Vivre dans une société sans école, le rêve

Trop d’études tue les études, choisissons la Déscolarisation. Dans Le changement climatique expliqué à ma fille, Jean-Marc Jancovici nous explique : « Les gens ne comprennent pas qu’en détruisant la planète, on détruit également les conditions de la stabilité et de la prospérité de nos descendants, et que les générations futures, c’est toi (ma fille), ta classe de collège, et toutes les classes d’enfants du monde. On peut encore éviter le pire. Cela implique d’accepter de ne pas faire des études longues à la fac, mais de devenir agriculteur ou menuisier. Cela peut paraître révolutionnaire, désacraliser l’école et pourfendre allongement des études, c’est pourtant dans l’air du temps.

Sylvie Lecherbonnier : Le livre « L’Emprise scolaire » (sous-titré Quand trop d’école tue l’éducation) de François Dubet et Marie Duru-Bellat étudie le poids de l’école depuis le début de la massification scolaire dans les années 1950. Au cours des cinq dernières décennies, le taux de bacheliers a été multiplié par quatre. Le nombre d’étudiants a, lui, presque doublé depuis 2000, au point qu’« être étudiant est devenu la façon normale de vivre sa jeunesse. » L’allongement continu des études et la primauté des savoirs académiques sont-ils encore souhaitables ? Non, répondent les deux sociologues. Car le « toujours plus d’école se retourne aujourd’hui  contre les élèves ». En cinquante ans, les hiérarchies professionnelles se sont en grande partie calquées sur les hiérarchies scolaire. Plus le nombre de diplômés augmente dans la population, plus la concurrence se durcit et plus les stratégies des plus favorisés et des plus informés se complexifient pour décrocher le diplôme le plus rentable.

Dans cette « course sans fin », les non-diplômés trinquent et  même pour un bac + 5, l’avantage se réduit au fur et à mesure que la part de la population qui en dispose augmente. Ainsi, « le spectre du déclassement » grandit, et avec lui « l’amertume de ceux qui, grâce à la démocratisation, obtiennent des diplômes plus élevés que leurs parents et découvrent que ce n’est pas encore suffisant»… Les vainqueurs du tri scolaire se sentent légitimes alors que les vaincus se sentent ignorés et méprisés. Il s’agit dorénavant de revoir la hiérarchie des savoirs et des métiers, de « multiplier les mérites » pour sortir du tout-académique.

Le point de vue des écologistes qui ont de la mémoire

Rien de nouveau sous le soleil. Ces chercheurs ne font que reprendre la thèse d’Ivan Illich, « une société sans école » (publié en 1971!) : « L’institution tenue pour sacrée légitime un monde où la grande majorité des individus sont stigmatisés comme recalés tandis qu’une minorité seulement sortent de ces institutions avec en poche un diplôme qui certifie leur appartenance à une super-race qui a le droit de gouverner…. »

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une société sans école

extraits : Ivan Illich : « L’éducation « universelle » prépare à une société qui est en train de faire faillite : les emplois dans le secteur industriel et tertiaire vont plus ou moins brutalement s’effondrer définitivement. La mobilité géographique et professionnelle que prépare la scolarisation universelle deviendra impossible à celui qui sortira du système éducatif trop tôt.La scolarisation fait office de portier à l’entrée des boulots ; or le marché du travail disparaît. L’obsession de notre société qui oblige les enfants des bas quartiers (et du Tiers-monde) à fréquenter les écoles des bas quartiers est une cruauté absurde…. »

Décroissance, pour une société sans école !

Extraits

Gandhi : « Lorsqu’il faut choisir entre liberté et érudition, qui ne dira que l’on doit mille fois préférer la première à la seconde. Les jeunes gens que j’ai invités à sortir, en 1920, de ces citadelles de l’esclavage qu’étaient leurs écoles et leurs universités seront probablement à même de remonter aux sources du conseil que je leur ai donné : mieux valait demeurer illettré et casser des cailloux pour l’amour de la liberté que de chercher à acquérir une culture littéraire sans cesser d’être enchaîné comme un esclave. »….

Illich : « L’invention de l’éducation, nouvelle voie vers le salut, est proposée par Comenius à la fin du XVIe siècle. L’apprentissage allait être vu comme le fruit d’un enseignement par des maîtres professionnels et comme un curriculum, littéralement une course. Puis au cours du XXe siècle a été découverte une nouvelle raison de l’éducation universelle et obligatoire. L’école a été définie comme nécessaire pour le travail. J’ai appris avec stupéfaction que la direction sanitaire de la ville de New York excluait les boueux qui n’avaient pas leur baccalauréat ! »….

Post-covid, pour une société sans école

extraits : L’école des parents est essentielle dans la formation cérébrale, c’est elle qui formatera par la socialisation primaire des personnalités actives ou passives. L’école, attachant les élèves à leurs chaises pendant des années et des années, n’est qu’une création du système thermo-industriel qui a chassé les paysans de leurs terres et rendu l’école obligatoire pour trouver du travail ailleurs, « en sachant lire, écrire et compter ». Les profs ne sont utiles que pour la pérennité d’une orientation professionnelle qui trie les élèves vers les métiers annuels pour ceux qui ne sont pas jugés aptes aux études longues….

9 réflexions sur “Vivre dans une société sans école, le rêve”

  1. Par simple curiosité

    7 après… qu’il lui ait, ou plutôt qu’il leur ait… expliqué le changement climatique, et qu’elles ne devaient pas faire de longues études, pour devenir agricultrices ou menuisières… je serais curieux de savoir où en sont aujourd’hui les fifilles de Janco.
    Mais combien en a-t-il au fait ? Si quelqu’un a des infos… 🙂

  2. Les socialo-communistes veulent surtout une société sans école pour que l’ensemble de la population soit mal instruite, c’est plus facile d’imposer une dictature dans ces conditions, comme dans les pays du tiers monde.
    Ben oui, le savoir c’est le pouvoir… mais les socialo-communistes veulent surtout tout le pouvoir sans partage, bref la population n’a plus le droit au chapitre (comme déjà bien des sujets actuellement, comme par exemple le sujet de l’immigration où la population est déjà brimée)

    1. On peut aussi imaginer que les dictatures veuillent une école pour formater les gens, on voit bien qu’en Corée du Nord, les enfants sont endoctrinés dès le plus jeune âge.

    2. Didier Barthès a raison. ON pourrait, là encore, prendre Cuba en exemple.
      Avec un taux d’alphabétisation de 100%, tout le monde là-bas peut lire Marx, Proudhon, Illich et Jean Passe. Et donc être formaté à leurs idées. Pas comme “chez nous » quoi.

      1. C’est d’ailleurs pourquoi les cubains sont si heureux qu’ils souhaitent émigrer aux Etats Unis, tandis qu’en sens inverse…

        1. Oh que c’est petit ça, Monsieur Barthès ! Bon nombre de Ricains feraient peut-être bien d’émigrer à Cuba. Je dis bien peut-être…
          – Illetrisme : un Américain sur sept incapable de lire correctement (actualitte.com)
          Quant aux Gaulois, c’est guère plus brillant :
          – « 𝗘𝗻 𝟮𝟬𝟮𝟮, 𝟭𝟬% 𝗱𝗲𝘀 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗼𝗻𝗻𝗲𝘀 𝗮̂𝗴𝗲́𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝟭𝟴 𝗮̀ 𝟲𝟰 𝗮𝗻𝘀 𝗲́𝗽𝗿𝗼𝘂𝘃𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗱𝗶𝗳𝗳𝗶𝗰𝘂𝗹𝘁𝗲́𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗼𝗺𝗮𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗳𝗼𝗻𝗱𝗮𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝘂𝘅 𝗱𝗲 𝗹’𝗲́𝗰𝗿𝗶𝘁. » (Les nouveaux chiffres de l’illettrisme en France – Avril 2024 – anlci.gouv.fr)

  3. Mais que diable pourrait-ON rajouter, qui n’ait été déjà dit et redit ? Mon dieu ce qu’ON se répète, mon dieu ce qu’ON aime tourner en rond, sur ce blog.
    Comme aujourd’hui encore sur l’École. Cette formidable machine à formater nos pauvres gamins à la Pensée Unique (Tiens-toi droit, écoute ton maître, finis ton assiette, marche dans les clous, pense modérément, regarde TF1 etc.)
    Ou comme dit l’autre, crétin… « La fabrique du crétin » (Jean-Paul Brighelli).
    Là encore, génie pour l’un, crétin pour l’autre, choisis ton camp camarade !

    Ah oui ça y est j’ai trouvé, de quoi en rajouter. Dans une société sans école… adieu toutes ces histoires d’interdictions du Portable, du Voile, du String et j’en passe. Le rêve ! 🙂

    1. Plus sérieusement quoique, lire évidemment Ivan Illich : Une société sans école (1971)
      Et tous ces articles (en lien), et tous ces commentaires, des uns et des autres.
      Et après ça imaginons… une société sans école. Et en même temps sans Portable, sans Publicité, sans Armée, sans flics, sans casernes, sans prisons…
      Allons soyons fous… une société sans usines, sans bagnoles, sans aéroports, sans temples de la Compétition, et encore moins de la Consommation, sans curés en tous genres. Un peuple de casseurs de cailloux et de tailleurs de silex. Le rêve ! 🙂

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