Presque toutes les zones identifiées en 2008 comme les plus sensibles au réchauffement – de la Mésopotamie au Levant en passant par le Yémen, le Sahel et l’Afrique du Nord –, ont basculé sept ans plus tard dans l’instabilité ou le chaos. Mais la variable démographique et toujours présente, que ce soit pour expliquer le réchauffement climatique (cf. équation de Kaya) ou expliquer les guerres. Comme l’écrivait le philosophe Gaston Bouthoul, la guerre sert d’infanticide différé !
En sept ans, la guerre du Yémen aura causé la mort de 377 000 personnes, d’ici à la fin de 2021. Selon l’estimation publiée par les Nations unies, 150 000 morts sont dues aux combats, et environ 227 000 aux conséquences indirectes du conflit, comme le manque d’eau potable, la famine ou les maladies. La guerre du Yémen dure depuis sept ans. L’escalade des combats, y compris les batailles de chars et les bombardements réguliers par des avions et des drones, a détruit dans certaines zones même les infrastructures les plus élémentaires. Des millions de personnes sont au bord de la famine, les deux tiers des Yéménites dépendant de l’aide humanitaire, selon l’ONU. La faute à la surpopulation.
Au Yemen en 1951, il y avait moins de 4,7 millions d’habitants. Ce pays a dépassé 30 millions d’habitants en 2021 et on prévoit plus de 52 millions de personnes en 2060. Presque aussi vaste que la France, le Yémen est en grande partie désertique. Comment vivre en paix avec une telle surpopulation ? Le taux de croissance de la population était de 5,28 % en 1993 , il reste encore à 2,3% de variation annuelle en 2020, ce qui signifie que la population double encore tous les 30 ans. Le taux de fécondité est de 3,70 enfants par femme en 2019, ce qui entraîne plus de 900 000 naissances chaque année pour 190 000 décès. Certains optimistes croient encore au miracle. Dans « The Human Tide » (la marée humaine), le britannique Paul Morland se veut anti-malthusien : « Thomas Malthus, avec son Essai sur le principe de la population (1798), explique que toute croissance démographique débouche sur une pénurie de nourriture. Mais la révolution industrielle a changé tout ça, permettant d’échapper à ce piège malthusien. Les « limites naturelles » théorisées par Malthus ont ainsi été abolies grâce à l’inventivité humaine qui a multiplié et globalisé les ressources. Et d’un autre côté, nous avons réduit les taux de fécondité, en dissociant la sexualité de la reproduction. Les taux baissent partout, même au Yémen. » Certes on prévoit encore une baisse des taux après 2070, mais il sera trop tard pour accédée au développement dans un pays dévasté et avec une pénurie de ressources mondiales, y compris fossiles, sans oublier le réchauffement climatique qui fera du Yemen une chaudière.
Dans les années 1970, le philosophe Gaston Bouthoul a pu définir la guerre comme un infanticide différé. « Quoi de plus étrange que la sempiternelle succession des guerres et des paix ? » Il en vient vite à constater que les violences armées ont un seul point commun : elles détruisent des vies humaines et, ce faisant, empêchent d’autres vies humaines de voir le jour. Tout se passe comme si cette destruction aurait pour fonction fondamentale de résorber les excédents de population. L’inflation démographique a provoqué ce qu’il appelle une « surchauffe belligène » . Pour M. Bouthoul, il s’agirait là d’un phénomène de fuite en avant. Il ne voit pas d’autre manière de l’éviter que la planification rigoureuse des naissances, impliquant, si nécessaire, des mesures de contrainte. Puisque la vaccination est obligatoire, demande-t-il, pourquoi la limitation des maternités ne le serait-elle pas ? Le seul moyen de mettre fin aux guerres, c’est à son avis l’avènement de « l’ère de la population contrôlée », qui « mettra fin à une période de l’histoire, celle de l’homme à bon marché ».
Pour agir avec l’association Démographie responsable,
https://www.demographie-responsable.org/
Sur la surpopulation dans différents pays, nos articles antérieurs :
Le Bangladesh, en route pour l’enfer
Démographie, le Brésil en perdition
Surpopulation française, une réalité vraie
« »Au Yemen en 1951, il y avait moins de 4,7 millions d’habitants. Ce pays a dépassé 30 millions d’habitants en 2021 et on prévoit plus de 52 millions de personnes en 2060. « » En 100 ans la population aura été multipliée par x 11 rien que ça ! Même la France n’a jamais connu une croissance aussi rapide de sa population !
Ben oui ! La surpopulation ! On le voit nettement, la croissance démographique est largement supérieure à la croissance économique, autrement dit à la croissance de ressources naturelles, croissance de produits finis, croissance d’eau, croissance d’électricité, croissance de logements….
Ben oui, il faut bâtir des logements pour accueillir de la population supplémentaire, soit de la croissance de béton et notamment des terrains constructibles
Ben oui ce sera la guerre !
– « On le voit nettement, la croissance démographique est largement supérieure à la croissance économique »
Ajustons nos lunettes. Pour voir ce qu’il en est, réellement, de la population comme de l’économie mondiale… on peut même remonter au début de notre ère (des données et des études sont à notre disposition). Regardons depuis le début du 20ème siècle :
1) Population : 1,63 milliard en 1900. Et 2,56 milliards en 1950 (=> x 1,57 en 50 ans)
Et 7,75 milliards en 2020 (=> x 3,02 en 70 ans. Et/ou x 4,75 en 120 ans )
2) Economie : de 1913 à 1950 (malgré 2 guerres mondiales) le PIB mondial a doublé. En 2011 le PIB mondial est 8,7 fois plus élevé qu’en 1950. C’est une période inédite dans l’histoire, puisque le PIB mondial n’avait jamais augmenté autant auparavant (je laisse à chacun le loisir de vérifier).
Oui mais le PIB va décroître aussi vite que la déplétion d’énergies fossiles ! On sera de plus de plus nombreux pour devoir se partager de moins en moins ! Y compris sur le plan alimentaire, lorsque le pétrole mais aussi les phosphates vont décroître.
– « il faut bâtir des logements pour accueillir de la population supplémentaire, soit de la croissance de béton et notamment des terrains constructibles »
En attendant, on construit toujours plus d’infrastructures (bâtiments, routes, stades, aéroports, centrales etc.) et la Raison n’est pas parce que nous sommes de plus en plus nombreux.
Peux tu nous parler de l’état des lieux des ressources au Yemen, et principalement un bilan des ressources alimentaires et en eau ? Quel est le taux d’autonomie alimentaire du pays ? Et combien le pays peut-il nourrir d’habitants ?
Il n’y a pas croissance de ressources naturelles et encore moins d’eau.
Nous avons juste consommé + de ressources et + d’eau auxquelles nous ne devions pas avoir accès, celles du sous-sol, qui auraient dû rester -au moins pour l’eau- des stocks stratégiques qui comptent comme du capital naturel. Avant que l’homme moderne n’aillent avec ses sales pattes fouiller et extraire les ressources souterraines, il se contentait de prélever les intérêts annuels de biomasse, eau, etc. L’abondance moderne prépare la rareté de demain!
Le titre est trompeur, il laisse entendre que la surpopulation est la Cause de tous ces morts. La Cause c’est la guerre. Seulement on me dira que la Cause de la guerre c’est la surpopulation. Et comme avec la Poule et l’Oeuf on n’en sortira pas. En attendant, tout ce qu’on peut dire c’est que les causes de la guerre sont multiples, et que le Pourquoi de la guerre reste une drôle d’énigme.
– « Pourquoi la guerre ? » ( Le journal de la philo : sur France Culture 14/04/2018 )
Comment pourrions-nous expliquer que c’est la surpopulation qui fut la Cause des deux guerres mondiales du 20ème siècle ? (18 millions de morts pour la première, plus de 60 millions pour la seconde)
Les chiffres aussi peuvent être trompeurs. L’augmentation du nombre de conflits depuis disons 1945, semble corrélée à l’augmentation de la population. Seulement les conflits postérieurs à 1945 n’ont entraîné la mort «que» de 41 millions de personnes. On peut voir aussi que le nombre des victimes des guerres augmente considérablement depuis l’invention de la dynamite. Que peut-on déduire de tout ça ?
– « L’économiste anglais, Max Roser, de l’université d’Oxford a minutieusement construit plusieurs graphiques (clic pour agrandir), notamment celui en entête qui présente le taux de mortalité global de la guerre au cours des 600 dernières années et il dresse un tableau étonnamment optimiste. »
( source : article du 29 Juin 2015 sur gurumed.org )
Logiquement, l’augmentation des populations ne peut qu’accroître la probabilité de rencontrer un autre humain et donc d’accroître de potentiels conflits.
Les raisons de la guerre sont multiples avec des effets cocktails (Molotov)!
On peut dire aussi, et tout aussi logiquement, que l’augmentation des populations ne peut qu’accroître la probabilité de rencontrer un autre humain et donc d’accroître de potentielles galipettes. 🙂