Tous les bons récits nous disent comment décrocher la Lune…mais pas en y allant ! Les rêves de fusées sont la défaite de l’imaginaire et marquent la faillite de notre société. Comme c’est difficile d’expliquer cela à son enfant quand toute la société marchande nous dit qu’on va bientôt aller sur Mars !
Clémentine Beauvais : « Je me sens coupable d’avoir fait naître deux enfants dans un monde aussi pourri. Qu’est-ce qu’on fait quand on amène un gamin au monde aujourd’hui ? C’est une décision qui est prise à l’encontre de toute logique ! Il n’y a pas beaucoup de raisons d’être optimiste… Ce qui me fait le plus peur, un avenir à plus 2,7 degrés. Quelle autre urgence y a-t-il ? En tant que parent, je me sens complètement démunie sur les questions d’urgence environnementale. Comment expliquer que ce n’est pas bien de vouloir manger beaucoup de viande, de conduire des grosses cylindrées ou de prendre l’avion sans brider l’imagination de l’enfant qui, lui, rêve de fusées et d’aéronautique ? Ouvrez n’importe quel livre et il y a là des fermes, des avions, des fusées. Tellement de rêves dépendent d’une culture extractiviste axée sur le pompage des ressources. Quel récit y opposer ?
Mon aîné a 2 ans et demi. Il n’est techniquement pas aussi végétarien que moi, notamment quand il est avec son père. L’autre jour, il était en train de manger une sardine et je lui déroule un speech : « Tu sais que tu manges un des milliards d’animaux tués chaque année pour la consommation à travers le monde ? » Le père a rigolé, horrifié, en me disant que je ne pouvais pas dire ça. Mon fils, lui, s’en fichait et ça ne l’a pas empêché de mettre le morceau de sardine dans sa bouche. Je l’avais laissé trois jours avec son grand-père, à qui j’ai déjà dit que ce n’est pas la peine de mettre du sucre dans tout, les bananes écrasées… Quand on est rentrés à la maison et que je lui ai donné un yaourt , il m’a dit « suc’ dedans Gringe [le nom de son grand-père] » !
Je suis assez dans l’idée que chaque année supplémentaire qui peut être gagnée avant qu’ils ne soient exposés à la stimulation constante d’un écran est plutôt bonne. L’enfant à qui on file un portable pour le calmer dans le train ou au resto va se dire que s’il est relou il va avoir droit à un écran. En tant que prof de fac, je vois l’impact que ça a sur la capacité d’attention des étudiants. En amphi, c’est un enfer. Ils ont tous au moins leur ordi et leur téléphone constamment. Au lycée, les parents peuvent leur prendre le téléphone la nuit, mais à la fac ils plongent totalement. Un enfant normalement ne peut pas ne pas faire attention. Je m’inquiète de la façon dont l’économie de l’attention va diviser scolairement et socialement. »
Le point des vue des écologistes en charge d’enfants
Letcheque : Pas d’écran avant trois ans, ce n’est pourtant pas compliqué. Commencez par cela, vous pourrez ensuite parler d’éducation.
Philippe C : « c’est pas bien de prendre l’avion »!!! Phrase idiote, il est souvent nécessaire et utile de prendre l’avion. Ex: ma sœur habite à 6000 km, maman est malade, nous nous relayons pour prendre soin d’elle.
Antispécisme à Philippe : « Phrase idiote », réflexion typique des expat’ pour qui il semble normal d’habiter sur 3 continents. Votre sœur a (eu) le choix entre habiter à 6000 km et voir sa mère. Vous de même. Point barre. Aucune obligation. L’idolâtrerie du monde de vie américain (celui qui entreprend a le monde à ses pieds, je consomme donc je suis, je voyage, je colonise, je domine) a encore la côte chez une catégorie de gens, surtout ceux nés au milieu du XXe siècle. Il est peut-être temps de remettre en question cette conception de la vie ?
« il est souvent nécessaire et utile de prendre l’avion » ah, et que faites-vous des générations qui vous ont précédé (ce n’était pas des humains aboutis, ils devaient vivre ensemble) et de celles qui vous suivront (si elles n’ont pas de substitut au pétrole) ? Les humains sont tellement prétentieux…
Marie Rose Poux du ciel : On a beau dire et théoriser ou conceptualiser l’éducation « idéale », au bout du compte on ne transmets que ce qu’on est .
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere
permis de parent (2007)
extraits : Concevoir un enfant est un acte impliquant de lourdes responsabilités. Pourtant la société ne se soucie guère de savoir qui doit avoir le droit ou non d’en procréer. Le psychologue américain David Lykken estime que les parents devraient passer un permis leur permettant de faire un enfant puisque les intérêts de l’enfant sont au moins aussi importants que ceux des parents. Alors que faire ? Il faudrait commencer par donner à l’école des cours d’éducation parentale afin d’expliquer aux élèves tout ce qu’implique, en termes de soins et de responsabilités, le fait d’élever un enfant. Il faudrait ensuite autoriser un couple à n’avoir un enfant qu’à condition que les deux parents soit réellement unis et prêt à s’occuper de leur progéniture. Par exemple, on ne devrait pas permettre que les parents fassent des enfants immédiatement après le mariage. Il faut en effet du temps, avant et après le mariage, pour apprendre à se connaître et à s’apprécier, et il n’est rien de pire pour un enfant que de naître sans être désiré par ses parents…
Alors comme ça… non seulement il faudrait un permis pour faire des gosses… mais en plus il faudrait leur raconter UNIQUEMENT les histoires qui vont bien. Les bonnes évidemment.
Et bien sûr les priver d’écrans. Et en même temps de sardines, et de sucre, et de rêves et j’en passe. Et même de voir le papi ! Sauf bien sûr si le papi a lui aussi le permis qui va bien.
Mon dieu ! Et après ON pleurniche parce que cette écologie là ne fait pas rêver.
Et qu’en plus elle fait rigoler les papis. MDR !!!!
– « On a beau dire et théoriser ou conceptualiser l’éducation « idéale », au bout du compte on ne transmet que ce qu’on est . » (Marie Rose Poux du ciel)
J’adhère totalement à cette idée. Comme à celle selon laquelle on ne fait que ce qu’on peut. Que ce soit en couple ou ne serait-ce déjà qu’au niveau individuel, l’écologie, par exemple, se bricole comme on peut (titre). Toutefois tout le monde a une marge de progression. Certains plus que d’autres, certes. N’empêche que même au mieux, on ne fait encore que ce qu’on peut. Et on ne peut pas faire plus, ni mieux. ( à suivre )
Autrement dit, on a beau dire et théoriser ou conceptualiser l’écologie «idéale»… au bout du compte on ne fait et on ne transmet que ce qu’on est.
Cette maman inquiète, et qui se sent coupable (peut-être de ne pas être née au bon endroit et au bon moment…) transmet son mal-être à son gamin.
Les écolos déprimés font tout pour vous déprimer, ils ne supportent pas que vous puissiez bien dormir la nuit. Et/ou que vous puissiez ne pas être aussi profond et radical qu’ils le sont eux, du moins qu’ils croient. Pour peu que vous le soyez déjà un peu, déprimé, et que vous les écoutiez, vous finissez au fond du trou.
Le bambin de l’histoire, celui qui raffole des sardines au sucre, a quand même de la chance. Celle d’avoir un papa et un papi pour limiter les dégâts. 🙂