On avait tout essayé, généralisation du planning familial dans tous les pays, émancipation des femmes et scolarisation des filles, distribution de préservatifs dans les lycées, gratuité de la pilule, cours pour enfants et adultes sur la capacité de charge d’un territoire, connaissance généralisé de l’empreinte écologique, etc. Pourtant l’espèce humaine rajoutait encore et toujours 80 à 90 millions de personnes chaque année aux milliards déjà préexistants. Le monde était donc à feu et à sang depuis des décennies. On survivait difficilement avec des températures insupportables suite aux émissions de gaz à effet de serre du XXIe siècle, le choc pétrolier ultime avait multiplié par 780 le prix du baril dans la décennie 2050 au point de rendre le pétrole inaccessible pour des bourses déjà vides, des pénuries alimentaires extrêmes résultaient de l’effondrement de l’agriculture industrielle, la hausse du prix des biens de première nécessité était continue et désespérante, les villes tentaculaire sont devenues ingérables, des bandes armées incontrôlées se multiplient dans les banlieues et dévastent même des pays entiers, les soins sanitaires sont en déshérence un peu partout étant donné la faillite des systèmes de santé, des populistes font et défont les pouvoirs en place, des hordes de manifestants éructent leurs colères face à des gouvernements impuissants, la démocratie vacille… Pourtant la fécondité humaine restait vivace pour compenser les vides laissés par une mortalité extrême. Comme l’effondrement de la société thermo-industrielle avait entraîné une décroissance économique extrême, on n’avait plus d’argent pour faire autre chose que du contrôle démographique. Alors ce qu’il restait de l’ordre international organisa une rencontre de la dernière chance pour juguler la surpopulation. Il fallait taper vite et fort pour se faire entendre, d’où les décisions suivantes prises à l’unanimité :
– Obtenir un permis de parentalité devient une nécessité, on vérifie a priori la capacité des futurs parents à s’occuper durablement d’un enfant.
– Le permis de procréer devient obligatoire pour les couples, un seul enfant par femme devient la norme mondiale.
– L’égalité des sexes devant la contrainte de fécondité est respectée.
– Pour éviter toute récidive, la ligature des trompes est réalisée peu après l’accouchement.
– Aux hommes de s’adapter pour s’accoupler avec une femme nullipare s’ils veulent un enfant.
– Les hommes n’ont droit qu’à un seul enfant par couple.
– La vasectomie est pratiquée après une naissance en couple.
– Le couple parental devient indissociable pendant les 12 premières années de l’enfant.
– si une amniocentèse découvre une anomalie génétique, il y a avortement programmé.
– Si un nouveau-né souffre de déficience mentale ou physique, il est recyclé par humusation.
– Le suicide assisté est facilité pour toutes les personnes qui le désirent, quel que soit leur âge.
– L’euthanasie active pour les personnes en fin de vie résulte d’un échange entre toutes les parties concernées.
– Les personnes qui désirent vivre à tout prix doivent prendre en charge tous les frais propres à leur état.
– Un comité délibère dans le cas des personnes qui ont perdu toute conscience de leur état physique ou mental.
Les brigades vertes sont chargées de faire respecter le présent décret. Leur tâche est d’ailleurs facilitée par le fait que ces solutions radicales ont été acceptées par la grande majorité de la population ; les souffrances de la vie quotidienne endurées depuis longtemps par les familles faisaient en sorte que les gens avaient pris conscience qu’il n’y avait pas d’autre alternative. Par exemple les personnes en fin de vie acceptent facilement d’abréger leur existence puisqu’elles ont conscience qu’elles sont devenues une charge pour la société et pour leur famille.
NB : Bien entendu le présent texte n’est qu’affabulation, n’est pas Cassandre qui veut. Notez aussi que l’auteur/trice de ce texte écrit le 8 septembre 2063 veut conserver son anonymat, il risque encore aujourd’hui sa vie tant les natalistes et autres tenants du droit à la vie à tout prix règnent encore sur le monde actuel et pourchassent avec violence les rares malthusiens ou ce qu’il en reste.
Cette affabulation (sic Biosphère) ne nous avance à rien. Je pense que dans ce registre (dystopie) nous avons suffisamment de quoi réfléchir comme ça. L’auteur/trice de ce texte, qui n’a évidemment pas été écrit le 8 septembre 2063, peut très bien garder l’anonymat, je garde bien le mien. Aujourd’hui cet affabulateur/trice ne risque absolument rien, les natalistes et les curés ne lui couperont pas la tête.
En attendant, bien malin celui qui pourrait dire ce qu’il en sera en 2063.
Mais comme le but du jeu est de se projeter en 2063, dans ce monde décrit là, allons-y.
Seulement pour ça, encore faudrait-il déjà que ce monde puisse être imaginable, pour ne pas dire crédible. Dans un monde à feu et à sang depuis des décennies, avec une mortalité extrême, où le prix du Baril aurait été multiplié par 780, avec des températures insupportables etc. etc. (sic) je n’arrive pas à imaginer comment il ne resterait que seulement quelques rares malthusiens, ni comment les natalistes et les curés pourraient faire régner la terreur, ce serait alors le monde à l’envers. Je n’arrive pas non plus à imaginer comment l’espèce humaine pourrait «rajouter encore et toujours 80 à 90 millions de personnes chaque année aux milliards déjà préexistants ». Bref, heureusement que ce n’est qu’une affabulation.