Démographie, le Brésil en perdition !

Les médias présentent la pauvreté comme causée par beaucoup de choses, mais jamais par une trop forte démographie. Rectifions ce qu’écrit LE MONDE. Le nombre de pays qui sombrent dans l’extrême pauvreté montre que nous sommes à un tournant historique, passant de l’euphorie de la société thermo-industrielle à la fin des énergies fossiles. Venezuela, Nigeria et maintenant le Brésil. Ce pays compte 61 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2021, soit près d’un Brésilien sur trois. L’extrême pauvreté (c’est-à-dire les personnes vivant avec moins de 1,90 dollar) toucherait 19,3 millions de Brésiliens. Ils vivent en situation de grave insécurité alimentaire. Le chômage culmine désormais à 13,7 % (mais atteint jusqu’à 36 % chez les plus pauvres). L’inflation touche les produits les plus essentiels du quotidien : l’essence (+ 39 % sur un an), le kilo de riz (+ 32 %), de haricots (+ 40 %), l’huile de soja (+ 67 %).

Pourquoi la pauvreté ? D’abord pour des raisons conjoncturelles. La crise sanitaire a entraîné une récession planétaire, l’augmentation généralisée du baril de pétrole a fait flamber le prix de l’énergie. Trop d’humains, trop de besoins, la raréfaction d’une ressource naturelle pèse sur son prix. Pour ne rien arranger, le Brésil a également été frappé, ces derniers mois, par une sécheresse historique, mettant à mal la production agricole dans un pays où l’agro-négoce pèse pour plus d’un quart du produit intérieur brut (PIB). Trop d’automobilistes, trop d’automobiles, le réchauffement climatique s’ensuit. Le gouvernement de Jair Bolsonaro coupe dans les aides sociales, la banque centrale relève de 1 point son taux directeur, à 6,25 %, rendant la vie à crédit impossible. On va découvrir que l’argent ne se mange pas.

Encore faudrait-il aborder plus directement la question démographique pour avoir une vision plus structurelle de la situation brésilienne. Une population de 212,6 millions (2020), c’est beaucoup trop. Le Brésil est devenu le 6e pays le plus peuplé au monde. Lors du premier recensement effectué au Brésil en 1872, ce pays ne comptait que 10 millions d’habitants, ce qui signifie que sa population a été multipliée par plus de 21 en 150 ans… Une telle progression est ingérable. La faute d’abord à la colonisation par flux migratoire. La croissance démographique du Brésil a été longtemps soutenue par une très importante immigration européenne, au XIXe siècle et au premier quart du XXe siècle. On impose la langue, le portugais, et on détruit les structures ancestrales des autochtones. Une politique de grand remplacement ? Puis l’accroissement naturel devient la cause quasi exclusive de la croissance démographique brésilienne. La deuxième phase de la transition démographique, fort taux de natalité par inertie culturelle et chute de la mortalité par les avancées de l’hygiène et de la médecine, s’accompagne d’une explosion idéographique. Difficile pour un pays émergent d’arriver à un développement économique suffisant pour faire baisser assez rapidement le nombre de naissance. Aujourd’hui le taux de fécondité est de 1,72 enfants par femme (2019), moindre que le taux de remplacement. Mais la part très importante de la population en âge de procréer entraîne encore un taux de croissance de la population de 0,7% en 2020 : décélération et non diminution de la population. Entre 2005 et aujourd’hui, le nombre de personnes est passé de 184 millions à 213 millions. Comment nourrir suffisamment et faire vivre décemment 29 millions de personnes de plus en 15 ans seulement ? Impossible.

L’espace vivable et viable, non extensible en superficie sauf guerre de conquête, se réduit en proportion de l’accroissement démographique. En 1872, le Brésil avait une densité moyenne de 1,2 habitant/km2. Aujourd’hui la densité moyenne paraît faible, 25 hab./km², mais la forêt amazonienne couvre une superficie de plus de 5,5 millions de kilomètres carrés pour une superficie totale du Brésil de 8,5. La course sans fin entre population et alimentation ne peut qu’aboutir à la famine, aux guerres et aux épidémies comme le prévoyait Malthus.

Lire aussi, Bolsonaro au Brésil, le massacre de l’Amazonie

Le taux d’urbanisation est de 90 %, ce qui veut dire que les Brésiliens sont pour leur presque totalité dépendant de ressources agricoles dédiées pourtant pour l’essentiel à l’exportation. Le Brésil était présenté en 2011 par LE MONDE comme « la nouvelle ferme du monde ». L’article était dithyrambique, le Brésil « puissance agro-exportatrice, performances agricoles impressionnantes, vastes exploitations à double récole… ». Rien n’y manquait, même pas le panégyrique de la mécanisation poussée, de l’élevage intensif et des transgéniques. Or, non seulement l’agriculture d’exportation se fait au détriment de la culture vivrière, mais elle pousse à l’exode rural et à la paupérisation. De plus l’exportation de produits agricoles veut dire exportation d’une partie des qualités du sol. L’équilibre entre population et ressources alimentaires est donc bien compromis. Il faudrait d’urgence instaurer un programme malthusien, maîtriser la fécondité brésilienne. On fait tout le contraire.

Le président Lula avait annoncé en 2007 un nouveau programme de planning familial prévoyant notamment une réduction de 90 % du prix des contraceptifs. Pour les hommes, les démarches d’accès à la vasectomie étaient facilitées dans le système public de santé. Avec Jair Bolsonaro, le planning familial n’est plus au programme. La seule proposition en la matière consiste à supprimer toute éducation sur la sexualité à l’école : « La sexualité doit être abordée seulement au sein des familles. » Notons aussi que le Brésil n’autorise l’avortement qu’en cas de viol, fœtus atteint d’anencéphalie ou danger pour la vie de la femme. C’est pourquoi le nombre d’avortements clandestins s’élève à 800 000 par an et coûte la vie à 4 000 femmes. Depuis 2020 en cas de viol, la législation s’est durcie : la femme devra « raconter en détail » ce qui s’est passé et risquera des poursuites si elle ne peut pas prouver ses dires . Le personnel médical est obligé de proposer à la femme de voir le fœtus par échographie avant l’opération.

NB : Le Portugais Joao Abegao a réalisé un site Web, l’Atlas de la surpopulation humaine. Cet Atlas lui a servi de mémoire de maîtrise. Il peut être téléchargé gratuitement sur le site Internet. Pour Joao, la surpopulation humaine est indissociable de la perspective d’un effondrement civilisationnel. Pour aborder collectivement la question démographique, vous pouvez adhérer à l’association Démographie Responsable :

https://www.demographie-responsable.org/

8 réflexions sur “Démographie, le Brésil en perdition !”

  1. Dénataliste au nez rouge

    – « Le président Lula avait annoncé en 2007 un nouveau programme de planning familial prévoyant notamment une réduction de 90 % du prix des contraceptifs. Pour les hommes, les démarches d’accès à la vasectomie étaient facilitées dans le système public de santé. »

    Finalement il est bien ce Lula. D’ailleurs il suffit de voir la panoplie de décorations qu’il arbore (Grand-croix de l’Ordre national du Mérite, Grand-croix de l’Ordre de la Légion d’honneur, Membre de l’Ordre d’Excellence, Chevalier de l’Ordre de l’Éléphant et Jean Passe).
    Lula a récemment déclaré qu’il annoncerait en début d’année prochaine s’il sera candidat ou pas à la présidentielle d’octobre 2022, à laquelle il est donné grand favori. Quel coquin, encore un qui aime entretenir le suspense.
    Et au fait… de quel bord il est ce Lula ? Côté riches ou, comme moi, côté pauvres ?
    En attendant, Bolsonaro lui, au moins on sait.

  2. « son agriculture lui permet largement de quoi nourrir ses 213 millions d‘habitants, etc. etc. »
    Ah oui ? Ceci n’ est pas prouvé à moins que vous n’ ayez trouvé un  » agronome  » de gauche) et si cela était , cela se fait / ferait au détriment de la forêt amazonienne et de sa flore / faune très riche et variée .
    Mais j’ oubliais , l’ existence de l’ homme est la chose la plus importante qui soit pour vous avant tout le reste mais c’ est loin d’ être mon cas !

    1. Esprit critique

      C’est comme si on disait que les Esquimaux ne peuvent pas vivre sans frigos.
      Le Brésil ce n’est pas Monaco, ni l’Arabie Saoudite, ce n’est pas pour rien qu’on dit du Brésil qu’il est «ferme du monde». Pas besoin d’être super diplômé en agronomie pour dire que le Brésil peut largement nourrir ses 213 millions d’habitants. Et ce sans avoir besoin de bousiller encore plus la forêt amazonienne. Il suffit déjà d’aller faire un petit tour sur Wikipedia (Agriculture au Brésil), et bien sûr d’aller vérifier tout ça ailleurs.
      Seulement quand on a affaire à quelqu’un qui (comme vous) a décidé de penser le contraire, ça ne sert à rien d’argumenter. Misère misère !

  3. Parti d'en rire

    – « Les médias présentent la pauvreté comme causée par beaucoup de choses, mais jamais par une trop forte démographie »

    Satanés me(r)dias, va ! Pourquoi la pauvreté ? Probablement inspiré par La Palice, Malthus nous a dit que ce sont les pauvres qui font la pauvreté. Et que pour en finir de la pauvreté yaca éliminer les pauvres. C’est là une théorie comme une autre, ce qui ne veut pas dire que toutes les théories se valent. Pareil des opinions, des points de vue etc.
    En se servant de l’histoire (la sienne) Zemmour, par exemple, nous «démontrerait» que la pauvreté est due aux migrants. D’un certain point de vue il a raison. Pour ce qui est du Brésil, alors yaca renvoyer une bonne partie des Brésiliens, blancs, d’où ils viennent. Basta ! Au Portugal !
    Oui mais non, ne faisons pas dire à ce pauvre petit bonhomme ce qu’il ne pense pas, le Problème ce ne sont pas les Portugais, ni les blancs, ce sont les Autres ! Ben voyons !

    1. Esprit critique

      Et d’un autre côté Lula nous dirait que la pauvreté au Brésil est due aux inégalités, sociales et raciales, etc. Alors qui dit vrai ? Biosphère peut-être ?
      Avec une densité de 25 hab/km2 et un taux de fécondité de 1,72 enfant/femme, comment la démographie pourrait-elle être la mère de toutes les misères du Brésil ?
      Oui mais non, faut comprendre déjà que compte tenu de la superficie de la forêt amazonienne, 25 habitants au km2 c’est beaucoup trop.
      Oui mais alors… Bolsonaro a raison… yaca raser toujours plus la forêt.

      1. On peut toujours raconter n’importe quoi, et déconner toujours plus.
        En attendant, le Brésil est un pays riche. La plus grande économie d’Amérique latine, dans le Top-Ten des grandes puissances économiques mondiales, le Brésil fabrique entre autres des avions et des sous-marins, son agriculture lui permet largement de quoi nourrir ses 213 millions d‘habitants, etc. etc.
        Le Brésil est un pays riche rempli de pauvres. La cause de la pauvreté ce n’est pas les pauvres, ni le (sur)nombre, ni le Tabou et patati et patata. Les responsables de la pauvreté ce sont les riches, tout connement.

    2. « mais non, ne faisons pas dire à ce pauvre petit bonhomme ce qu’il ne pense pas » l

      Bien sûr , vous, vous évoluez à des hauteurs sidérales , à des années – lumière de ce pauvre petit bonhomme , vous heurtez de votre vaste front la voûte céleste .
      Vous êtes bien représentatif de cette gauche méprisante , gonflée de suffisance , gorgée à l’ extrême de moraline , se croyant au – dessus de tous .
      J’ ose espérer et cela prend tournure que votre futur et celui de vos amis en gauchisme s’ annonce cauchemardesque !
      L’ annihilation (dans tous les sens du terme) de la gauche et assimilée (LR et LREM) sera pour nous un motif d’ immense réjouissance

      1. Ultime stratagème : L’INSULTE.
        Lorsque on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos blessants et grossiers. Être désobligeant, cela consiste à quitter l’objet de la querelle (puisqu’on a perdu la partie) pour passer à l’adversaire, et à l’attaquer d’une manière ou d’une autre dans ce qu’il est.

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