PMA, une horrible histoire de science-fiction

Au début des années 1980, les gynécologues plaisantaient : « Stérilité, on déclenche le plan hors-sexe ! ». Rappelons que c’est de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) qu’ont été tirées toutes les méthodes de la fécondation in vitro, un simple transfert de techniques qui  avaient  fait leurs preuves dans l’industrialisation de l’élevage! Déjà, à l’époque, des gynécos écrivaient qu’il fallait arracher les femmes de leur attachement archaïque à la maternité. Quand on a commencé à congeler les embryons, j’ai écrit un texte qui s’appelait « Y a-t-il un froid entre les sexes ? » Il y a perte de la pensée sous le joug de ce qu’on peut nommer « le dieu égalité et le diable discrimination » ! Au nom de ce mode de pensée, les homosexuels hommes vont revendiquer la gestation pour autrui (GPA) au nom de l’égalité de leurs droits avec ceux des femmes. Puis on aura droit à l’ectogenèse pour « libérer » les femmes de la maternité et sortir des embarras liés à la question des mères porteuses. Et nous serons entrés dans la science-fiction, dans la mutation, dans l’horreur, sans même nous en apercevoir ! Cette histoire est un symptôme. Notre génération a rompu avec ses pères par toutes les rationalisations possibles. Dans quel rapport sommes-nous avec notre généalogie pour tenter un tel coup de force sur le lien de filiation, nommé traçabilité dans certains services de Fécondation in vitro ?

Extrait de la position du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) : « L’ouverture de l’insémination artificielle avec don de sperme à des personnes ne souffrant pas de pathologie responsable de stérilité se concevrait pour pallier une souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire à des orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte (27 mai 2017) ». Il s’agit d’offrir des techniques coûteuses à des femmes non stériles, homosexuelles ou pas, qui pourraient, comme l’ont fait tous les homosexuels dans l’histoire avoir des enfants sans demander la permission à personne. Demain, nous pourrons tous demander l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) au nom de motivations qui caressent l’inconscient dans le sens du poil… Or, il est difficile de fonder une limite dans le langage de l’amour et de la compassion. En refusant l’appui de toute limite extérieure, celles que l’on peut trouver dans la nature, ou dans la tradition, nous aurons à vivre les effets de la généralisation d’un mode de pensée qui nous conduit tout droit à l’utérus artificiel ou au transhumanisme ; le « guérir la vie » des années 70 s’est mué en « indications sociétales ». Je l’annonçais déjà il y a trente ans dans Libé : le marché de la filiation sera libre et la marchandisation se fait avec nos impôts : en pleine période de crise, l’argent public permet d’offrir des PMA à des femmes non-stériles ! On a l’impression que la sexualité est devenue une technique parmi d’autres pour avoir des enfants. La question n’est pas tant est-ce que des femmes homosexuelles peuvent élever des enfants – les homosexuels élèvent des enfants depuis que le monde est monde.

Par l’alliance de la loi et de la technologie, de la science et du désir d’enfants incontrôlé, les parents tendent à être neutralisés. Les mots de père et de mère ont disparu d’un grand nombre de textes de loi. On parle de progéniteur 1 et 2 en Espagne. Les groupes LGBT, une très petite minorité d’homosexuels mais à la pointe de l’idéologie ont proposé la « neutralisation des parents » et soutiennent que l’impossibilité de procréer, cette loi de la nature, est une discrimination ! Au Québec, dans les couples de lesbiennes, on dit que les droits du père sont attribués à « celle des deux mères qui n’a pas donné naissance à l’enfant ». Ça fait délirer les juristes : Elton John a même été nommé mère des enfants qu’il a acquis d’une mère porteuse ! Et, vous verrez, le chantage à l’homophobie sera aussi efficace que le chantage à l’islamophobie… La situation à venir est plutôt compliquée : il n’y a plus de limites naturelles et on ne peut plus interdire puisqu’on vit sous le règne de l’amour ! Mais l’amour est une relation vécue qui donne un sens à la vie, il ne fonde pas la loi ! Nous qui proclamons sans cesse notre intérêt pour la différence, semblons avoir un sérieux problème avec l’altérité. Dans les années 1970, les femmes ont eu à peine le temps de crier « Mon corps est à moi » que dix ans plus tard, leur corps appartenait à la médecine.

Monette Vacquin, psychanalyste

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