Rio 1992-2012 : le procès de l’humanité

En 1992, l’appel d’Heidelberg, faisait pression sur le Sommet brésilien de Rio. Cette pétition, signée par plusieurs dizaines de Nobel, accusait « l’émergence d’une idéologie irrationnelle à l’aube du XXIe siècle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social ». Les Nobel opposaient une « écologie scientifique » à une « argumentation pseudo-scientifique » ; ils se gardaient bien de définir précisément ce qui fait science ou non. Ils faisaient acte d’allégeance à la croissance économique ; ces « scientifiques » croyaient pouvoir intervenir dans le domaine économique dont ils étaient souvent dépendants. Ils attaquaient des « mouvements qui ont tendance à se référer au passé » ; cette imbécillité est véhiculée depuis avec le « retour à la bougie » ou « l’âge des cavernes » ! Savaient-ils d’ailleurs, ces Nobel, qu’ils rentraient dans le jeu d’une agence de communication française pour l’industrie pharmaceutique ?
Vingt ans ont passé. Le discours est aujourd’hui très différent. Les écolosceptiques ont perdu du terrain. On découvre même qu’il y a des crimes de l’humanité contre la planète Terre*. Le « procès de l’humanité » s’est ouvert le 19 mai, préparation à la Conférence de l’ONU sur le développement durable à Rio en 2012*. « Il s’agit d’un procès civil pour déterminer si nous avons manqué à notre relation avec la planète » et pour voir « comment nous pouvons restaurer cette relation » Cette réflexion a pris la forme d’un procès car « nous en sommes arrivés à un point où une simple énième réunion avec un énième dialogue n’aurait pas eu d’impact ». L’humanité va donc se juger elle-même en pensant aux générations futures. « Quoi qu’il arrive, l’Histoire nous jugera », a déclaré à la presse le ministre suédois de l’Environnement. Les 18 prix Nobel du jury sont confiants : « Les décideurs vont nous écouter ».
Mais les décideurs politiques sont attentifs à d’autres voix que celle de la raison écologique, celle des électeurs. En ce moment, les députés UMP** ne veulent pas des mesures supplémentaires contrôlant la vitesse des automobilistes. Il faudrait cesser d’emmerder les Français. Quand le Premier ministre en appelle à « assumer ses responsabilités », il essuie une véritable bronca. Que feront alors les députés s’il s’agissait de voter une taxe carbone conséquente ! Or agir contre la vitesse sur route n’est qu’une des décisions à prendre pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Beaucoup de concitoyens ne savent pas encore que la vitesse est un crime contre la planète Terre, ils ne savent pas que leur empreinte écologique est démesurée, insupportable, irrationnelle. Il n’y a pas de « présumé coupable » puisque les dégradations causées par l’activité humaine sont amplement démontrées à l’heure de l’anthropocène. Il nous faut donc plaider coupable, et changer de mode de vie, sobriété énergétique, simplicité volontaire, Nicolas Hulot au pouvoir, etc. Mais scientifiques et politiques renâclent !
* LeMonde du 19 mai, Le procès de l’humanité s’est ouvert à Stockholm.
** LeMonde du 19 mai, La colère des députés UMP contre les décisions du gouvernement sur la sécurité routière.

2 réflexions sur “Rio 1992-2012 : le procès de l’humanité”

  1. mougel philippe patrice

    Nos responsabilités personnelles et collectives sont engagées. Nous ne pouvons pas rester indifférents au processus de destruction des civilisations humaines et de la biodiversité.
    L’ouvrage de jared Diamond : « Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » ( éditions Gallimard, 2006) pose bien le probléme.
    Pour ma part, je m’étais interrogé sur la destruction des civilisations antiques, dans une thèse : « Quand la sagesse ne fit plus école, généalogie des valeurs éducatives gréco-latines ». http://www.univ-rouen.fr/civiic/memoires…/Mougel_philippe.pdf
    Pour lutter contre l’entropie, j’ai depuis, exploré quelques pistes, vous pouvez consulter le rapport d’enquête « Intelligence collective et mobilité, Enquête trans-disciplinaire sur les freins et les leviers à la pluri-mobilité en Bourgogne … »
    http://www.alterre-bourgogne.fr/…/Mobilité/…mobilité/Rapport_mobilite_sommaire.pdf
    La mobilisation de l’intelligence collective et de notre réflexivité évaluative me semble aujourd’hui une nécessité et une urgence !…

  2. mougel philippe patrice

    Nos responsabilités personnelles et collectives sont engagées. Nous ne pouvons pas rester indifférents au processus de destruction des civilisations humaines et de la biodiversité.
    L’ouvrage de jared Diamond : « Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » ( éditions Gallimard, 2006) pose bien le probléme.
    Pour ma part, je m’étais interrogé sur la destruction des civilisations antiques, dans une thèse : « Quand la sagesse ne fit plus école, généalogie des valeurs éducatives gréco-latines ». http://www.univ-rouen.fr/civiic/memoires…/Mougel_philippe.pdf
    Pour lutter contre l’entropie, j’ai depuis, exploré quelques pistes, vous pouvez consulter le rapport d’enquête « Intelligence collective et mobilité, Enquête trans-disciplinaire sur les freins et les leviers à la pluri-mobilité en Bourgogne … »
    http://www.alterre-bourgogne.fr/…/Mobilité/…mobilité/Rapport_mobilite_sommaire.pdf
    La mobilisation de l’intelligence collective et de notre réflexivité évaluative me semble aujourd’hui une nécessité et une urgence !…

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