Priorisation, tri médical, des gros mots ?

L’obligation de sélection est un mot-clé pour comprendre les sociétés complexes. Tout le monde ne peut pas gagner à l’Eurovision, tout le monde ne peut pas entrer librement à l’École Normale Supérieure, tout le monde ne peut pas diriger une multinationale, tout le monde ne peut pas devenir milliardaire. Mais « sélection » est un gros mot, utilisé ad nauseam par le système concurrentiel qui est le nôtre. Nous préférons l’idée écologique de « sens des limites », et de cela tout le monde devrait en être conscient. Nous devrions mettre en place collectivement une sobriété partagée et ce dans tous les domaines, y compris pour notre dernière heure. La deuxième vague de la pandémie repose l’épineuse question du « tri » des patients admissible en réanimation.

La priorisation, dans un système contraint, est inhérente à l’exercice de la médecine. Lorsque les premiers appareils de dialyse, les premières trithérapies sont arrivés, il a fallu choisir. En temps normal, déjà seuls les plus robustes (dont un sur cinq ne se relèvera pas) sont admis en « réa ». A plus forte raison avec le Covid-19. Des grilles aident à évaluer le degré d’autonomie d’un patient – « peut s’habiller sans aide », « se nourrit sans aide sauf pour couper la viande » – ou mesurer son « score de fragilité clinique ». Il est un autre tri qui ne dit pas son nom, c’est le refus d’accès à l’hôpital aux patients non atteints du Covid-19. « Doit-on maximiser le nombre de vies sauvées, maximiser le nombre d’années de vie sauvées, ou maximiser le nombre d’années de vie qualitative sauvées ?, interroge Frédérique Leichter-Flack.

Certaines personnes que nous saluons pour leur courage et leur exemplarité ont même pratiqué un auto-tri en refusant la réanimation. Voici l’essentiel des commentaires sur lemonde.fr :

Fredus : «  Une vie égale une vie, la question de l’utilité sociale ne se pose pas » s’exclame Daniel Mathieu. Ce professeur de réanimation ferait bien de lire « Qui vivra, qui mourra – Quand on ne peut pas sauver tout le monde » de Frédérique Leichter-Flack. Le plus mauvais critère de tri, c’est la compassion.

Michèle de Dordogne : Pour les médecins, c’est dur d’avoir à choisir à qui donner sa chance quand il est impossible de réanimer tout le monde. Il faut rappeler cette cruelle vérité à tous ceux qui chouinent de ne pas pouvoir skier à Noël ou faire la nouba à la Saint Sylvestre.

PJV : Régis Aubry enseigne qu’il faut ajouter de la vie aux jours et non des jours à la vie,.

tom : même si c’est difficile à accepter, chacun peut comprendre la priorité en ce qui concerne les chances de survie. Et c’est pas de l’inhumanité c’est du bon sens face à une situation extrême. S’acharner sur quelqu’un qui a 80 ans et deux ans d’espérance de vie n’a pas de sens. D’ailleurs sans la médecine on en serait même pas là en espérance de vie… Ce que je dis est humainement inacceptable, j’en ai bien conscience, mais c’est très pragmatique… et logique.

Elie Arié : Toute médecine (pour en rester à ce domaine ) est nécessairement un système de rationnement : la liste des médicaments remboursés implique une liste de médicaments non remboursés; le nombre d’hôpitaux, de médecins, etc., est nécessairement toujours et partout limité; les patients devant bénéficier de certaines prestations hors de prix font nécessairement l’objet d’un tri; le nombre d’organes à transplanter a beaucoup diminué depuis la baisse du nombre d »accidents de la route, etc. Il est étonnant qu’il ait fallu cette pandémie pour faire prendre conscience de ce problème qu’on préférait ignorer.

Pour en savoir plus, ce que notre blog biosphere écrivait lors de la première vague :

19 mars 2020, Covid-19, le droit de vivre ou de mourir

11 mars 2020, Covid-19, nécessité d’un triage médical

3 réflexions sur “Priorisation, tri médical, des gros mots ?”

  1. – « Il faut à tout prix éviter de mettre les médecins dans ce dilemme éthique consistant à choisir les patients. » (Jean Castex)
    – « Les médecins militaires sont formés à ces situations où ils se retrouvent, seuls, avec dix blessés et deux tables d’opération. Les hôpitaux civils ne le sont pas. Et l’opinion ne s’en remettrait pas.»(Le Monde)

    Pour quelles raisons nos dirigeants redoutent-ils à ce point un engorgement des hôpitaux, notamment des services de réanimation avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer ? Par pure bienveillance envers les malades ainsi qu’envers les médecins, soit disant non «formés à ces situations» ?
    Comme toujours ils redoutent avant tout les réactions de l’Opinion, ils redoutent qu’éclate un énorme scandale. Alors tout est bon pour faire diversion, pour nous enfumer et éviter que nous nous posions les bonnes questions. Et à ce petit jeu là ils peuvent compter sur la collaboration des me(r)dias.

    1. Pourquoi ces mesures «sanitaires» disproportionnées, démesurées, absurdes ?
      Pourquoi ce battage me(r)diatique, pourquoi cette politique de terreur ?
      Pourquoi ne pas soigner les malades correctement, dès le début afin d’éviter les complications et donc les réanimations ? Pourquoi ne pas tenir compte des savoirs du plus grand institut français en infectiologie (IHU de Marseille) ? etc. etc.
      On va finir par penser que ce «Coronacircus» cherche seulement à masquer l’incompétence de nos «dirigeants» en matières de prévention, d’anticipation et de gestion. Et en même temps leur assujettissement aux puissances de l’Argent, ici Big Pharma.

    2. Pendant qu’on parle de «l’épineuse question du « tri » des patients admissible en réanimation», qu’on nous rabâche qu’on est en guerre, qu’on nous «amuse» avec n’importe quoi et toujours plus etc. pendant ce temps on ne parle pas du reste, c’est à dire de l’essentiel.
      Le manque de moyens, de lits, d’infirmières, leur épuisement, la gestion des hôpitaux sur le modèle des entreprises, la soumission de tout ce «joli» monde aux puissances de l’Argent, les conflits d’intérêts etc. on verra ça plus tard, ou pas. En attendant, oubliés The Lancet, le Remdesivir, Gilead etc. Pendant qu’on nous bourre le mou avec le vaccin, qu’on nous le présente comme le Sauveur, pas un mot sur le milliards qu’engrange Big Pharma. Pendant qu’on nous raconte les déboires de Sarko, pas un mot sur les plaintes déposées par le Professeur Raoult, etc. etc. Tout est bon pour éviter un énorme scandale qui pourrait mettre l’Ordre Etabli en péril.

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