Chaque fascicule des « Précurseurs de la décroissance » est consacré aux écrits d’une personnalité, Ivan Illich pour le dernier paru (janvier 2019). Le philosophe Thierry Paquot commence par une biographie significative de la complexité d’une personne jugé « inapte » lors d’un test à l’école primaire, mais qui a pourtant maîtrisé plus d’une dizaine de langues et écrit des livres aussi important qu’« une société sans école » (1971) ou « Énergie et équité » (1973). Dans une deuxième partie qui fait à peu près la moitié de cet essai, nous pouvons lire des extraits de textes d’Ivan Illich qui montrent sa constante recherche de la meilleure analyse possible d’une société dont il pensait qu’elle courait au désastre. Sa pensée aussi anticonformiste que stimulante sert de référence à plus d’un décroissant en actes. Si Illich n’utilise jamais le mot « décroissance », il développe des idées comparables comme contre-productivité de l’outil, disvaleur, frugalité, perte des sens et sens des limites. Il oppose à la société de croissance l’univers du vernaculaire, du hors marché, de l’autolimitation. Son ascèse vécue ne trouve sa réalisation qu’avec l’amitié, en quête du mieux-être : « La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être. » Grâce à ce petit livre (114 pages pour 8 euros), on pourrait multiplier les citations d’un homme à la recherche de la juste mesure des choses. (cf. le site JNE)
pour en savoir plus sur Ivan Illich
1973 La convivialité
1973 Énergie et équité
1992 postface à Némésis médicale
2004 La perte des sens (recueil posthume de textes d’Ivan ILLICH)
Pour en savoir plus sur la collection « Précurseurs de la décroissance » (24 titres)
Une collection dirigée par Serge Latouche
Serge Latouche : Jacques Ellul contre le totalitarisme technicien (2013)
Étienne Helmer : Épicure ou l’économie du bonheur
Chantal Guillaume : Charles Fourier ou la pensée en contre-marche (Si le précurseur de la décroissance se définit comme celui qui annonce et pressent les dysfonctionnements d’un système économique productiviste qui n’en est qu’à ses linéaments, Fourier y correspond tout à fait. (Biosphère)
Frédéric Rognon : Lanza del Vasto ou l’expérimentation communautaire
Édouard Schaelchli : Jean Giono pour une révolution à hauteur d’hommes
Renaud Garcia : Léon Tolstoï contre le fantasme de toute-puissance
Serge Latouche : Cornelius Castoriadis ou l’autonomie radicale
Françoise Gollain : André Gorz pour une pensée de l’écosocialisme
Claude Llena : Lao-tseu et les taoïstes ou la recherche d’une vie harmonieuse
Renaud Garcia : Pierre Kropotkine ou l’économie par l’entraide
Vincent Gerber et Floréal Romero : Murray Bookchin pour une écologie sociale et radicale
Étienne Helmer : Diogène et les cyniques ou la liberté dans la vie simple
Thierry Paquot : Lewis Mumford pour une juste plénitude
Mohammed Taleb : Theodore Roszak vers une écopsychologie libératrice
Stéphane Lavignotte : Serge Moscovici ou l’écologie subversive
Serge Latouche : Baudrillard ou la subversion par l’ironie
François Jarrige : Gravelle, Zisly et les anarchistes naturiens contre la civilisation industrielle
Geneviève Azam et Françoise Valon : Simone Weil ou l’expérience de la nécessité
Agnès Sinaï : Walter Benjamin face à la tempête du progrès
Renaud Garcia : Alexandre Chayanov pour un socialisme paysan
Stéphane Leménorel : George Orwell ou la vie ordinaire
Daniel Cérézuelle : Bernard Charbonneau ou la critique du développement exponentiel
Florent Bussy : William Morris ou la vie belle et créatrice
Thierry Paquot : Ivan Illich, pour une ascèse volontaire et conviviale (janvier 2019)