Les experts de l’AIE (agence internationale de l’énergie) annonçaient une production quotidienne de 116 millions de barils en 2030. Aujourd’hui on arrive à peine à en produire 85 millions alors que la demande est de 87 millions. Total pense même impossible de produire plus de 100 millions de barils (LeMonde du 23.05.2008). De toute façon le pic pétrolier est tout proche et même à 500 dollars le baril, on ne pourra jamais pomper plus que ce qu’il y a dans les sous-sols. L’AIE nous trompe comme tous ces experts qui affirmaient à une époque très proche que le prix du baril devait rester en dessous de 30 dollars.
Le banque mondiale et le FMI nous ont trompés en prônant la réduction des déficits publics et l’accélération des privatisations pour promouvoir le développement des pays émergents. Le Consensus de Washington (les idées de John Willliamson) reposait sur un Etat affaibli conformément à la vulgate libérale. Le dernier rapport de la même banque mondiale pense dorénavant que la croissance indispensable pour faire reculer la pauvreté et assurer le développement durable réclame un Etat fort ! Erreur ou mensonge ?
En fait cette commission « croissance et développement » s’appuie sur l’analyse des treize pays qui ont connu depuis 1950 un taux de croissance annuel de 7 % pendant 25 ans d’affilée (Chine, Brésil, Indonésie, Japon…). On constate alors le rythme d’augmentation du PIB ne correspond pas à un régime politique déterminé, parti unique, pluripartisme ou technocratie. Mais ces analystes se basent uniquement sur le passé. Comment peuvent-ils nous donner des recettes de croissance pour l’avenir alors que nous devrions tous savoir qu’il n’y a aucune possibilité d’une croissance infinie dans un monde fini. Comment peuvent-ils étayer leurs dires alors que la croissance entraînent l’exode rural, l’explosion des bidonvilles, la progression des inégalités, l’insécurité économique ?
Ils nous mentent encore car une fois de plus les experts de la pensée dominante ignorent superbement les problèmes croissants de la Biosphère, déplétion pétrolière, réchauffement climatique, perte de biodiversité, etc. etc. Il est vraiment paradoxal que la directrice de la banque mondiale puisse commenter en ces termes ce rapport : « Ignorer les problèmes de l’environnement dans les premiers temps du développement ampute inévitablement la croissance à long terme ». Il est vrai que la Biosphère et les humains ne se projettent pas dans le temps de la même façon !