Montrer l’exemple ? L’autolimitation des besoins devient un passage obligé, chacun doit faire preuve d’exemplarité et les politiques doivent être aux avant-postes. En période de rigueur budgétaire, le 1er ministre Fillon plaide pour que le gouvernement montre l’exemple. Mais les cabinets ministériels maigrissent dans la douleur (LeMonde du 4 août), il n’y a jamais assez de fonctionnaires aux manettes : 20 adjoints pour les ministres, 4 pour les secrétaires d’Etat, c’est pas assez ! Pourtant la crise financière et écologique va nécessairement entraîner des mesures d’économie drastiques. Le Parti socialiste et l’UMP ont déjà signé l’engagement 10 :10 qui s’appuie sur dix principes pour les individus, tels que faire du vélo, réduire le niveau de chauffage et de consommation électrique, prendre moins l’avion, manger plus de fruits et de légumes – issus de l’agriculture biologique – et moins de viande, éviter les emballages inutiles et « passer plus de temps avec la famille et les amis » afin de « moins consommer » ; il s’agit de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 10 % (LeMonde du 5 juin) ; mais plus personne n’en parle. Le pôle écologique du PS a adopté fin mai 2010 le souhait collectif suivant : « Le Pôle écologique du PS invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. » Personne n’en a parlé !
Presque toutes les démarches actuelles de réduction des besoins sont fondées sur une démarche volontaire. C’est logique, mais cela ne sera pas suffisant pour enrayer le réchauffement climatique, la pénurie de pétrole, la destruction des sols, etc. Il y trop loin de la signature d’un engagement à son application concrète.
Le sens des limites ne progressera dans les mentalités que s’il y a interaction entre les comportements individuels et les décisions collectives. Mais l’exemple de la réduction des cabinets ministériels montre que seul un pouvoir fort peut entraîner une réduction des besoins et faire taire les grincements de dents de personnes qui ont été trop habitué à réclamer toujours plus. Nous ne sommes pas du tout partisan d’un écolofascisme, mais les comportements des uns et des autres de protection des avantages acquis aboutiront sans doute à un écolofascisme.