Quota de carbone par personne, l’inéluctable

Yves Cochet : « Pour dépasser la contradiction entre « gilets jaunes » et taxe sur les carburants, nous proposons la « carte carbone ». Elle se déploie ainsi : chaque habitant de la France reçoit un quota annuel de droits d’émissions de CO2 qui encadre toute consommation d’énergie (pétrole, gaz, charbon, électricité…). Si, par exemple, vous voulez faire le plein dans une station-service, vous payez le carburant en euros et votre carte carbone à puce est également décrémentée des droits d’émissions correspondant à la quantité de carburant que vous avez achetée. (LE MONDE du 12 février 2019, Mon idée pour la France : « Une carte carbone plutôt qu’une taxe carbone »)

Nabil Wakim : « Des gens défendent depuis de nombreuses années la mise en place d’un « compte carbone ». L’idée est notamment portée par l’association « compte carbone » . Elle n’est soutenue par aucun parti politique représenté à l’Assemblée, mais quelques députés, comme Delphine Batho (Génération écologie), François Ruffin (LFI) ou Jean-Marc Fiévet (Renaissance) se sont prononcés pour ce principe, sans pour autant adhérer totalement au concept. Il s’agit d’attribuer à chaque personne un quota de carbone à consommer au cours de l’année. Chaque année, la quantité de carbone distribuée baisserait de 6 % pour permettre d’atteindre les objectifs climatiques de la France. Concrètement, cela revient à créer une deuxième monnaie : le carbone. En plus de payer en euros pour acheter une voiture, par exemple, je dépense en même temps une partie de mon portefeuille carbone, qui correspond aux émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour produire la voiture et l’amener jusqu’à moi. Si je n’ai plus de monnaie carbone, je peux en racheter à d’autres – ou dans une bourse d’échange. Les plus riches pourront donc racheter aux plus modestes des quotas carbones. Elle est plus juste que la taxe carbone  puisqu’elle prend en compte les inégalités : ce sont les plus fortunés qui devront d’abord changer de mode de vie

Mais comment imposer un tel mécanisme de rationnement ? est-ce que ce compte carbone ne met pas la pression sur les seuls individus plutôt que de promouvoir des changements collectifs ? Je ne suis pas sûr d’avoir les réponses à ces questions, mais je trouve intéressant d’ouvrir le débat ! »

Le point de vue des écologistes perspicaces

Ginkgo_Biloba : Quand je pense qu’au Monde on récuse l’expression « Ecologie punitive »….

Ra00f : Le soucis étant qu’on n’a toujours pas compris quelles mesures « écologiques » efficaces aux horizons de temps nécessaires, ne sont pas largement considérées comme punitives.

Ours : Il y a 3 façons de contraindre à la réduction des émissions de CO2 : * L’interdiction – ou la norme, bête et brutale. * La taxe carbone socialement injuste et qui préserve le gaspillage des plus riches. * Le quota, juste, équitable et socialement très acceptable (il bénéficie aux plus pauvres). La mise en place des quotas est => Démocratique sous réserve d’un vrai débat. => Relativement facile à mettre en place. Les banques savent parfaitement gérer une double comptabilité (euros + points de fidélité). Le quota carbone n’est pas plus liberticide que le compte en euros ! Dans un premier temps, il n’est pas nécessaire de TOUT comptabiliser mais seulement les postes importants et discriminants (carburant, avion, électricité, viande…). Les transports publics seraient alors exclus, au moins dans un premier temps. => permet de choisir avion ou chauffage

Eric.Jean : Ce genre de proposition a un nom, les tickets de rationnement. Avec son corollaire inévitable, le marché noir. L’histoire est un éternel recommencement.

Michel Brunet : Dans ce cas on rentrerait dans le « dur » des « vraies mesures écologiques » pour diminuer nos émissions de GES, mesures que n’abordent jamais les articles de ce journal qui dénoncent à l’envie « l’inaction » de nos gouvernements passés et futurs en la matière. Et là on voit que les « démocraties » ont un sérieux problème pour faire passer « l’acceptabilité » de « mesures contraignantes et liberticides ». La « démagogie » régnante des partis politiques pour se faire élire me laisse très perplexe sur l’instauration d’un quota carbone par personne. Et ce n’est pas la bronca actuelle contre la réformette des retraites qui me feront dire le contraire…

Mustafa : Quoi qu’il en soit du débat, il faudra bien que les gens se rendent compte que le réchauffement climatique n’est PAS démocratique, et que ce n’est pas en essayant de rester juste et contenter tout le monde que l’on va s’en sortir. Il va falloir que les gouvernements osent, en effet, être totalitaires, comme dans une guerre. Ceux qui pensent ici que l’on va pouvoir faire des compromis entre notre niveau de vie et la réalité physique du réchauffement se trompent complètement. Ce réchauffement est mû par les lois de la physique, et par essence, les lois de la physique sont totalitaires. Allons-nous plier les lois de la réalité à nos désirs, parce qu’il ne faut pas créer d’inégalités ? On peut essayer, mais je laisse à chacun le loisir de réfléchir au succès d’une telle démarche.

Sebastiannowenstein : Il faut doubler la carte carbone d’un système fiscal confiscatoire au-delà de, disons, 3000 euros par mois. Il est probable, en effet, que toutes les activités humaines impliquant une dépense mensuelle supérieure à une certaine somme soient insoutenables. Il faudrait aussi moduler : il faut rendre le tourisme en avion impossible, mais permettre aux familles de se rencontrer. Le fait d’avoir des enfants ou des petits-enfants à l’étranger devrait s’accompagner d’un quota plus important. Il reste qu’il serait plus facile techniquement de limiter le revenu par habitant. Cela permettrait d’éviter la mise en place d’une bureaucratie et d’un contrôle excessifs. En réalité, de nombreux problèmes de notre société sont causés par la concentration absurde de la richesse que nous tolérons.

Fouilla : Il est pourtant évident que TOUS les déplacements longue distance devront être massivement réduits, y compris vers les DOM. On y réfléchira à 2 fois avant d’accepter un boulot de l’autre coté de l’océan.

1984 is coming : oui malheureusement il faut en arriver là. Au moins pour les nantis pollueurs. Quand 1% des plus riches mettent en danger la vie de milliards de personnes plus pauvres par leur mode de vie et leurs actions, c’est malheureusement indispensable. C’est ça ou Mad Max, vous avez une préférence ?

Rodgeur : On y arrive petit à petit. Ils ont déjà testé le principe avec le passé vaccinal. Les gens étaient bien contents d’afficher leur QR code pour montrer qu’ils étaient de bons citoyens. Les moutons sont contents.

Alain tossa : Est ce que si on ne fait pas d’enfant on a un quota carbone qui augmente par rapport à ceux qui en font? Après tout faire des enfants met du co2 dans l’atmosphère.

The GonZo Man : Et si on a dépassé son quota de carbone, avons-nous encore le droit de mourir ?

Klaatu Vanuatu : Oui mais pas à l’incinération, ou alors seulement au biogaz.

FJAG : A quoi bon si 3 milliards d’indien et de chinois ne l’acceptent pas?

Gloubigloups :Il faut avoir le courage d’ouvrir la voie

Le débat carboné sur notre blog biosphere

2003-2022, tout savoir sur la taxe carbone

Yves Cochet : carte carbone mieux que taxe carbone

Planification publique et carte carbone

Carte carbone, bientôt généralisée à tous

5 réflexions sur “Quota de carbone par personne, l’inéluctable”

  1. Didier BARTHES

    Nous allons vers un terrible monde de surveillance, les mesures anti-covid nous avaient donné un aperçu de la violence des attaques contre la liberté, il est bien possible qu’elles n’aient constitué qu’un avant goût. Nous n’avons pas eu le courage de résister, nous le paierons, il est maintenant acquis par les gouvernements qu’on peut à peu près tout nous imposer.

    1. C’est ce que dit Rodgeur, et que je pense moi aussi. Les moutons sont même capables de demander à ce qu’ON les égorge.

      1. Didier BARTHES

        C’est bien là le ressort ultime des dictatures, faire adhérer l’esclave à son statut. Elles y parviennent hélas.

  2. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
    Alain tossa devrait se dire que si ON commence à résonner comme ça, ON n’a pas fini d’en rajouter à la connerie collective. Et toujours plus. Parce qu’après tout, poser des questions à la con sur Internet, ça aussi ça met du co2 dans l’atmosphère.
    Mais après tout, peut-être pas autant que les inéluctables réactions qu’elles engendrent.
    D’où l’intérêt, pourquoi pas… d’établir, pour chaque internaute, un quota de questions, réponses, points de vues, commentaires, articles et autres baratins. Ce qui nous éviterait, déjà, de raconter bon nombre de conneries, et tout ce qui s’ensuit. Ce qui cette fois irait dans le sens de cette fameuse intelligence collective. ( à suivre )

    1. En attendant, excellente question de The GonZo Man.
      Et excellentissime réponse de Klaatu Vanuatu ! Au lieu d’être POUR une nouvelle usine à (bio)gaz, qui sera évidemment conçue pour ne surtout pas faire boiter ceux qui l’imposeront à la piétaille (seuls les naïfs peuvent croire que les véritables responsables de la situation vont se tirer un obus dans les pieds), il vaudrait bien mieux s’inspirer de ce que raconte Sebastiannowenstein :
      – « En réalité, de nombreux problèmes de notre société sont causés par la concentration absurde de la richesse que nous tolérons. »

      Sauf que certains diront que ça c’est un discours de gôôchiste. Les milliardaires à la limite ON les tolère… mais les bolcheviks oh mon dieu non pas ça !
      Il s’en trouvera même qui lui diront que le Problème et que l’Absurde n’est pas du tout là, mais là : « Le Poumon vous dis-je ! »
      Et là bonjour le grand n’importe quoi, et au diable le Quota Carbone ! 🙂

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