François de Rugy, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire s’est entretenu le 13 mai 2019 avec Raoni Metuktire, cacique du peuple Kayapo. Blablabla, c’est le théâtre de l’apparence pour ne pas traiter le problème. LE MONDE* est dithyrambique : « Raoni parle, et sa voix semble le rugissement d’un jaguar. Ses chants volent comme des oiseaux. Par moments, on entend son rire de vieux sage. Raoni fait ensuite silence et regarde la route avec l’intensité de ceux qui ont appris à savourer chaque seconde de l’existence. » Constatons d’abord que Raoni revient pour plaider la cause de son peuple trente ans après une tournée en Europe avec Sting qui n’avait rien amené de concret. Raoni sait ce dont il s’agit : « L’argent est une malédiction », « mais une malédiction aujourd’hui indispensable pour maintenir la démarcation de nos terres, les protéger et aider nos peuples. » Trop optimiste, Raoni. L’argent s’est glissé dans les villages, modifiant les équilibres socio-économiques déjà fragiles des communautés indigènes. Jair Bolsonaro, le nouveau président brésilien, ne fait qu’amplifier le phénomène, « Les minorités devront s’adapter à la majorité… ou simplement disparaître. » Au lieu d’aller à l’essentiel, la nécessaire sauvegarde de nos racines, LE MONDE s’englue dans les controverses de fric autour de Jean-Pierre Dutilleux, ce cinéaste qui avait réalisé en 1978, un documentaire, Raoni. Même Sting ne sort pas indemne de l’article. On peut dénoncer la fuite de l’argent, les bienfaiteurs attitrés aiment les hôtels de luxe et les Kayapo veulent boire du Coca-Cola. Il en est de l’Amazonie comme des autres contrées, les populations indigènes sont extrêmement attirées par le mode de vie “moderne”… et deviennent diabéto-dépendants avec les miettes de l’argent collecté.
Citons nos articles précédents sur ce blog biosphere.
– Nauru, l’extractivisme à l’image de ce qui nous arrive…. Nauru, perdu dans l’étendue du Pacifique, ses 10 000 habitants, ses gisements de phosphate… les millions ne tardent pas à pleuvoir sur le petit État. Le pays connaît d’énormes problèmes sociaux, dont une obésité endémique, affichant le plus haut taux au monde.
– assistanat destructeur… Le Nunavut (territoire des Inuits du Canada) a acquis son indépendance le 1er avril 1999. Le tout proche Groenland, sous tutelle danoise, réclame dorénavant son indépendance après le référendum sur l’autonomie élargie du 25 novembre 2008. Mais quelle indépendance ? Le contact avec la culture occidentale a déstructuré toutes les sociétés vernaculaires, y compris celle des esquimaux. Les jeunes se sentent piégés dans un territoire isolé. Alors l’alcool fait des dégâts considérables. Il y a des épidémies de suicide tellement les relations familiales sont devenues désespérantes et le mode de vie incohérent.
Peut-on vraiment aider ces peuples premiers ? Oui, mais ce n’est pas en leur donnant de l’argent, c’est en les laissant vivre leur vie. Il faut sanctuariser leurs territoires comme nous le faisons pour des espaces naturels. Il faut rejoindre l’alliance des gardiens de mère Nature. Il faut surtout que la classe globale, celle qui se permet d’avoir une voiture individuelle, montre l’exemple en diminuant son train de vie pour moins peser sur la Biosphère, sur les forêts primaires, sur les matières premières enterrées sous terre.
* LE MONDE du 12-13 mai 2019, En Amazonie, le combat de Raoni, le dernier des Kayapo
Oui la monnaie rend dépendant de son propre système, les gouvernements empêchent les populations de vivre sans monnaie, il m’est impossible de m’installer dans un endroit ou un espace géographique sans à ce que je n’ai à utiliser de monnaie. Si tu n’utilises pas le système monétaire, tu t’exclus et tu meures, comme dit dans l’article tu disparais.
« »Le contact avec la culture occidentale a déstructuré toutes les sociétés vernaculaires, y compris celle des esquimaux. Les jeunes se sentent piégés dans un territoire isolé. Alors l’alcool fait des dégâts considérables. Il y a des épidémies de suicide tellement les relations familiales sont devenues désespérantes et le mode de vie incohérent. « »
–> Oui à côté de tout ça, des populations veulent accéder à la vie occidentale, mais en vérité elles fantasmes trop sur nos modes de vie, le système fait en sorte à ce que l’ensemble des individus perçoivent leur système économique vu précédemment comme idyllique et paradisiaque.
Pas plus Raoni que Sting ne pourront sauver l’Amazonie. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est faire parler d’eux.
Biosphère l’explique très bien, comme bien souvent, le problème c’est l’argent. Le pognon a tout perverti, tout embrouillé, même l’esprit de Raoni. Quand on en est arrivé à penser que l’argent est une « malédiction indispensable » pour défendre une telle cause, c’est qu’on a basculé dans la logique du Système. Cela montre qu’on raisonne (et résonne) finalement de la même façon que tous ces gens, qui en regardant un arbre ou une forêt ne voient qu’un tas de bois d’œuvre ou un tas de pognon. Partant de là on est condamné (con damné) au mieux, à tourner en rond. Quant à ce chanteur « engagé » soit disant écolo … à eux seuls, ses caprices contre lesquels il semble ne pas pouvoir lutter (caprices de riches, jets privés etc.) ruinent tout ce qui pourrait aller dans le bon sens.