Plutôt mourir du coronavirus plutôt qu’intubé

Des contaminés qui arrivent à l’hôpital déjà cyanosés, crachant une mousse sanguinolente. Des gens atteints d’œdème pulmonaire aigu, dont l’état se dégrade à toute vitesse et que l’on intube à même les couloirs. Nous sommes en 1968-1970, la grippe de Hongkong frappe une partie de la planète ; le virus H3N2 fera au moins 1 million de mort, en France sans doute plus de 30 000 morts. Au 13 mai 2020, la Covi-19 a fait moins de 300 000 morts au niveau mondial, moins de 30 000 morts en France. En 1968, on minimise : «  La symptomatologie de cette grippe parait bénigne et, si l’on prévoit l’extension rapide et très large de cette épidémie, il ne semble pas cependant qu’elle doive prendre un caractère de quelconque gravité (LE MONDE du 11 novembre 1968). » En 2020 on confine la presque totalité des habitants de la planète. La mise en scène par les médias actuels d’une pandémie comme il y en a eu bien d’autres exacerbe les réactions socio-politiques. On passe d’une dramatisation à une autre, hier les attentats terroristes, aujourd’hui la pandémie, demain ce sera autre chose. La particularité de la société thermo-industrielle, c’est l’hubris, la démesure anti-nature qu’il nous faut combattre. Prenons l’exemple du passé.

Le 17 décembre 1969, une note au directeur général de la santé informe que le département du Tarn, très touché, enregistre 25 % de malades dans les familles, 30 % d’absents dans les écoles, 20 % dans les administrations, 17 % dans l’industrie, 18 % dans les autres secteurs d’activité. « L’épidémie de grippe qui s’étend, comme chaque année, sur l’Europe n’est ni grave ni nouvelle »*, lit-on pourtant dans Le Monde du 18 décembre 1969. L’État n’entreprend rien pour freiner l’épidémie, la grippe, c’est ce que tout le monde attrape. Personne ne connaît le nombre exact de victimes, on ne disposait à l’époque d’aucun outil de surveillance épidémique en temps réel. De toute façon la plupart des gens en 1968 considéraient qu’il était normal de mourir de quelque chose. Les accidents de la route et le tabac faisaient un carnage sans que la population s’en émeuve. Aujourd’hui le rapport à la mort a changé, il devient intolérable de mourir de façon naturelle, on pratique l’acharnement thérapeutique, les transhumanistes rêvent de nous voir vivre 1000 ans et les militaires veulent pratiquer la guerre zéro morts. Les progrès techno-scientifiques nous ont fait perdre tout sens de la limite. De toute façon il faut bien mourir un jour, autant que ce soit en bonne santé et non pas transpercés par des tuyaux reliés à des machineries.

Acceptons la mort qui vient au nom de la sélection naturelle, et sur nos directives anticipées rajoutons le refus de l’intubation et de la ventilation artificielle. Mieux aurait valu politiquement miser sur l’immunité collective et ne pas se lancer dans des confinements à répétition. Il faut à un moment et à d’autres donner des limites à la mainmise de la techno-science sur nos existences. Voici quelques lectures complémentaires sur notre blog biosphere :

5 mai 2020, Covid, la trouille politique devant la mort

24 avril 2020, Soyons courageux, attrapons le SARS-CoV-2

7 avril 2020, Covid-19, pouvoir mourir sans souffrir

7 avril 2020, objectif du confinement, l’immunité collective

3 avril 2020, Covid-19, comment gérer la fin de vie

26 mars 2020, Covid-19, le « droit à la vie » est relatif

14 mars 2020, Covid-19, choix de l’immunité collective en GB

25 février 2020, Coronavirus : pandémie et sélection naturelle

25 juin 2014, Acceptons la fin de vie, par nature notre lot commun

* https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/11/qui-se-souvient-encore-de-la-grippe-de-hongkong_6039258_3224.html

3 réflexions sur “Plutôt mourir du coronavirus plutôt qu’intubé”

  1. Accepter la mort, oui. Mais pas le grand n’importe quoi ! Pas l’enfumage etc.
    STATISTICON cite l’OMS. Faudrait-il prendre pour argent comptant tout ce que raconte cette organisation ? En attendant, au sein d’un même pays le taux de mortalité n’est pas proportionnel à la densité de la population, ça varie fortement d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre etc.
    Hier (13 mai) l’IHU de Marseille a publié sur son site un tableau qui parle de lui-même. Allez donc savoir pourquoi le Covid a nettement moins tué à Marseille qu’à Paris. L’ensoleillement bien meilleur à Marseille, probablement. Les Marseillais bien plus jeunes que les Parisiens, ben voyons. Les vertus antiseptiques du savon de Marseille bien meilleures que celles du gel hydroalcoolique, eh pourquoi pas ?! Aujourd’hui (14 mai) l’IHU de Marseille commente sur son site cette étude menée par les autorités espagnoles sur 60.983 personnes. Là encore on a comparé, et voilà que «La différence est très intéressante : les personnes qui n’étaient pas confinées ont été moins infectées que les personnes confinées.» Mince alors ! Et si ce confinement avait alors un autre but ? Eh, va savoir !
    Enfin, force est d’admettre qu’en 1969 Le Monde était tout aussi crédible qu’aujourd’hui.

  2. Question : Pourquoi la grippe espagnole ou la grippe de Hongkong s’élimine au bout de deux années seulement sans qu’on fasse qqch de spécial ? Si on avait laissé faire le SARS-CoV-2, pouvait on en être débarrassé sans confinement ?
    Réponse : c’est dû à la recombinaison génétique qui préside à l’évolution des espèces. Les changements du génome du virus (ARN) sont dues à des erreurs d’association des bases dans la chaîne de la molécule au sein de la cellule hôte. Ces erreurs sont faites au hasard, il n’y a pas de déterminisme préétabli. Pour les grippes A, l’espagnole H1N1 et Hong Kong H3N2, les pandémies ont duré 2 ans. En effet la virulence de ces virus change pendant sa réplication dans chaque personne et continue en sautant d’une personne à l’autre. Au bout d’un certain temps de contagion, il existe des souches différentes avec des virulences différentes. Les souches virulentes vont continuer à provoquer des malades jusqu’à ce que la virulence cesse. Le temps pour la perte de la virulence n’est pas un facteur en lui même mais il est relié à la réplication et à la transmission.
    Donc pourquoi 2 ans ? On ne peut qu’attendre passivement le temps nécessaire à la modification du génome et à la perte de sa virulence du virus. Pour le Sars-cov-2, personne ne connaît la période nécessaire puisqu’il est nouveau mais il semble qu’il s’affaiblisse au bout de 3 mois. Notons cependant que des souches encore virulentes risquent de voyager et nous revenir à l’automne. Il faut au moins deux ans pour voir le bout du tunnel.

    1. OMS (Organisation mondiale de la santé) : Le nouveau coronavirus pourrait « ne jamais disparaître » et devenir une maladie avec laquelle l’humanité devra apprendre à vivre. Selon Michael Ryan, directeur des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, « Ce virus pourrait devenir endémique dans nos communautés. »…
      Environ 5 % de la population espagnole aurait développé des anticorps liés à une contamination au coronavirus SARS-CoV-2. En appliquant ce pourcentage à la population globale de l’Espagne, qui compte environ 47 millions d’habitants, on obtient 2,3 millions d’individus qui auraient été infectés par le virus, sans en développer forcément les symptômes, et 27 104 décès, soit un taux de mortalité de 1,18 %
      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/14/coronavirus-dans-le-monde-5-de-la-population-espagnole-aurait-ete-infectee_6039597_3210.html

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