Dans LeMonde du 11 octobre, deux pages pour le Nobel de littérature, une seule page pour la Grenelle I de l’environnement qui passe à l‘assemblée nationale française. Pourquoi attacher tant d’importance à un romancier ? Le jury parle de « l’aventure poétique et de l’extase sensuelle » portée par le Clézio, de « cet explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante ». N’importe quoi ! C’est d’ailleurs trahir la volonté d’Alfred Nobel pour qui son prix devait récompenser une « inspiration idéaliste »,
Gustave Le Clézio, le jour où il avait réfléchi, s’est exclamé : « L’univers de l’écrivain ne naît pas de l’illusion de la réalité, mais de la réalité de la fiction ». Mais le roman, support du rêve, n’est que l’instrument d’une fausse liberté ! Si vous aviez la patience de lire l’intégrale de Le Clézio, vous êtes sûr de finir aussi ignorants des réalités que lorsque vous avez commencé. L’écrivain projette le lecteur dans un monde fictif qui n’a pour principaux acteurs que des hommes centrés sur leur nombril. Sauf trop rares exceptions, c’est un point de vue anthropocentré qui s’exprime, nullement l’apprentissage des relations de l’homme et de la Nature, l’apprentissage de la convivialité sociale. Le « partage d’humanité » par le roman (selon une expression célèbre du Monde des livres) permet au lecteur de se replier dans une petite bulle confortable où il ne prête nulle attention aux malheurs de notre planète.
Ce n’est pas ainsi qu’on éduque les hommes ! On connaît la puissance du langage, la force de persuasion des mots et la magie des phrases. Encore faut-il que cela puisse ouvrir véritablement les yeux au monde. Des citoyens conscients ne liraient pas le Clézio, ils se passionneraient pour les débats autour du Grenelle de l’environnement…