Vivre comme un écolo implique des « sacrifices » qu’il vaudrait mieux pratiquer volontairement dès aujourd’hui plutôt que de les subir violemment demain. Réponse à quelques questions :
A) Faut-il devenir un moine écolo ?
Le mode de vie à l’occidentale est bien au-dessus des possibilités de la planète (cf. empreinte écologique), ce qui nécessite une cure d’austérité qui implique une sobriété personnelle importante. Or le pouvoir politique ne peut être efficace sans la simplicité volontaire des individus, d’autant plus que nous fonctionnons socialement par interaction spéculaire : « tu fais parce que je fais parce que nous faisons tous ainsi. » Le changement social résulte donc de notre exemplarité dans notre comportement écolo. Comme à l’impossible nul n’est tenu, à chacun de nous de faire son possible dans sa transformation personnelle. Mais il n’y a pas de possibilité d’une société juste sans un mouvement dont les militants n’essayent pas d’être aussi des « justes ».
B) Faut-il éviter de parler d’une vie sans téléphone portable devant des jeunes ?
Le constat de réalité concerne tout le monde, y compris les jeunes. La pédagogie ne consiste pas à faire croire au père Noël qui apporte gratuitement les dernières « tablettes » numériques au pied du sapin. De la part de responsables politiques, ce serait un comble de cacher aux utilisateurs les limites économiques, sociologiques et écologiques du portable en particulier et des écrans en général. Il faut lutter contre les stéréotypes sociaux, « le portable est absolument nécessaire », « la voiture rend libre »… alors que ces équipements nécessitent toute une organisation complexe, technique, gourmande en terres rares et d’autant plus difficiles à maintenir de façon durable. Préparons politiquement avec les jeunes l’avenir de nos générations futures, ne succombons pas aux délices du consumérisme et de l’aliénation.
C) Faut-il éviter de parler en terme de « tu dois » ?
L’éducation ne consiste pas à prôner la loi du moindre effort et à éviter les interdits. Il faut assurer des repères. La socialisation actuelle fait croire aux gens à la liberté individuelle totale alors que le système nous enserre dans un système de contraintes de plus en plus grandes ; notre pouvoir d’autonomie en est réduit d’autant. La liberté véritable n’existe que si nous avons conscience claire des contraintes. Nous devons nous forcer à redéfinir les techniques (douces) et les relations (conviviales) qui permettent de retrouver notre autonomie. Aussi nous ne disons pas seulement « tu dois », mais plutôt : « Tu dois chercher par toi-même le sens de ta liberté et retrouver ainsi le sens des limites. » Le pouvoir sur soi va avec le devoir envers les autres. En s’exprimant ainsi, nous ne culpabilisons pas les gens, nous leur disons simplement qu’ils possèdent eux-aussi le sens de la responsabilité : responsable, mais pas coupable !
D) Faut-il condamner le système plutôt que les individus ?
Il ne devrait pas y avoir de contradiction. L’écologie montre en effet que le tout et ses parties sont indissociables. C’est la somme des comportements individuels qui fait évoluer la société, mais c’est la société ainsi créée qui formate les individus. Il faut donc à la fois agir sur la chaîne et les maillons de la chaîne. Si on en reste à vilipender le pouvoir capitaliste et à manifester dans les rues, l’expérience historique montre que nous n’avons rien gagné. Le vainqueur des mouvements dans les pays arabes n’est pas la démocratie, mais une idéologie qui est plutôt son contraire. L’écologie est concrète. Par exemple la surconsommation est produite à la fois par le système de publicité et par l’achat « volontaire » de ses produits par le consommateur. A notre avis, l’écologie politique réclame à la fois la fin de la publicité (décision politique) et le changement du mode de consommation des individus (action personnelle). L’un est indissociable de l’autre, à chacun de prendre ses responsabilités sans se croire jugé.
E) Question diverses
A toi, lecteur, de les poser en commentaire, nous y répondrons…
Bonjour,
VOUS DITES : « Si on en reste à vilipender le pouvoir capitaliste et à manifester dans les rues, l’expérience historique montre que nous n’avons rien gagné ».
À qui vous adressez-vous ? Aux riches, ou à ceux qui survivent pauvrement et plus ou moins temporairement par malnutrition ? Aux propriétaires de yachts de luxe de plus de cent mètres ou à ceux qui font les poubelles pour manger ?
Croyez-vous vraiment que vos petits mots pourraient être entendus par les grands parasites capitalistes ? Dans un monde où pullulaient les curés prêchant l’amour, et qui eux aussi s’adressaient indifféremment aux riches et aux pauvres, croyez-vous vraiment qu’on aurait pu se passer de la politique, des syndicats et des manifs pour qu’on arrête d’envoyer des enfants de six ans travailler dans les mines ? Savez-vous qu’à la même époque, il fallait très souvent passer d’abord chez l’usurier pour ensuite se faire soigner…
Par ailleurs, vous en voyez tant que ça, vous, des manifs de rue ? Moi, je vois surtout des guerres coloniales se déclarer, des peuples maintenus dans la léthargie et l’analphabétisme politique. Je vois surtout des exploités sourds aux exhortations des militants syndicalistes. Ils seront tout aussi sourds à vos propos, soyez en sûr par avance, comme vous le serez aux miens… Par ailleurs encore, nous savons bien que si chacun pollue moins mais que le nombre des pollueurs augmente, la planète n’aura rien gagné…
VOUS : « l’expérience historique montre que nous n’avons rien gagné ».
Ah, bon ? Sur quelles études sérieuses vous basez-vous ? Demandez donc à un vieux qui touche une retraite, même modeste, depuis trente ans s’il pense n’avoir rien gagné par rapport à son grand-père, qui lui n’a eu droit à rien. Vous connaissez des gens qui refusent leur retraite de la Sécu ? Vous comptez le faire vous-même ? Par souci écologique ? Ça aurait de la gueule…
Mais j’espère encore que vous plaisantiez…