Pablo Servigne est devenu célèbre en introduisant en 2015 dans le débat médiatique le terme de collapsologie dans son livre co-écrit avec Raphaël Stevens « Comment tout peut s’effondrer (Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes) ». Précédemment il a contribué en 2014 au livre collectif « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie). Voici le contenu de son chapitre.
9 milliards en 2050 ? Pas si sûr.
Prenons le problème à l’envers. Si aucune politique de contrôle de la natalité n’est mise en place rapidement, combien serons-nous en 2050 ? Vous connaissez sûrement la réponse, elle est sur toutes les lèvres et s’invite à tous les débats : 9 milliards selon l’ONU. Pour être plus précis, 9 milliards en 2043, et 10 milliards en 2083 (1).
Pour les agronomes, ce chiffre est la justification ultime qu’il faut continuer à intensifier l’agriculture (2). Pour les politiciens et les urbanistes, c’est l’argument-massue pour commander la construction d’aménagements et d’infrastructures gigantesques. Pour les économistes, c’est l’espoir d’une croissance sans cesse renouvelée.
Mais ce chiffre cache aussi une autre information, il annonce une stabilisation progressive de la population. Selon les projections de l’ONU, la croissance de la population mondiale a amorcé un inexorable ralentissement et devrait se stabiliser dans la deuxième moitié du siècle. Ce chiffre fait donc consensus, car il annonce à la fois une croissance et un équilibre proche. De quoi ravir tout le monde, même les écologistes. Enfin, pas tous.
L’idée de ce chapitre est d’aller voir ce qui se cache derrière cette fameuse prédiction de l’ONU, et de la discuter à la lumière d’autres modèles. En effet, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce chiffre de 9 milliards est issu d’un modèle de prévision démographique basé sur des hypothèses déconnectées du réel, pour ne pas dire farfelues. Nous verrons que les prévisions changent radicalement si l’on revient sur terre…
La fin (officielle) de la croissance de la population mondiale
En 1997, nous étions près de 6 milliards, et un article dans la revue Nature annonçait qu’il était peu probable que la population mondiale puisse un jour doubler (3). A l’époque, c’était un choc ! Le modèle de l’étude, basé sur des extrapolations des taux de fertilité, de mortalité et de migrations, prenait comme hypothèse que tous les pays allaient peu à peu effectuer leur transition démographique. L’équilibre allait donc arriver autour de 10 à 11 milliards tout au plus, mais pas 12.
Quatre ans plus tard, en 2001, les mêmes auteurs (qui font désormais autorité en la matière et publient encore dans la plus prestigieuse revue scientifique) annoncent la fin de la croissance de la population mondiale (4). C’est officiel. En affinant leurs précédentes méthodes de calculs (5), ils montrent qu’il y a 85 % de chances pour que la population mondiale arrête de croître avant la fin du siècle, 60 % de chances pour qu’elle n’excède pas 10 milliards, et 15 % de chances pour qu’elle soit plus faible en 2100 qu’au début du siècle. Ce fut aussi un choc pour l’imaginaire collectif.
En 2010, Wolfgang Lutz, l’auteur principal des précédentes études, devenu la référence scientifique absolue dans le champ de la démographie, affine encore ses prédictions et estime que la population atteindra 8 à 10 milliards en 2050. L’incertitude serait due à certaines parties du monde encore difficilement mesurables. Il faut remarquer que les institutions officielles (ONU, etc.) publient aussi des chiffres très semblables… quand elles ne citent pas directement Lutz. Ce qu’il faut retenir, c’est une hausse de la population dans les pays en développement (qui sont en train d’amorcer leur transition démographique), et, au cours du siècle, une transition démographique pour tous les pays du monde, et même un très probable déclin (mais léger !) dans la deuxième moitié du siècle, mais dont la date est très incertaine (6).
Le mythe de la stabilisation de la population
Derrière cette inéluctable stabilisation se cache un phénomène étrange que tout le monde connaît, mais que personne n’explique : la transition démographique. Malgré les innombrables études réalisées à ce sujet, elle demeure encore un mystère pour les scientifiques. On l’observe, on la mesure, on en fait même un principe universel, mais on ne l’explique pas. Un des facteurs les plus communément avancés serait non pas la richesse d’une économie, mais la répercussion réelle du développement économique sur la vie de toutes les familles, et surtout celles des femmes. Autrement dit, plus une famille a accès à une abondance matérielle, à un certain bien-être, à l’éducation des femmes (et au planning familial), moins elle aura tendance à faire d’enfants (7). La transition démographique ne se fait que dans l’abondance matérielle.
L’impression que donne cette stabilisation mondiale de la population est celle d’un équilibre bientôt atteint. En filigrane se dessine donc une société « durable », stable et pourquoi pas prospère. Et le raccourci est rapidement fait avec la « fin de l’histoire », où les transitions démographiques se confondent avec les transitions démocratiques…
Mais revenons sur terre. Comment se créé la richesse ? Comment fonctionne l’économie ? Grâce à l’énergie qu’on y injecte. Des chercheurs étasuniens ont montré qu’il y a une corrélation étroite entre le taux de croissance d’une population humaine et sa consommation énergétique : plus on consomme d’énergie, plus la population cesse de croître (8). Au niveau global, une population stable équivaut à une population avec un accès à une grande quantité d’énergie. Dans cette étude (9), les chercheurs se sont amusés à calculer la puissance qu’il faudrait consommer (par personne) pour que la population se stabilise selon les prévisions de l’ONU. L’extrapolation donne, à condition d’une égale répartition, 13 kW par personne (10) ! Soit une puissance qui n’est disponible qu’à des très hauts niveaux d’exploitation industrielle. Or, la terre ne dispose pas d’une telle quantité d’énergie. Les prévisions de l’ONU sont donc, selon ces chercheurs, hautement improbables : la terre ne pourrait pas offrir à l’humanité un confort matériel qui lui permette de stabiliser sa population. Autrement dit, il n’y aurait pas assez d’énergie pour amorcer une transition démographique dans tous les pays.
Dans un autre article (11), les mêmes chercheurs ont montré que depuis 1960, la consommation d’énergie par habitant avait aussi augmenté, écartant l’humanité d’un éventuel point d’équilibre. Non seulement nous sommes trop nombreux, mais nous réduisons plus vite que prévu notre capital d’énergie.
Il convient ici de s’attarder un instant sur la notion d’équilibre. En physique, la notion d’équilibre est ambigüe : il peut être stable ou instable. Un équilibre stable, c’est la bille dans un creux : on la pousse, elle revient à son point d’équilibre quoi qu’il arrive, en oscillant. Un équilibre instable, c’est la bille au sommet d’une bosse : on la pousse et elle chute. Le modèle de l’ONU laisse croire que l’humanité entrera bientôt dans une phase d’équilibre stable, c’est-à-dire un monde où la capacité de charge (12) de la planète sera atteinte tranquillement. Un monde où, sans rien faire, mécaniquement, nous atteindrions 9 milliards. En réalité, cet équilibre est instable et dynamique, car il faut injecter sans cesse toujours plus d’énergie et de matières premières pour l’atteindre et le maintenir. Il faut courir de plus en plus vite pour rester sur place (13). Sans apport constant et massif d’énergie, la bille tombe…
Les modèles de Lutz et de l’ONU n’ont pas intégré « le milieu » dans leurs équations. Ils se basent sur deux hypothèses : une disponibilité infinie en énergie et en matières premières d’une part, et une irréversibilité des transitions démographiques d’autre part. L’ONU dit en d’autres termes : selon les principes démographiques que nous avons observés jusqu’à maintenant, et si l’on considère que nous vivons sur une planète virtuellement infinie, alors la population humaine atteindra mécaniquement 9 milliards en 2050, puis se stabilisera, et déclinera légèrement.
Mais, dans le vrai monde, la terre est finie et ses ressources limitées. La première hypothèse est donc irréaliste. Au moindre choc (arrêt ou diminution d’approvisionnement en ressources) l’équilibre instable est rompu et toutes les prévisions de l’ONU deviennent instantanément fausses.
Mais on peut aussi remettre en question la deuxième hypothèse, et c’est là que le bât blesse. Si l’on considère que l’abondance énergétique entraîne une baisse de la natalité (transition démographique), alors on pourrait imaginer qu’une pénurie énergétique… augmente à nouveau la natalité ! Il est alors possible que les transitions démographiques s’inversent suite à une pénurie énergétique et matérielle globale, et que la croissance de la population reparte à la hausse. Une terrible boucle de rétroaction positive s’enclencherait, car une population en croissance signifierait une consommation des ressources plus conséquente et rapide, et donc un effondrement encore plus brutal. Le cercle vicieux est déjà bien connu : la pauvreté entraîne un accroissement démographique, et l’accroissement démographique entraîne la pauvreté.
Ce scénario est assez contre-intuitif, mais il n’est pas nouveau. Nous n’avons fait que redécouvrir ce que l’équipe Meadows avait déjà décrit en 1972.
La croissance, non. La stabilisation, non. Il reste…
Une population qui approche de sa capacité de charge peut réagir de trois manières : soit elle se stabilise doucement en dessous de sa capacité, ce qui implique une certaine anticipation ; soit elle « dépasse sa capacité de charge sans provoquer de dégâts importants ni permanents. Dans ce cas, son empreinte écologique oscille autour de la limite avant de se stabiliser » (14) (c’est « l’oscillation amortie »). Soit enfin, elle continue à épuiser les stocks après avoir franchement dépassé les limites, ce qui provoque une chute de la capacité de charge et aggrave le problème. Il a alors effondrement de la population.
Le premier scénario est d’ores et déjà hors d’atteinte, car nous avons dépassé les limites de la planète dans les années 1990 (15). Il ne nous reste que l’oscillation amortie ou l’effondrement. Vu la vitesse avec laquelle nous nous efforçons de détruire ce qu’il nous reste de ressources depuis 20 ans, il est probable que l’oscillation soit aussi hors d’atteinte.
Le modèle World3 de l’équipe Meadows (aussi appelé Rapport au Club de Rome) avait modélisé qu’un « effondrement incontrôlé » de la population mondiale surviendrait très probablement au cours du 21ième siècle. Selon le scénario « standard », celui où rien n’est fait pour modifier la trajectoire de la société, l’effondrement de la population s’amorcerait aux alentours de 2030, quelques années après un effondrement de l’économie. Or, les données réelles montrent que c’est précisément ce dernier scénario que nous avons suivi depuis 40 ans (16).
Un effondrement marque la fin d’une ère et le début d’une autre. Ce serait la fin d’une ère où l’humain a pu repoussé les limites physiques de la planète (sa capacité de charge) grâce à l’innovation technologique. Cette ère, qui a duré des siècles mais qui s’est accélérée avec la révolution industrielle, a permis d’élargir les limites physiques de la planète pour pouvoir accueillir toujours plus d’humains. Cette vision « optimiste » dénuée de toute notion de limite est appelée « cornucopienne » (17). Nous vivons depuis lors dans cette illusion d’un monde illimité.
Mais cette exception humaine ne doit pas cacher le fait que les autres espèces vivantes n’arrivent pas à repousser leurs limites et vivent selon les principes malthusiens : moins d’énergie signifie moins de population. Ce principe est au cœur des mécanismes de l’évolution du vivant et s’applique à toutes les espèces. Avant toute révolution agricole et industrielle, l’humain vivait en équilibre avec ces principes, il vivait confiné dans des limites physiques bien serrées, définies par son biotope, avec un faible niveau d’énergie (18).
Prenons l’exemple de la Finlande du 18ième siècle. Dans cette société typiquement pré-industrielle, la stratification sociale était divisée en deux parties : les familles qui possédaient des terres (bon accès aux ressources) et celles qui n’en possédaient pas. Parmi ces dernières, les pauvres donc, il a été montré (19) que les perspectives de mariage, la probabilité de reproduction et la viabilité des nourrissons étaient fortement corrélés avec les rendements agricoles annuels. Peu de récoltes, peu de reproduction. En revanche, pour les familles propriétaires, il n’y avait pas de corrélations, car elles n’étaient pas limitées… Il est bien établi que chez les animaux, en cas de rareté des ressources, la nutrition des nouveau-nés est l’un des facteurs les plus limitants de la reproduction. Et bien, il en va de même chez les humains.
Dans un environnement « malthusien », c’est-à-dire flirtant avec les limites de sa capacité de charge, le principe de transition démographique que nous connaissons ne s’applique plus. Si dans un monde cornucopien (d’abondance), un surplus énergétique entraine une diminution de la croissance démographique (transition démographique), dans un monde malthusien (limité et frugal), c’est l’inverse. La croissance est directement corrélée à la dépense énergétique. Moins d’énergie, moins d’humains. Voilà le principe de base des futurs calculs démographiques post-effondrement.
Ce basculement est désormais très probable. En l’espace de quelques décennies, l’humanité a de fortes chances de faire face à un pic de la population, un pic énergétique, un pic de l’eau disponible, un pic des terres arables, et très probablement un pic des rendements agricoles (20). Ainsi, il est désormais réaliste de penser que nous redescendions au cours des prochaines décennies à des niveaux de population proches de l’ère pré-industrielle : un à deux milliards d’êtres humains sur terre.
On distingue donc les pessimistes (les malthusiens), qui pensent que la capacité de charge est une limite qui va mettre un terme à la croissance démographique, et les optimistes (les cornucopiens) qui pensent que la technologie et l’innovation humaine vont continuer à neutraliser (et repousser) cette limite. Il faut ici comprendre que la croyance cornucopienne est très puissante car elle s’ancre dans plusieurs siècles de « preuves » empiriques. En effet, le monde moderne a toujours évolué de cette manière, alors pourquoi changerait-il maintenant ?
En théorie, les deux croyances ne sont pas improbables. On n’est à l’abri ni d’une révolution politique, énergétique et technologique miraculeuse ni d’un effondrement brutal. Il est impossible de démontrer que l’autre a tort. Mais il est possible de constater que les probabilités d’un avenir abondant fondent comme neige au soleil, et que les modèles démographiques cornucopiens manquent quelque peu de rigueur…
L’espoir des Meadows
Il reste un tout petit espoir. Une toute petite fenêtre d’opportunité à ne pas manquer. Peut-être moins de 5 ans. Dans la dernière version du rapport Meadows, parue en 2004, l’équipe a pu trouver trois conditions pour lesquelles l’économie et la population arrivent à s’équilibrer autour de la capacité de charge de la Terre. Cette possibilité enchantait l’optimiste Donella Meadows, l’une des auteures, car on y trouve non seulement une réelle note d’espoir, mais aussi une recette précise.
Etape 1. Si l’on parvient à stabiliser rapidement la population (2 enfants en moyenne par famille, et 100 % de réussite des méthodes de régulation), alors la population atteindrait 7,5 milliards en 2040 (soit 0,5 milliards de moins que prévu), ce qui permettrait de repousser quelque peu les limites. Mais cela ne suffirait pas. Si on en reste là, l’effondrement se produirait inéluctablement quelques années plus tard. Selon elle, « on ne peut donc couper à l’effondrement si on ne stabilise que la population mondiale », il faut un deuxième levier.
Etape 2. Si l’on parvient à stabiliser la production industrielle mondiale à 10 % au-dessus du niveau de l’année 2000, et redistribuer équitablement les fruits de cette production, on repousserait encore l’effondrement général de quelques années. Mais cela ne suffirait toujours pas à l’éviter à cause des niveaux de pollutions qui continueraient à s’accumuler et à mettre en péril les capacités de régénération des écosystèmes. Il faut donc un troisième levier.
Etape 3. Si l’on parvient en plus à améliorer l’efficience des technologies, c’est-à-dire à diminuer les niveaux de pollutions et d’érosion des sols tout en augmentant les rendements agricoles, alors le monde se pourrait se stabiliser et permettre à une population d’un peu moins de 8 milliards d’habitants de vivre avec un bon niveau de vie (proche de celui que nous connaissons) à la fin du 21ième siècle.
Ce scénario d’équilibre, cette toute petite porte de sortie, n’est envisageable que si elle est mise en place très rapidement. Or, le livre a été écrit en 2004… Il est donc peut être déjà trop tard. Impossible de le savoir avec précision (21), mais ce qui est certain, c’est que chaque année qui passe réduit considérablement notre marge de manœuvre.
Que retenir de ce chapitre ?
Il y a peu de chances que nous soyons 9 milliards en 2050. Les modèles de prévision démographique de l’ONU ont oublié d’inclure les limites physiques de la Terre. Oups ! Il n’y a pas assez d’énergie pour suivre ce scénario officiel.
Que peut-il se passer ? Dans un monde cornucopien (celui dans lequel nous vivons), il est possible que se produise une inversion de la transition démographique suite à un appauvrissement en ressources : redevenir pauvre, c’est se remettre à faire des enfants ! Mais une telle possibilité ne ferait qu’accélérer un effondrement de la civilisation thermo-industrielle (et donc de la population) aux alentours de 2030. Ce scénario, très probable, est décrit depuis longtemps par le puissant modèle World3 de l’équipe Meadows.
A la suite d’un effondrement, nous entrerions alors dans un monde malthusien, c’est-à-dire à faible capacité de charge, et cloisonné dans des limites physiques et biologiques étroites. Ces limites seraient d’autant plus difficiles à repousser que nous aurions détruit les ressources et les capacités de régénération des écosystèmes. On pourrait dès lors envisager une humanité à 1 ou 2 milliards d’individus, voire moins, ce qui correspondrait aux limites physiques de notre planète avant les révolutions industrielles.
L’effondrement n’est pas encore arrivé, mais il ne peut être évité simplement en découvrant une nouvelle source d’énergie miraculeuse ou en développant des technologies vertes. Tout est étroitement lié : population, production, énergie, pollution, rendements agricoles. On ne peut changer la trajectoire du monde qu’en agissant sur tous les paramètres en même tempts ! La seule issue non dramatique que le plus robuste (22) des modèles de prévision nous laisse entrevoir (World3), est d’abord une stabilisation rapide et maitrisée de la population, suivie d’une stabilisation de la production industrielle, d’une répartition équitable de cette production et enfin de la généralisation de technologies très efficientes. Tout cela en 5 à 10 ans, tout au plus.
A ce stade, il est indispensable d’oser, c’est-à-dire avoir du courage politique, car il y a une règle toute simple, « moins la société se fixe d’objectifs ambitieux en matière de population et de niveau de vie matériel, plus elle court le risque de dépasser et d’éroder ses limites. »(23)
La question d’un contrôle de la natalité est toujours urgente. Si elle n’est pas traitée, alors se posera très rapidement la question de la mortalité « incontrôlée ». Si nous ne pouvons aujourd’hui envisager de décider collectivement qui va naître (et combien), pourrons-nous dans quelques années envisager sereinement de décider qui va mourir (et comment)?
Épilogue : Prenez un climatologue du GIEC (avec des modèles puissants), demandez-lui de fabriquer un scénario climatique 2050 et soumettez ce dernier aux élites politiques et économiques. Prenez un démographe de l’ONU et demandez-lui un scénario 2050 que vous soumettez aux même personnes. Comparez les réactions !
Tout cela prouve bien la validité du militantisme de Démographie Responsable.
Nous n’avons pas voulu, ou pas su, ou un peu des deux, ou l’un à cause de l’autre, nous engager vers une diminution de la population par des voies douces et volontaires, nous devrons donc subir la baisse de la population par les voies les plus brutales et les plus douloureuses, celles du choc de l’humanité contre les limites physiques de la Terre.
Malthus avait raison, bien sûr, le quantitatif l’emporte toujours. Trop d’économistes et de personnages politiques ont voulu finasser avec ces réalités matérielles, mais à terme, ce sont elles qui s’imposeront, inévitablement, la décroissance sera subie, et dans toutes ses composantes.
Mais voyons, puisque les dés sont jetés et que les carottes sont cuites… à quoi bon s’encarter chez les Malthusiens ? Et même, à quoi bon ressasser cette affaire ?
Puisque les dés sont jetés, et que les carottes sont cuites, il ne nous reste donc plus qu’à tout FAIRE pour sauver l’Essentiel. C’est à dire notre humanité. C’est à dire ce qu’il y a de bon et de meilleur chez l’homme. Du moins ce qu’il en reste encore. Pour cela arrêtons de monter les gens les uns contre les autres, de diviser (pour mieux régner), arrêtons de tricher (déjà avec nous même), bref évitons d’en rajouter à la Bêtise.
Seulement voilà, si je crois que l’homme est un loup pour l’homme (Hobbes)… qu’il est pourri, par définition, par nature, qu’il est un cancer, un parasite et j’en passe… dans ces cas qu’est-ce qu’il me reste à FAIRE ? Si ce n’est me construire un bunker et apprendre le maniement des armes, misère misère !
@ Michel C.
Sur ce blog, nous pensons que l’effondrement de la société thermo-industrielle a déjà commencé, mais ce n’est pas pour cela qu’il ne faut rien faire. iI faut limiter les dégâts et donner des perspectives de résilience. L’association Démographie Responsable et l’action de Didier Barthès sont un des aspects de cette résistance à l’inéluctable. Quant à sauver l’essentiel, c’est-à-dire notre humanité, notre amour du prochain, nous ne pouvons qu’être d’accord avec. Encore faut-il que le respect de l’autre soit encore possible dans certaines situations d’effondrement, du type guerre ou famine. Les humains ne sont ni bons ni mauvais par nature, ils font ce que les circonstances les amènent à faire. Les malthusiens militants choisissent d’inciter à maîtriser la fécondité, certains autres décroissants agissent contre la société de consommation, c’est mieux que de devenir survivaliste.
N’est-ce pas ?
De toute façon, il suffit de regarder la courbe démographique depuis plusieurs millénaires. La logique est simple, plus la population parvient à maitriser les énergies, plus elle s’accroît. Ça a commencé par le feu, ensuite amélioration de l’efficacité de la maîtrise du feu, notamment par des fours et fourneaux ainsi que forges. Ça s’est poursuivi par les moulins à eaux dans un premier temps ensuite les moulins à vent. Utilisation de la voile pour exploiter le vent. En vérité l’embryon de l’ère industrielle c’est la métallurgie, c’est elle qui va permettre d’exploiter et d’optimiser les énergies, jusqu’à aujourd’hui. Dès lors que la métallurgie a été combinée aux énergies fossiles on a aboutit à la société d’abondance que l’on connait depuis 2 siècles.
Selon moi, il est clair qu’on va redevenir des guerriers dans les décennies à venir, parce que les populations vont vouloir s’accaparer les dernières énergies existantes ! Qui domine les énergies, domine le monde ! Mais à mesure que les énergies fossiles vont se tarir, la population va décroître, en commençant par voir l’espérance de vie diminuer à mesure que les hôpitaux vont voir leur efficacité diminuer, notamment les médicaments dépendants du pétrole, mais il sera de plus en plus compliqué de fournir du matériel aux hôpitaux ou de les faire fonctionner par de l’électricité (rappelons que beaucoup de pays ne sont pas au nucléaire mais au gaz charbon pétrole pour produire de l’électricité). La courbe de la population mondiale suit le même chemin que la courbe d’utilisation d’énergie disponible. Alors si l’énergie disponible baisse, la population baissera elle aussi !
Par rapport au rythme des naissances actuelles, on pourrait être entre 9 à 11 milliards d’habitants en 2100. MAIS, par rapport à la déplétion des ressources naturelles, finalement on ne sera que 2 à 3 milliards d’habitants maximum en 2100. Car il est évident que le système va craquer dans tous les sens dans les décennies à venir. D’ailleurs, on a déjà eu les premiers prémices ces 10 dernières années, printemps arabe, gilets jaunes, Liban, Venezuela, etc et ça ne va que s’amplifier au fur et à mesure que la population augmente à l’échelle globale et que les ressources se tarissent !! D’ailleurs, à terme comment vont vivre les pays scandinaves et les russes dès lors qu’ils n’auront plus de gaz et pétrole à disposition ? Notamment pour cuire leurs aliments et se chauffer ?
Il est évident qu’il n’y aura plus assez d’énergie pour qu’autant de monde vive dans le nord ! Il est déjà à prévoir que des guerres entre état pour l’accès à l’eau (principalement pays du sud) et aux énergies vont s’intensifier, ainsi que des guerres civiles. On ne sera que 2 à 3 milliards à survivre en 2100, les naissances actuelles sont déjà de la chair à canon ! A noter aussi que ça va chauffer dans toutes villes de plus de 100.000 habitants, sans pétrole il ne sera plus possible de nourrir autant de villes de plus de 100.000 habitants. Je ne serai pas surpris que l’Ile de France passe de 12 à 6 millions d’habitants d’ici 2040 ou 2050 maximum, quant à Paris passera de 1 million d’habitants à 500.000 habitants maximum
Finalement nous sommes d’accord, ce n’était donc pas la peine d’en faire tout un fromage. Yapluka serrer les dents encore quelque temps, et après 2040 ou 2050 maximum… nous serons enfin plus heureux.
Moins nombreux, plus heureux !
Le discours n’est pas très jouissif mais 1968 c’est passé ou devrait enfin passer!
Jouir sans entrave « pour-ma-guele-maintenant-après-moi-le-déluge » nous a amené là où nous sommes.
Une génération (et les suivantes depuis) qui ne se préoccupe ni de ses vieux mis en EPHAD ni de ses jeunes et des prochains.
Bien entendu les ficelles sont grosses et le trait forcé, quoique…
Savoir quand l’effondrement en cours deviendra insupportable est intéressant.
Deviner où l’effondrement en cours sera violent est plus important.
Réfléchir comment amortir l’effondrement en cours est VITAL.
Que le sujet soit sexy n’est pas le but, comme la décroissance…
Ça c’est sûr, il va falloir faire avec, même en amortissant bien la chute, on va se faire mal mais certains plus que d’autres!
Mais seulement faire avec n’incite pas à l’action perso ou publique puisqu’il faudra faire avec.
Mais avec quoi au juste?
Quels degrés en + ou en – dans les températures?
Quel degré de perturbation du cycle de l’eau, du phosphore, etc?
Quel degré d’extinction de la biodiversité?
En fait:
Quel degré de perte de contrôle?
La résilience/acceptation par défaut + RÉSISTANCE pour faire avec dans la merde plutôt que faire avec en enfer!
@ ET BIEN DANSEZ MAINTENANT
Je vois que vous avez pu lire ma bafouille. Ce n’est que vous qui pouvez trouver les réponses à vos questions. VOS réponses. En attendant… comme vous voyez, chez Biosphère on peut raconter toutes sortes de conneries, mais mais… faut pas pousser Mémé dans les orties. Biosphère est fâché avec le Parti d’en Rire. C’est comme ça, je me demande si ce n’est pas pareil avec le second degré. Ne parlons même pas du troisième. Tout le monde le sait, on ne peut quand même pas rire de tout avec n’importe qui.
Chez les Tristus, la rigolade et les rigolos il faut leur faire la peau ! Parce que L’Ecologie (la vraie, la pure, la dure, la profonde) ce n’est pas de la rigolade ! Faut donc pas s’étonner qu’elle ne séduise pas les foules, comme la décroissance… 😉
Et moi je dis que c’est triste de ne pas comprendre que l’humour, la dérision, l’ironie etc. ne sont que des façons de FAIRE AVEC. En attendant !