaire dans la production de l’électricité au lieu de 75%) est que la croissance des énergies renouvelables soit à la hauteur des enjeux ; l’argent économisé dans le programme électro-nucléaire doit donc être entièrement basculé vers les énergies renouvelables. Mais pourquoi faut-il toujours que des projets d’installation d’énergies renouvelables soient attaqués par des particuliers ou des associations « anti » ? Le lobby pro-nucléaire agit en sous-main…
NB2: Gregory Jacko est aussi « entrepreneur dans le domaine des énergies renouvelables »
Et surtout, il y a pratiquement une erreur par phrase.
Par exemple:
– Le charbon ne provoque pas « des dizaines de milliers de victimes », mais des CENTAINES DE MILLIERS de victimes, PAR AN.
– L’argument comme quoi on peut on ne souhaite pas sortie du nucléaire par sans charbon est aussi faux : aucun pays ne l’a fait (plustôt avec du gaz, mais ça ne change rien). Voir par exemple la décision belge: https://www.levif.be/actualite/belgique/sortie-du-nucleaire-le-mecanisme-de-soutien-des-centrales-au-gaz-approuve-a-une-large-majorite/article-normal-1108947.html
– l’argument « Le solaire, l’éolien terrestre et l’éolien offshore sont très complémentaires et permettent de lisser la production sur une journée ou une semaine. » est lui aussi totalement faux – il suffit de regarder les courbes de production mensuelles de l’Allemagne (ou de l’Europe pour s’en rendre compte.
– L’argument sur le prix est faux dès qu’on prends en compte l’intermittence et le CO2; J’ai déjà traité ce point dans d’autres commentaires.
Bref, Le Monde contribue à la désinformation qui nous conduit à la catastrophe climatique.
Gregory Jaczko : Il y a toujours un risque d’accident. Vous ne pouvez pas l’éliminer complètement. Quand on dirige une autorité de sûreté, on travaille sur les failles que l’on connaît mais, par définition, pas sur celles que l’on ne connaît pas. Après Fukushima, les industriels ont minimisé le problème en assurant qu’il s’agissait d’un problème japonais, qui ne se produirait pas aux Etats-Unis. Pourtant, la technologie utilisée au Japon est inspirée de la technologie américaine. C’est une erreur de minimiser l’accident de Fukushima. Aujourd’hui, nous avons des moyens de produire de l’électricité qui n’émet pas de CO2, moins chers que le nucléaire. Nous n’avons plus besoin de continuer à prendre ce risque.
Certains défenseurs du nucléaire notent que les accidents ont fait assez peu de morts, si on les compare aux dizaines de milliers de victimes du charbon… Ces déclarations seraient amusantes si le sujet n’était pas si grave. Fukushima, c’est plus de 100 000 personnes évacuées de force et un coût de plus de 200 milliards de dollars (178 milliards d’euros). Ces arguments sont trompeurs puisque, aujourd’hui, il ne s’agit pas de remplacer le nucléaire par du charbon, mais par des énergies renouvelables qui n’émettent pas de CO2 .Le solaire, l’éolien terrestre et l’éolien offshore sont très complémentaires et permettent de lisser la production sur une journée ou une semaine.
(LE MONDE du 12 mars 2019, Gregory Jaczko : « Nous n’avons plus besoin de continuer à prendre le risque nucléaire »)
NB : Gregory Jaczko a été président de l’autorité de sûreté nucléaire américaine
Tu ne m’as pas lu : je ne fais que parler des risques ! Mais des risques au pluriels, et en particulier le risque majeur, celui d’une terre devenue invivable pour les humains. J’ai traité des risques épidémiologistes du nucléaire, ceux de guerre et dictatures liés à une trop rapide descente énergétique, et ceux liés aux conséquences du réchauffement climatiques. Car l’écologie, c’est une analyse holistique des choses, non ?
Note que je le fais, autant que possible, sur la base de publications scientifiques, pas de ragots collectés par Greenpeace.
Et je fais la différence entre les dizaines de millions de morts du charbon et le « déplacement forcé de population » qui tu estime être le risque majeur du nucléaire.
Hansen a calculé que, si les pays industrialisés qui ont choisi le charbon avaient, à la place, utilisées du nucléaires, alors 1,8 millions d’humains n’auraient pas perdu la vie (sans parler l’impact sur le climat). Approuves tu ce choix, qui est celui que vient de confirmer l’Allemagne et plein d’autres pays?
– Les données que tu donnes pour le CO2 par habitant ne sont pas – loin s’en faut – celles qu’on trouve dans la littérature scientifique, les synthèses du GIEC, les données de agences gouvernementales etc. Par exemple pour le nucléaire, le GIEC estime que c’est 12g au niveau mondial, et l’ADEME 6g pour la France (La valeur de 66g provient d’une méta-analyse bidon).
Pour le PV d’origine chinoise (donc fabriqué à partir du charbon), on est à quelques centaines de grammes de CO2/kwH, plus l’énergie et le carbone pour assurer l’intermittence.
Pour le gaz, la prise en compte des fuites de méthanes fait doubler l’impact sur le climat. L’usage croissant du gaz russe et américain pour sortir du nucléaire est une catastrophe pour le climat.. mais aucun ‘écolo’ ne veut le dira. Hypocrisie.
– Il y a des dizaines de milliers d’études scientifiques (i.e. publiées par des revues à comité de lecture) concernant l’impact des rayonnements ionisants sur la santé, les conséquences de Tchernobyl etc. Ce travail scientifique confirme les affirmations des « pro-nucléaires ». Tu peux vérifier sur http://pubmed.gov, ou lire les synthèses de l’UNSCEAR.
Il est dommage que le « point de vue des écologistes » soit si peu scientifique. C’est une des raisons majeures de l’effondrement en cours.
ThierryC, sur un article centré sur les « risques » du nucléaire, fait l’exploit de remettre en cause l’article, mais pas les risques du nucléaire. Il faudrait qu’il nous explique ce qu’il pense vraiment des risques du nucléaire….