Formidable, un dossier de 5 pages sur « l’ère du pétrole cher » qui ne fait que commencer (LeMonde du 5.06.2008).Mais qui croire ?
En page 14, dans la rubrique breakingsviews.com, Ian Campbell pense que le pétrole a connu son heure de gloire, les jours de la spéculation sont comptés, les hauts cours sont vulnérables, les prix du pétrole sont délirants. Pourtant dans le dossier, les analystes du Monde pensent au contraire que les positions spéculatives ne renchérissent le prix du baril que de 15 à 25 dollars. Jean Michel Bizat constate même que l’essence en France est moins chère qu’il y a trente ans. Selon les calculs de l’Institut français du pétrole, une heure de SMIC horaire en 1974 permettait d’acheter seulement 3 litres d’essence ; on passe à 5,2 litres en 1995, puis 5,1 litres en 2001 et aujourd’hui 4,5 litres encore. Olivier Appert, le président de l’IFP reconnaît que la vérité des prix est nécessaire pour que changent les habitudes et les comportements. Mais dans le même article, il souhaite que soit impossible le baril à 300 dollars en 2015, comme l’envisageait il y a deux ans Patrick Artus, directeur des études de la banque Natixis. Marc Jancovici de son côté prévoit qu’à l’avenir, « l’énergie a toutes les chances de devenir chère pour de bon ». On ne sait donc pas dans ce dossier quel va être le prix final du baril, mais au moins on se pose les bonnes questions, la dépendance énergétique de l’Europe, le risque inflationniste, le casse-tête du trajet quotidien…
Alors, Le Monde devrait supprimer cette rubrique breakingsviews.com qui ne nous apporte que délire libéral sur un pétrole offert gratuitement par la nature : il suffirait d’investir pour aller le chercher au centre de la Terre. Le Monde doit ensuite continuer sur la voie de l’explication comme elle le fait dans ce dossier pétrole, à lire de toute urgence.