Raison et déraison, qui donc est irrationnel ? Les signataires de l’appel d’Heidelberg accusaient les écologistes en 1992 d’irrationalité : « Nous soussignés, nous nous inquiétons d’assister, à l’aube du XXIème siècle, à l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social. » Mais parler « d’idéologie irrationnelle » sans définir de quoi on parle n’est pas très scientifique. Est-il irrationnel de s’opposer à certaines techniques ? C’est tellement facile d’accuser les autres de sa propre irrationalité au lieu de se remettre en cause. Il s’agit d’un stratagème fréquemment employé, une disqualification d’autrui pour masquer sa propre turpitude, une perversion mentale… qui peut nuire gravement à la planète et à tous ses habitants. Les adeptes de la rationalité économique ne sont en fait que les serviles servants d’un système techno-industriel dont la croissance destructrice n’est pas du tout questionné.
Lire, L’irrationalité écolo n’est pas du côté des accusés
Stéphane Foucart : Daniel Kretinsky, spécialisé dans le rachat de centrales à charbon en fin de vie, se veut « passionnément raisonnable » face « aux offensives de l’obscurantisme ». La raison, la rationalité, la science, les Lumières d’un côté ; l’obscurantisme, l’irrationalité, les extrémismes et la déraison de l’autre. L’Union rationaliste, association qui date de 1930, entend promouvoir une culture de la délibération et du débat issue de la démarche scientifique. Mais la « raison » doit-elle prioritairement s’exercer sur le terrain de la technique et de l’économie ? Doit-on considérer la mondialisation de l’économie comme une donnée intangible et ne recourir à la raison que pour en rationaliser le fonctionnement ? La « raison » est devenue une raison gestionnaire qui promeut les rêves de fusion nucléaire, de transformation du vivant et de colonisation de l’espace… et pour faire baisser les émissions, il suffirait de lancer un vaste programme mondial de centrales nucléaires. Ramener la crise environnementale à un simple problème technique permet de n’avoir à gérer que ses conséquences, sans se préoccuper de ses causes profondes….
Lire, Ce que nous voulons, l’écologie profonde !
La notion d’écologie profonde, introduite par le philosophe norvégien Arne Naess au début des années 1970, permet de nous différencier d’une écologie superficielle, du type capitalisme vert ou croissance verte, sans oublier toutes les formes de greenwashing. Cette forme d’écologisme qui se dit « rationnel », « positif » et « non extrémiste/punitif » permet en fait de continuer le « business as usual » et constitue un véritable extrémisme puisque cela nous a conduit à surexploiter la planète en toute bonne conscience.
Lire, L’écologie profonde versus l’écologie superficielle
C’est cette position politique conservatrice au fond et ultralibérale pour la forme qui a abouti à la religion de la croissance. L’écologie superficielle se cache le fait que la situation financière, sociale et écologique implique qu’il faut mettre en place une véritable « rupture » avec le capitalisme techno-industriel et non une simple « transition » écologique. C’est une marque de la déraison de faire passer les écolos réalistes pour des idéalistes inconséquents. Même à l’intérieur du parti des Verts s’opposent les tenants (majoritaires) d’une écologie « pragmatique » et superficielle aux partisans (encore minoritaires) d’une écologie profonde, celle qui remet en question toutes nos certitudes actuelles, y compris le mythe de la supériorité des humain et donc notre rapport à la nature.
Lire, François de Rugy, adepte d’une écologie superficielle
Lire, L’écologie superficielle et irréaliste de Brice Lalonde
Je disais que le monde est absurde et j’allais trop vite. Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on peut en dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. L’absurde dépend autant de l’homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l’un à l’autre comme la haine seule peut river les êtres.
[…] L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses limites.
– « La raison, la rationalité, la science, les Lumières […] C’est aujourd’hui la droite libérale, bien plus que la gauche, qui s’en prétend la gardienne et qui cherche à apparaître dans l’espace public comme dépositaire du rationalisme et de ses valeurs.
C’est un paradoxe. En France, ces valeurs sont historiquement incarnées par l’Union rationaliste (UR) […] L’histoire du mouvement rationaliste est aussi étroitement liée à celle de la gauche française. » (Stéphane Foucart Le MONDE)
Eh oui et c’est comme ça ! Et il ne faut pas être étonné d’en être arrivé là.
Depuis un moment déjà on ne sait plus où est la droite et la gauche. L’avant n’en parlons pas. On pense que l’écologie est au dessus de tout ça, etc. etc. et voilà !
Aujourd’hui, pour nous dire ce qu’est la Raison on a des «philosophes» qui se masturbent avec les concepts. Et d’autres qui ne sont plus où ils en sont. Et puis des tas de Barbier qui disent tout et son contraire et en même temps. Et des tas d’émissions de «décryptage» et autant de dé-décrytage (avec ou sans «» peu importe, on n’est plus à ça près). Pour nous guider (nous mener, vers où on s’en fout) et nous éclairer, on a les lumières de TF1 (BFM etc.) Autrement dit celles de Kretinsky et Compagnie. Bref, bonjour le grand n’importe quoi !
En attendant on peut toujours rappeler que le Capitalisme a cette formidable capacité à récupérer à son avantage tout ce qui lui fait obstacle.
On voit depuis un moment comment il s’est arrangé de l’écologie. La démocratie n’en parlons même pas. On a vu dernièrement ce qu’il a fait de la liberté. Et comment il comptait faire avec la sobriété, maintenant avec la raison. Et ce n’est certainement pas fini. Bienvenue en 1984.
Avec Niel et Pigasse le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky fait tourner Le MONDE. Il détient 5% du vendeur de temps de cerveau disponible, il investit dans le foot, rachète des centrales à charbon en fin de vie etc. etc. l’Argent n’a pas d’odeur.
En fait si, le Pognon ça pue. Et ceux qui le brassent encore plus. Mais accoutré d’un joli masque, au «service» d’une belle et grande cause (le Cancer, la Misère, le Climat, tout ce qu’on voudra) de suite on a l’air plus présentable. C’est ainsi que notre businessman «passionnément raisonnable»… vient de lancer un torchon intitulé «Franc-Tireur».
– « Franc-Tireur, l’hebdomadaire du combat pour la Raison » !!
– « Une liberté d’expression totale, engagé mais pas partisan » ! !
Faut oser quand-même, non ? Eh ben c’est comme ça ! Misère misère !
Franc-Tireur, le nouveau journal du Ministère de la Vérité ! Franc-Tireur prétend combattre tous les obscurantismes, tous les populismes et blablabla, on croit rêver.
On retrouve là le gratin de la Raison, Christophe Barbier et son écharpe rouge qui l’écoute parler, Raphaël Einthoven le «philosophe» aussi chiant que verbeux, la féministe Caroline Fourest, Christophe Carrière et Jean Passe. Tout ce «joli» mobilisé pour sauver la Raison. Et la Macronie et Le Système et en même temps. 1984 c’est formidable !