L’histoire humaine, une succession de fantasmes

La vérité fout le camp… tout le temps ! Nous n’apprenons rien de notre histoire personnelle. L’expérience est une lanterne accroche dans notre dos et qui n’éclaire que notre passé. De même nous n’apprenons rien de notre histoire collective. Pourtant les sociétés avancent, stabilisées par des imaginaires partagés… qui restent des imaginaires !

Donc la question de la fiction à laquelle s’identifier, identité locale, nationale, européenne ou cosmopolite … se pose. Il nous faut bâtir un nouveau récit collectif car une stratégie de changement naît d’un autre imaginaire… à construire. La difficulté actuelle consiste à amener l’idéologie nationaliste, qui bien souvent est née de la guerre et pour la guerre, à transmettre des valeurs de paix et de réconciliation.

 

L’idée d’enseigner l’histoire aux enfants est, partout, née en même temps que l’idée de nation. Il s’agissait d’inventer un roman national à travers des faits légendaires pour consolider le sentiment d’identité nationale. C’est l’enseignement d’une histoire particulière qui a contribué à forger un sentiment d’appartenance et un rejet des « étrangers ». Contre cette incitation à s’affronter entre divers groupes humains, une autre histoire est possible, universaliste et localiste à la fois.

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Tout est fiction alimentée par l’histoire

extraits : Pour l’humanité, le problème politique majeur n’est pas de savoir comment nourrir des millions de gens, mais plutôt comment faire en sorte de les mettre d’accord. Il nous faudrait un imaginaire partagé. Il n’y a ni ordre naturel fixant le comportement humain, encore moins de révélations d’ordre divin pour régenter nos idées, il n’y a que des fictions qui se font passer pour émanant de la nature ou de la religion. Cet ordre imaginé va se faire passer pour réaliste et incontournable dès qu’il sera partagé par un groupe humain. C’est cette construction mythique qui va assure la cohésion du groupe. Ainsi le code Hammourabi, un texte juridique babylonien daté d’environ 1750 av. J.C., instaure d’une manière qu’on croyait définitive la hiérarchie noble/homme du peuple/esclave….

Une histoire nationale à dé(re)construire

extraits : Xavier Bertrand dixit : « L’heure n’est pas à la déconstruction de l’histoire mais à la reconstruction d’une cohésion nationale. L’histoire est à une nation ce que la mémoire est à un individu. Elle fonde son identité : elle est donnée, tout entière, en héritage à ceux qui naissent sur le sol de France, et en partage à ceux qui veulent devenir français. Avec ses dimensions de grandeur et sa part d’ombre, notre histoire nous définit et forme le socle de nos valeurs. »

La récupération politicienne du résultat des recherches historiques, c’est juste… de la politique. L’histoire « nationale » est une construction du XIXe siècle, on a inventé le choc des nations pour mettre un semblant d’ordre dans la multiplicité des peuples du monde. Cette idéologie réductrice est complètement dépassée par l’histoire à construire qui se compose de deux éléments ; d’une part celle du passé de l’humanité toute entière et du support qui nous fait vivre, la Terre, d’autre part celle de la construction de notre avenir….

Écologie : changer d’histoire pour changer l’histoire

extraits : C’est au moyen d’histoires que nous, êtres humains, donnons une forme à nos pensées, nos espoirs et nos craintes. Avant même d’apprendre à lire et à écrire, nous entendons plus de 300 histoires au travers de contes de fée, de fables, de livres d’enfant lus par les parents. Le récit confère à notre vie une dimension de sens qu’ignorent les autres animaux. L’imagination précède l’action et les récits qui en découlent façonnent nos perceptions. Tandis qu’il semblait dans l’ordre des choses à un paysan du XIe siècle que le roi exerce sur lui un pouvoir de droit divin sans jamais lui demander son avis, un agriculteur du XXIe siècle va déverser des tonnes de lisier devant la préfecture s’il considère que le gouvernement ne fait pas ce qu’il devrait faire à son égard…..

les profs d’histoire nous manipulent

extraits : Actuellement les différents récits nationaux européens ne sont pas compatibles. Par exemple le 11 novembre 1918 est une victoire pour les Français, mais le début d’un engrenage mortel pour les Allemands. Le panorama actuel est plutôt sombre. Il y a trois catégories de pays : ceux où l’enseignement de l’histoire veut conforter le chauvinisme national, et ces pays sont majoritaires. Ensuite, il y a les pays de l’Europe du Nord où il n’existe pas de programme national car cela pourrait être considéré comme une atteinte à la liberté de penser. Et il y a une poignée de pays, six parmi lesquels la France, l’Italie et l’Allemagne, où l’on vise à renforcer la réconciliation entre les peuples. La moitié des pays européens n’enseigne pas la construction européenne, mais relate guerre fratricide après guerre fratricide…..

Le programme idéal d’histoire n’existe pas encore

extraits : Historiquement les profs d’histoire avaient une fonction identitaire, il fallait fabriquer des petits français. Nous devrions abandonner l’histoire particulière des groupes ethniques particuliers au profit de la big history, une vision à large échelle qui démarre au moment du big bang et se déroule jusqu’au monde contemporain. C’est l’histoire globale qui seule devrait importer, l’histoire commune des humains et des non-humains, une histoire universelle qui ne se limite pas à l’histoire de la race humaine.

Il s’agit d’appréhender le monde comme un tout, depuis l’origine de l’univers, des galaxies et du système solaire jusqu’au sociétés agraires, l’émergence des villes et l’anthropisation de notre monde. L’histoire humaine n’est pas celles des ethnies particulières, même pas celle des hominidés, elle est aussi ce qui récuse toute forme d’ethnocentrisme pour se centrer sur les relations de l’humanité et de la Biosphère. Ce qui importe, ce sont les histoires des déséquilibres que les pratiques agro-industrielles ont entraînés dans le passé comme dans le présent et les perspectives d’avenir souhaitable pour les générations suivantes mais aussi pour les non-humains…..

8 réflexions sur “L’histoire humaine, une succession de fantasmes”

  1. Parti d’en rire

    POURQUOI ? Moi je pense, tout connement, qu’il n’y a plus personne dans l’avion. Plus de pilote, et plus de touristes. Mis à part bien sûr Nous Trois, le père, le fils et le simple d’esprit. J’ose espérer que tous les autres, les trois pelés et le tondu, ne sont pas morts. Sinon l’avion Biosphère ne s’en relèverait pas. Et l’intelligence collective n’en parlons pas. Non, je pense plutôt qu’ils sont partis en vacances et qu’ils vont revenir. Et qu’en attendant, le Pilote a pris soin de mettre son petit appareil en mode pilote automatique. Et que c’est donc un robot, à la con, qui gère actuellement sa petite entreprise, qui ne connait pas la Crise. Et qui balance automatiquement à la Poubelle certains commentaires, tout connement !
    Oui mais alors POURQUOI ? Alors là, c’est comme pour des tas de choses, mystère et boule de gomme !

    1. C’est bon c’est passé. Mais bon, le mystère reste entier. 🙂

      Modération à MC
      malgré toutes nos recherches, nous n’avons pas trouvé pourquoi certains articles allaient directement à la corbeille… le robot-serveur est sournois !
      Inutile d’envoyer plusieurs fois le même message, le résultat sera le même, poubelle.

  2. Toujours et encore COMMENT. Et donc inéluctablement YAKA !
    Aujourd’hui comment bâtir ce nouveau récit collectif ? Vu que cette affaire con cerne tout le monde, je regrette que les biosphéronautes ne se bousculent pas au portillon pour essayer de faire avancer le Schmilblick. Toutefois je n’arrive pas imaginer que certains n’auraient rien à redire si le nouveau ministre de l’Éducation Nationale décrétait d’enterrer le vieux mythe de «nos ancêtres les Gaulois». Comme quoi, moi aussi, j’ai encore du boulot en matière de décolonisation de l’imaginaire. 🙂
    Le récit collectif actuel, celui qui nourrit le patriotisme, nationalisme, la compétition, la guerre etc. se construit évidemment à l’École. Mais pas seulement. Notamment avec l’enseignement de l’histoire, ET de la géographie. Les deux généralement et curieusement associés.
    (à suivre)

    1. (suite) Et comme par hasard «L’histoire de France», les villes, les rivières et les montagnes de France. Comme par hasard encore, la France c’est l’Hexagone. L’histoire et la géographie de la Réunion, par exemple, c’est une autre histoire. Qu’ON verra plus tard, ou pas.
      En attendant, je vous laisse imaginer les petits réunionnais réciter en cœur «nos ancêtres les Gaulois», la longueur et les affluents de la Seine etc. Résultat, à mon âge je suis infoutu de citer le nom d’un seul fleuve de la Réunion. Misère misère !
      Et là je les vois venir avec leur sempiternel « Et alors, qu’est-ce que tu proposes ? »
      (« C’est quoi ton YAKA ? ») Eh ben je propose qu’au lieu d’apprendre connement «nos ancêtres les Gaulois» et patati et patata nos gamins apprennent plutôt l’histoire de l’humanité, l’histoire de l’Homme, son évolution etc. (à suivre)

      1. (suite et fin) l’histoire des civilisations, des religions, des idées etc. Ainsi que l’histoire de la Terre et de la Vie.
        Certains penseront alors que l’enseignement de l’histoire et de la géographie de l’Europe est une avancée dans la construction de ce nouveau récit collectif.
        Je n’en suis pas convaincu. Toutefois cette question mérite d’être débattue.
        Pour moi l’identité européenne n’est qu’une identité nationale élargie. Dont le but reste toujours le même, inculquer un esprit de chapelle. Pour moi scander «vive l’Europe » ne vaut pas mieux qu’ânonner «vive la France». Autant enseigner à nos gamins l’histoire et la géographie de leur petite province. Pour qu’ils soient fiers de braire «vive la Corse», «vive les Bretons», «à bas les Normands» etc.

        – L‘enseignement de l‘histoire et de la géographie (media.education.gouv.fr)

  3. esprit critique

    Comme hier au sujet de la formation de ce «peuple écolo», avant d’aborder le COMMENT nous aurions d’abord intérêt à nous entendre sur le POUR QUOI ? Autrement dit, à quoi ce nouveau récit collectif doit-il servir ? Là encore, s’agit-il de former (formater) un peuple d’andouilles, de fous furieux, d’esclaves… ou bien un peuple de gens libres, éclairés, responsables, de citoyens comme ON dit ? (éco-citoyen : pléonasme ! Et citoyens du monde bien sûr !)
    Quoi qu’il en soit, et en attendant …
    – « Vous n’avez pas pu échapper à la montée en puissance du mot « imaginaire » dans le discours public. L’imaginaire fait recette. Plus encore l’expression « nouveaux imaginaires » au pluriel et sa déclinaison « nouveau récit », souvent au singulier » (Nouveaux imaginaires : une quête largement partagée – futursproches.com)
    ( à suivre )

    1. esprit critique

      (suite) Et tellement bien largement partagée que, comme par hasard… cette quête de nouveaux récits (ou imaginaires) collectifs, si ce n’est du Nouveau Récit Collectif… fait son bonhomme de chemin chez les tenants du Système :
      – « Le 5 juillet [2023] Publicis France a inauguré un nouveau volet de son programme NIBI * « No Impact for Big Impact », portant sur les « Nouveaux récits et imaginaires collectifs » avec la conviction que, dès lors qu’elle participe à créer la culture collective, la communication a un rôle essentiel à jouer dans les transitions. »
      (« Nouveaux récits et imaginaires collectifs » – france.publicisgroupe.com)

      Lire aussi : Des micro-récits pour imaginer les futurs des territoires (futursproches.com)

      N’oublions pas que le Système est capable de tout récupérer.
      Pour bien sûr le recycler à sa sauce libérale.

      1. se poser les bonnes questions

        – « Mais avant de se lancer dans une démarche de ce genre, il peut être opportun de préciser les intentions et finalités. Au fond, une fois ces imaginaires mis en récit, que peut-on en faire ? […]
        Avant de se lancer, se poser les bonnes questions
        On le voit, ce que l’on peut attendre des imaginaires et la façon dont on peut les utiliser et valoriser peut différer d’un projet à l’autre (voir tableau ci-dessous). […] »
        (QUE FAIRE DE NOS NOUVEAUX IMAGINAIRES ? DEUX PISTES POUR L’APPROPRIATION DE FUTURS DÉSIRABLES – millenaire3.com)

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