biosphere

edward Abbey

L’avertissement d’Edward Abbey en préface de son roman, « Le retour du gang de la clef à molette » (Gallmeister, 2007) vaut le détour : « Quiconque prendra ce livre au sérieux sera immédiatement abattu. Quiconque ne le prendra pas au sérieux sera enterré vivant par un bulldozer Mitsubishi ». Il faut dire qu’Edward, mort en 1989, avait un tempérament plutôt radical, partageant avec Douglas Peacock  un sain mépris pour la lamentable race humaine (une espèce parmi d’autres dans l’univers du vivant). Voici une mise en bouche (page 35) :

 « -T’es un con triste, Seldom Smith. T’es contre tout.– Ouais, quasiment. (Smith sourit, rejette la tête en arrière pour dégager sa frange de ses yeux et poursuit.) Cette industrie nucléaire de mes deux arrive dans not’ pays, démolit la terre avec ses mines à ciel ouvert, ouvre des routes partout, souille le torrents à truite, fait fuire la faune et sème partout derrière elle des résidus de broyage et des sites radioactifs, rapatrie ses profits à New York ou Londres ou au Gai-Paris. Nous volons une bonne vie à nous-mêmes pour nous payer des mobil homes California climatisés.– Y faut du boulot pour nos gosses, crie la même voix.– Arrêtez d’en pondre autant, réplique Smith.Moment de stupéfaction silencieuse. Puis tonnerre de protestations :– Hein ? Quoi ? Appel au génocide ! T’es cont’ les enfants aussi ? Tu veux quoi, qu’on les abattes ? T’as combien d’mômes, Smith ? »           

Plus loin dans le livre, Edward pose le fond du problème : « Orval reste silencieux, neurones à plein régime. Les gens et la nature, pense-t-il. Trop de gens, plus de nature. Juste ce qu’il faut de gens, plein de nature pour tout le monde. La nature ou les gens ? Ou la nature et les gens ? Réfléchis, Orval, réfléchis. C’est dur. Surtout lorsque vous venez de tomber soudainement ardemment brusquement désespérément amoureux. »

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mort en stoïcien

Le manuel d’Epictète distingue entre ce qui ne dépend pas de nous (tout ce qui arrive), et ce qui en dépend, notre attitude à l’égard de ce qui arrive. Ainsi voici comment Zénon (300 ans avant J.C.) en termina avec la vie selon la légende. En sortant d’une leçon de stoïcisme, il trébucha et se cassa un orteil. Il s’exclama « J’arrive, pourquoi m’appelles-tu » ? » et mourut sur le champ en retenant sa respiration. Quelle morale philosophique en tirer ? Zénon était âgé et savait pertinemment que son destin était de mourir bientôt. Il décide donc d’affronter la fatalité en interprétant sa petite fracture comme un signe que son heure était venue. Zénon ne voulait pas attendre benoîtement sa fin biologique, il voulait participer activement au cycle naturel de la vie grâce à son intelligence : en hâtant sa mort, il se réapproprie le sens de son existence. Tel est le véritable principe de la sagesse stoïcienne, dont l’accord avec la Nature est une conséquence plutôt qu’un fondement : puisque je suis une partie de la Nature, je ne peux être en accord avec moi-même que si mes désirs ne s’opposent pas aux événements extérieurs. Cela n’impliqua pas la passivité, si Zénon avait eu encore quelque choses à accomplir, il aurait certainement pu attendre encore un peu avant de se donner la mort. La cohérence avec soi-même et l’accord avec la Biosphère sont des principes universels parfois contradictoire qui exigent d’être interprété en fonction de la situation.

 Plus récemment en France, Claire Quillot expliquait son suicide programmé comme une manière de « ramener une sorte d’optimisme ». Ce qui est important, c’est ma façon de penser et d’agir, cela permet d’accéder à la paix de l’âme quelles que soient les circonstances, cela permet de relativiser sa propre mort. C’est certainement la condition nécessaire pour être véritablement humain, supporter les épreuves de la vie avec la conviction que nous sommes nous-mêmes de peu d’importance par rapport à l’univers.

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Biosphère riposte

Notre civilisation est-elle donc condamnée à voir ce siècle mourir avec elle ? Y aura-t-il un déclin massif de la population, laissant quelques survivants démunis sur une planète torride, hostile, infirme, mise en coupe réglée par des seigneurs de la guerre ? L’absence de contrainte pesant sur notre croissance démographique est une des origines de nos problèmes. Nous pouvons vivre partout, de l’Arctique aux tropiques, les seuls prédateurs importants restent, de temps en temps, les micro-organismes qui provoquent une brève pandémie La population du globe est passée de quelques millions à l’époque des chasseurs-cueilleurs, il a maintenant dépassé six milliards, ce qui est tout à fait intenable pour Gaïa, même si nous avions la volonté et la capacité de réduire notre empreinte écologique. Personnellement, je crois qu’il serait sage d’opter pour une population stabilisée d’environ un demi-milliard d’individus, nous aurions alors la liberté d’adopter des modes de vie très différents sans nuire à Gaïa. Au premier abord, cela peut sembler aussi malaisé qu’inacceptable, voire impossible, bien que le XXe siècle ait montré le peu de cas que l’humanité pouvait faire de la vie humaine.

La régulation de la fécondité participe du contrôle démographique, mais la régulation du taux de mortalité n’est pas la moins importante. Là encore, dans les sociétés riches, les gens choisissent volontairement des façons convenables de mourir. Maintenant que la Terre court le danger imminent d’évoluer vers un état chaud et inhospitalier, il semble amoral de s’acharner à vouloir prolonger notre espérance de vie au-delà de sa limite biologique normale.

 Si nous voulons continuer d’exister sans craindre les catastrophes naturelles, nous devons dès maintenant soumettre la croissance démographique à de fortes contraintes. En fin de compte, c’est Gaïa, comme toujours, qui opérera la réduction de population et éliminera ceux qui enfreignent ses règles. (texte recomposé à partir de La revanche de Gaïa de James Lovelock)

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démographie galopante

Au début de la révolution industrielle en 1804, la population humaine atteignait son premier milliard après une période couvrant des dizaines de milliers d’années. En bien plus qu’un siècle, le deuxième milliard était atteint en 1927. Après les choses l’accélèrent, 3 milliards en 1960, 4 en 1974, 5 en 1987, 6 en 1999, 7 prévu en 2013, 8 en 1028 et 9 en 2047, quand j’aurai personnellement atteint les 100 ans. Nous aurons donc gagné 8 milliards en 120 ans, une horreur si je vis aussi longtemps. Il ne faudrait donc pas dire « gagner des habitants supplémentaires », nous avons plutôt fait perdre à la Terre sa tranquillité, et en conséquence déséquilibré les sociétés humaines. Même si le taux de croissance a ralenti depuis le pic de 2 % (doublement tous les 35 ans) atteint en 1965-1970, la population croît encore de 1,2 % en moyenne entre 2000 et 2005 (doublement en moins de 60 ans). De plus une espérance de vie prolongée ajoute au nombre absolu de bipèdes une pression sur la planète plus longue dans la durée. A l’échelle mondiale, l’espérance de vie moyenne d’une personne née entre 1950 et 1955 était de 47 ans, on prévoit que celle d’une personne née entre 2000 et 2005 sera de 65 ans. On prévoit, mais on pourrait affirmer aussi bien le contraire ! Comme dirait Malthus, sur une planète surexploitée, guerres, famines et épidémies s’installent obligatoirement. Ce phénomène a déjà commencé.

 J.Dorst il y a déjà bien longtemps faisait référence à des densités plus vivables pour la Biosphère : « En Australie avant l’arrivée des Européens, il y avait en moyenne 8 habitants par 100 km2 et 16 en Amérique du nord ; l’Italie au moment de l’Empire romain avait une densité d’environ 24 habitants par km».  Cela ne veut pas dire que les peuples vivant avant ou après le néolithique avaient atteint un optimum de densité, cela veut dire que nous l’avons depuis longtemps dépassé. Remarquez que je n’ai encore rien dit sur le surpoids du mode de vie occidental ! 

Pour en savoir plus, tu peux consulter le site :

http://biosphere.ouvaton.org/

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avenir sans futur

La Biosphère nous rappelle ce cri d’alarme lancé en 1969 par U.Thant, alors secrétaire général de l’ONU : « Il reste à peine dix ans aux nations membres de l’ONU pour oublier leurs anciennes querelles et s’associer pour sauver l’environnement et pour freiner l’expansion démographique ; au-delà, les problèmes auront pris une telle ampleur qu’il sera devenu totalement impossible de les surmonter ». Bien plus tard en 2005, le rapport « Planète vivante 2004 » du World Wildlife Fund veut réduire la dette écologique, c’est-à-dire le retour à la vie sur la base d’une seule planète, et esquisse quatre scénarios pour 2050 :

Augmenter la biocapacité grâce à un réseau de zones protégées incluant tous les écosystèmes (terrestres d’eau douce, marins), restaurer les écosystèmes dégradés, protéger le sol contre l’érosion et la dégradation (notamment les terres arables contre l’urbanisation), protéger les bassins de rivière et les zones humides et cesser l’utilisation de produits chimiques toxiques ;

Réduire la population mondiale, en offrant aux femmes une meilleure éducation, des opportunités d’emploi et des soins de santé ; en accompagnant les foyers qui choisissent d’avoir moins d’enfants ;

Réduire la consommation par personne ; ceci ne peut être attendu des populations en survie ; par contre les habitants de pays ou de villes riches peuvent bien souvent réduire leur empreinte écologique sans compromettre leur qualité de vie ;

Améliorer l’efficience des systèmes de production qui transforment l’énergie et les matières premières en biens de consommation

 

Nous sommes en 2007 et les humains n’ont pratiquement rien fait pour sauver la planète… Au contraire ils ne croient toujours pas au malthusianisme et à la simplicité volontaire car ils se refusent à voir la réalité d’une Biosphère surpeuplée. 

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lobbies anti-écolo

Ce n’est ni la démocratie ni la science qui font la loi sur notre Terre, ce sont les lobbies de la société thermo-industrielle. Le premier groupe pétrolier privé mondial, ExxonMobil, a dépensé au moins 19 millions de dollars depuis 1997 pour financer un réseau d’une dizaine d’officines d’études et de recherche afin d’introduire aux Etats-Unis le doute sur les émissions de gaz à effet de serre dans les médias et le public. Le président d’ExxonMobil jusqu’en 2005, Lee Raymond, a longtemps expliqué que le réchauffement climatique était « une invention de chercheurs en mal de financement ». Son influence sur l’administration Bush était considérable : le chef de cabinet du Conseil sur l’environnement de la Maison Blanche a été même obligé de démissionner car il n’avait cessé de censurer les rapports scientifiques publics afin de nier le lien entre les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. En janvier 2005, le nouveau PDG d’Exxon a une politique encore plus hypocrite, il dit que les responsables sont les consommateurs et les gouvernements, pas les compagnies pétrolières ! Paul Krugman, le chroniqueur du New York Times, traite donc ExxonMobil d’« ennemi de la planète ». Robert Kennedy junior, avocat du Conseil de défense des ressources naturelles, évoque une « guerre contre la science ».  Si depuis des années la stratégie d’ExxonMobil d’évitement et de dénigrement  se révèle si similaire à celle suivie autrefois par l’industrie du tabac, les enjeux sont pourtant différents. Le tabagisme est un comportement individuel qui ne lèse pas profondément le contexte social quand on lui fait la guerre, l’addiction au pétrole est un comportement collectif et généralisé qui implique des milliards d’actes individuels… Le sevrage va donc être beaucoup plus difficile ! 

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powernext carbon

Le prix du quota de dioxyde de carbone a clôturé à 0,88 euro le 21 février sur le marché Powernext Carbon, l’une des principales plates-formes européennes d’échanges de permis d’émission de gaz à effet de serre. Pour mémoire, il valait entre 8 et 10 euros début 2005, au lancement du marché européen des quotas (un quota correspondant à une tonne de CO2 émis), et avait même atteint 30 euros au printemps 2006. Et selon les spécialistes de ce marché, il y a peu de chances pour qu’il se redresse d’ici la fin de l’année. Certains estiment qui plus est que son prix pourrait tendre rapidement vers zéro. Cet effondrement est une grande déception pour les organisations non gouvernementales (ONG) et pour la Commission européenne. Celle-ci, à l’initiative du marché des quotas de CO2, visait à préparer les industriels européens à respecter les engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto. Mais, avec un quota à moins d’un euro, les entreprises n’ont aucun intérêt à faire des efforts. Il est vrai que les quotas ne dépendent pas réellement du marché, ils sont déterminés par chaque pays avec approbation nécessaire de la Commission européenne. Des quotas trop laxistes sont à l’origine des déboires actuels.

             La Biosphère cherche perpétuellement son niveau d’homéostasie, tout au cours d’un temps géologique bien plus lent que celui du temps humain. Les humains détériorent tellement vite les choses que leurs instruments de régulation n’auront jamais le temps de régler le fond du problème : l’activisme forcené de la société thermo-industrielle. Notre espèce risque fort de passer d’une simplicité volontaire  refusée à des restrictions forcées. 

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débilité techniciste

Le fer facilite la croissance du phytoplancton, or celui-ci fixe du carbone sous forme organique. Ces micro-algues marines absorbent déjà une quantité annuelle estimée à 60 milliards de tonnes de CO2. Certains technoscientifiques voudraient donc doper artificiellement le plancton pour éponger une partie des émissions humaines de gaz à effet de serre. Mais l’efficacité d’un épandage de fer a été remise en question  par des travaux parus dans la revue Nature (26 avril 2007). Des océanographes ont étudié l’efficacité du piégeage de carbone dans une zone bénéficiant d’une fertilisation en fer naturelle et massive. Les résultats d’une comparaison indiquent que la fertilisation artificielle est 10 à 100 fois moins importante que les processus naturels. Les expériences de fertilisation utilisent simplement du sulfate de fer alors que les formes naturelles sont beaucoup plus complexe et peuvent, par exemple, être liées à des molécules organiques.

De plus pour que le stockage de carbone soit effectif et durable, il est nécessaire que la biomasse produite plonge vers le plancher océanique. Mais certains scientifiques redoutent que cette accumulation de biomasse ne favorise des processus d’appauvrissement en oxygène des eaux profondes. Des bactéries sont alors susceptibles de dégrader les nitrates en protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2 qui subsiste dans l’atmosphère pendant 120 ans. Comme d’habitude, les humains font du bricolage technique, ils ont beaucoup de mal à imiter les processus naturels qui combinent nitrates, phosphates et silicates dans la floraison du plancton.

 La société thermo-industrielle simplifie la Nature, elle détruit la biodiversité pour ne sélectionner que les semences agricoles apparemment rentables, sa richesse repose sur les ressources fossiles accumulées par la Biosphère après des millions d’années de travail, ce système ne sait plus trop quoi faire des déchets inhérents à la croissance économique … Il faudra bientôt ré-apprendre la coopération avec les cycles naturels de notre petite planète, cher homo sapiens.

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Berlin et le CO2

Le 26 avril, le ministre allemand de l’environnement a présenté au Bundestag un programme en 8 points pour appliquer les décisions prises par le conseil européen en mars : réduire les émissions les émissions de CO2 jusqu’à 30 % d’ici à 2020. L’Allemagne veut même aller encore plus loin, 40 % de décroissance par rapport à 2006.Les Allemands ont déjà compris que le coût de ne rien faire face aux perturbations climatiques sera bien plus important que le coût d’une action immédiate. Il est vrai que l’hiver n’a eu lieu cette année en Allemagne que dans le calendrier ! Alors on pense aux énergies renouvelables qui devraient passer de 12 % à 27 % dans l’approvisionnement en électricité, on isolera les bâtiments grâce à une amplification des subventions, on inventera des automobiles économes et taxant les émissions de CO2 grâce à une réforme de la vignette, on baissera la TVA sur les billets de train. Comme d’habitude, la volonté de diminuer la consommation d’énergie est marginale et ridicule.

 La Biosphère se demande ce que va devenir le moral des Allemands avec des mesures aussi peu  contraignantes…

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le CO2 du Danemark !

Le Danemark se sent une responsabilité énorme, il va accueillir en 2009 le prochain sommet des Nations unies sur l’environnement. Le Danemark se sent donc extrêmement coupable, ses rejets de gaz à effet de serre ont augmenté de 16 % en 2006. il faut réagir !!  Alors le Danemark va motiver ses Danois qui rejettent en moyenne une dizaine de tonnes de gaz carbonique par personne et par an. Un objectif est fixé, réduire les émissions globales de 21 % d’ici à 2012 par rapport au niveau de 1990. Quel programme d’amincissement ? Manger sans viande une fois par semaine, le steak, c’est du CO2 concentré. Consommer des fruits et des légumes qui n’ont pas parcouru des kilomètres et qui ne sont pas élevé sous serre : ça fera régresser à la fois la consommation d’énergie fossile et les maladies cardio-vasculaires. Renoncer aux sacs plastiques et aux voyages aux antipodes. Bien sûr on assurera la production d’énergie en relançant la construction d’éolienne. La Biosphère se demande ce que va devenir le moral des Danois avec des mesures aussi peu  contraignantes…

 Le Danemark est quand même courageux puisqu’il se refuse à considérer l’option nucléaire Et il se prépare un petit peu à la pétroapocalypse en sachant qu’il ne dispose ni d’hydroélectricité, ni de forêts. Alors, le Danemark comme embryon de modèle à suivre lors du prochain sommet de la Terre ?

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blocage politique

Les scientifiques du GIEC sont arrivés début 2007 à un accord sur l’origine anthropique des émissions de gaz à effet de serre et sur les conséquences probables. Mais début avril, la deuxième partie de leur « rapport pour les décideurs » achoppe sur des considérations politiques qui  tiennent principalement à la volonté des représentations américaines, saoudiennes ou chinois de minorer les conséquences du réchauffement, et donc d’amoindrir l’urgence de l’action. La Chine continue de douter que les écosystèmes soient affectés par le changement climatique alors qu’on s’attend à une érosion de la biodiversité : 20 à 30 % des espèces animales et végétales sont susceptibles de disparaître d’ici à la fin du siècle. Certaines délégations ont même bataillé pour que les références aux effets du changement climatique à très long terme (au-delà de la fin du siècle) soient réduites à la portion congrue, parce que jugées trop anxiogènes ! On est même allé jusqu’à refuser que soit mentionnée la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme recours pour diminuer les effets du réchauffement !! On devrait cependant s’entendre pour mentionner la perte de production agricole dans les pays pauvres. Les pays riches ne se sentent qu’épisodiquement concernés par les conséquences du réchauffement (canicule de l’été 2003 en Europe ou cyclone Katrina aux Etats-Unis), alors on se contente de constater.

 En effet le « Résumé pour les décideurs» est un peu court quant aux solutions : le GIEC en appelle à un développement durable vide de sens, il paraît croire au miracle d’une recherche scientifique salvatrice, il voudrait une adaptation de l’agriculture et « la réorientation économique des régions touristiques qui perdront leur attrait » ! La Biosphère prévoit donc une vague de mortalité humaine due aux vagues de  chaleur, aux inondations, aux tempêtes, aux incendies et aux sécheresses… et beaucoup d’éco-réfugiés que les pays riches ne voudront pas accueillir.

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aucune sécurité

La plupart des dysfonctionnements de la Biosphère résultent d’une multitude d’actes individuels apparemment anodins et infimes, mais qui sont répétés des millions de fois à l’échelle de la planète. Ainsi chaque fois qu’on fait démarrer sa voiture ou qu’on mange un steak, on est responsable de la détérioration climatique. Ce n’est donc pas une discussion globale comme le protocole de Kyoto qui pourra régler ce problème. Il s’agissait pourtant de la première décision de décroissance dans l’histoire des sociétés industrielles, mais ce protocole donne lieu à des stratégies de déni ou d’évitement qui reportent les décisions véritables aux calendes grecques. Ainsi, un an après le précédent sommet à Gleneagles au cours duquel le changement climatique avait été l’une des dominantes du sommet annuel des huit grandes puissances, le thème phare du sommet du G8 (15-17 juillet 2006) est devenu par la grâce du président russe Vladimir Poutine qui le présidait pour la première fois un vague salmigondis sur la sécurité énergétique. Le lien entre sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement planétaire est en effet largement absent du projet de déclaration sur la « Sécurité énergétique mondiale » (Global energy security).

 

La planète, coincée entre la protection des avantages acquis par les pays développés et les besoins des pays émergents, reste au service de l’appétit inextinguible de croissance économique et donc de dilapidation des ressources fossiles. La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété consentie des milliards de fois, ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.

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Nature en horreur !

Il existe une fracture entre la ville et le milieu rural, c’est l’obstacle le plus infranchissable qui puisse exister pour pouvoir réconcilier une population occidentalisée et des espaces naturels méprisés. La plupart des citadins ressentent la nature comme quelque chose de sale, d’inquiétant, avec des araignées et plein de plantes qui piquent, des bêtes répugnantes qui courent partout, une terre qui colle au soulier. Rares sont les automobilistes qui s’éloignent de la route pour pique-niquer, il faut en rester à une nature artificialisée et aseptisée sur les tables installées dans un parking près d’une autoroute. Souvent nous ne connaissons plus les animaux, même ceux de la ferme, qu’au travers du petit écran. La liste des espèces protégées ne sert plus à rien puisque bien des chasseurs veulent encore confondre le canard sauvage et l’aigle royal. D’ailleurs nous sommes presque tous maintenant de la civilisation urbaine. Le berger irréductible qui ne veut pas de la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées se vautre le soir devant sa télé et parcourt les supermarchés avec son portable. La Nature ne constitue plus qu’une valeur marchande, avec ou sans ours, un produit touristique parmi d’autres. Même les espaces protégés deviennent des parcs d’attraction où quelques animaux sauvegardés sont priées de se présenter aux heures d’ouverture prévues par les syndicats d’initiative.  La Nature n’existe pratiquement plus puisqu’elle est sans arrêt en représentation, sauf pour quelques naturalistes de plus en plus isolés, et de plus en plus âgés. Cette fracture explique pour partie que nous participons presque tous, consciemment ou non, à la destruction de la Nature.

 Ce n’est pas parce qu’un ministre de l’environnement peut déclarer un jour que « protéger la nature, c’est éviter que nous soyons, nous-mêmes et encore plus nos enfants, conduits à sauvegarder les espèces les plus rares dans des sortes de musées vivants qui seraient, en réalité, des mouroirs », que cela change quelque chose aux méfaits de l’urbanisation sur la psychologie humaine.

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manger ou rouler !

Pour nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050, il faudra doubler la production alimentaire alors que les terres disponibles se raréfient. Les biocarburants vont de plus en plus cruellement faire concurrence à l’alimentation. Pour remplir le réservoir d’un 4×4 avec 94,5 litres d’éthanol pur, il faut environ 204 kilos de maïs, soit suffisamment de calories pour nourrir une personne pendant un an (étude parue dans la  revue Foreign Affairs de mai 2007). Le boom des biocarburants provoquera une flambée des cours, avec toutes les conséquences prévisibles sur les familles à bas revenu. Un conseiller du président brésilien, grand planteur de canne à sucre pour remplir les réservoirs des voitures américaines, croit que le problème de la planète n’est pas une pénurie de vivres, mais de revenus. Pourtant on sait déjà à qui les revenus vont échoir, toujours les mêmes !

 La recherche sur les biocarburants porte donc sur l’utilisation des résidus non comestibles, mais la terre a besoin d’un retour de la décomposition des végétaux pour garder sa fertilité. A ne rien vouloir comprendre du fonctionnement cyclique de la Biosphère, les humains vont bientôt se mordre les doigts au lieu de manger à leur faim.

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savane amazonienne

Les queimadas, ces énormes brûlis dus à l’avancée des humains en Amazonie place le Brésil au 4e rang mondial des émetteurs de dioxyde de carbone et représente 75 % des gaz à effet de serre du Brésil. Au rythme actuel, la couverture forestière passerait de 5,3 millions de km2 à 3,2 millions en 2050. Le programme d’accélération de la croissance du président Lula da Silva mise en effet sur le transport routier et la transformation de l’Amazonie en plantation de soja. Bonjour les dégâts : un rapport du ministère brésilien de l’environnement indiquait que la hausse des températures en Amazonie pourrait atteindre 8 degrés en 2100 : en conséquence, la plus grande forêt tropicale du monde se transformerait en savane ! 

Pourtant le président brésilien ne se sent  pas du tout concerné par les normes de lutte contre la déforestation puisqu’il est vrai que les pays riches ont prêché le mauvais exemple : l’Institut brésilien de recherche agronomique a démontré que l’Europe a conservé seulement 0,3 % de ses forêts existant il y a huit mille ans, contre 69 % qui subsiste encore au Brésil. Aux pays déjà développés d’agir contre le réchauffement climatique ! Brasilia devrait donc pouvoir pendant quelques années encore valoriser la production de biocarburants : G.Bush est d’ailleurs tout à fait d’accord !!!

 Puisque certains pays ont pratiqué à grande échelle le crime environnemental, d’autre estiment pouvoir continuer à assassiner la Biosphère sans aucun problème de conscience. Il y a quelque chose d’incompréhensible dans les raisonnements des humains…

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commerce écolo ?

Le gouvernement français avait émis l’idée d’une taxation des importations venant de pays qui ne respectent pas le protocole de Kyoto limitant l’émission de gaz à effet de serre. Cela paraît contraire aux règles de l’OMC qui soutient ardemment le libre-échange. Mais il y a concurrence déloyale si les USA vendent des produits aux Chinois sans avoir signé le protocole de Kyoto, ou quand la Chine se dispense de mesures de protection de l’air et de l’eau au contraire de la pratique américaine. De plus l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), dont l’OMC reprend les fondements, autorise les Etats à prendre des mesures « nécessaires à la protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou à la préservation des végétaux ». Ainsi les Etats-Unis ont-ils pu interdire à partir de 1998 l’importation de crevettes de quatre pays d’Asie qui pêchaient ces crustacés avec des filets dangereux pour les tortues. Réciproquement le fait que les USA se dispensent de réduire leurs gaz à effet de serre fait bénéficier les sidérurgistes américains d’un avantage de 60 dollars par tonne d’acier sur leurs  concurrents européens. Comme ne pas payer les dégâts infligés à l’environnement ressemble à une subvention à l’industrie, l’Europe serait alors fondée à taxer de 60 dollars la  tonne (10 % du prix) l’acier d’outre-Atlantique.

 Des mesures protectionnistes paraissent fondées. De toute façon il y a une telle hétérogénéité des écosystèmes que chacun doit ré-apprendre à échanger avec son biotope particulier (agir local). La mondialisation (penser global) doit rester une pensée, pas se concrétiser dans un mode de vie où les voitures d’un pays s’échangent contre les voitures d’un autre pays.

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Libre-échange et écologie

Pascal Lamy est un ancien commissaire européen chargé du commerce international (1999-2004). C’est surtout depuis 2005 le directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Dans le contexte de la mondialisation libérale, ses propos (le Nouvel Observateur du 14 décembre 2006, « la Terre en danger ») nous font rêver :

« L’histoire nous a donné une leçon, quand il y a perception du danger, les hommes s’organisent pour y faire face. De ce point de vue, le mouvement écologique a apporté sa contribution à la perception de ces dangers.  Cette conscience est plus forte qu’hier et elle progresse. L’Europe est à l’origine de la plupart des législations environnementale que les pays appliquent aujourd’hui. Dans ses principes, l’OMC prévoit que le développement des échanges doit contribuer au développement durable. Vous avez le droit, au nom de la protection de l’environnement, d’instituer certains obstacles aux échanges. C’est parfaitement légal dans le système de l’OMC. Même si, comme partout en politique, il y a des arbitrages à faire entre les différentes urgences, entre la liberté et la sécurité, entre la pauvreté et le développement, entre l’environnement et la croissance (…) Il y a deux manières de changer l’ordre international : la guerre ou la négociation. La priorité, c’est la négociation, pas la guerre ! Mais les pays émergents ne peuvent aboutir à un accord que si les uns et les autres font des compromis. C’est compliqué et difficile. Mais nécessaire si on veut que cette planète préserve elle-même son intégrité, notamment environnementale. »

 Des hommes au plus haut niveau pensent à l’intérêt de la Biosphère, que ce soit Pascal Lamy ou Al Gore. Mais leur impuissance à mettre leurs pensées en acte montre la difficulté d’enrayer une anthropisation forcenée de la planète.

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Histoire de la Biosphère

Plutarque, voyant Diogène manger du poulpe cru, résumera la philosophie du cynisme par l’expressions « ensauvager la vie ». Il est vrai que Diogène voulait renverser les valeurs dominantes pour transformer la prétention humaine en humilité. Selon sa conception de la vie, l’animal qui ne se crée pas de besoins était supérieur à l’homme prisonnier de ses désirs et de ses angoisses. Le bonheur résiderait donc dans la simplicité totale et l’autarcie, se suffire à soi-même. Bien plus tard, le courant transcendantaliste, fondé par l’américain Ralph Waldo Emerson dans son manifeste « La nature » édité en 1836, appelle à réveiller sa sensibilité pour communier avec une nature dont l’homme fait partie et pouvoir ainsi affronter le conformisme. Ernst Haeckel définit pour la première fois en 1866  l’écologie comme « la science des relations des organismes avec le monde environnant, c’est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d’existence ». Rudolf Steiner (1861-1925) créé l’anthroposophie qui vise à recréer l’harmonie entre l’homme et l’univers. Sa philosophie se traduit notamment par l’agriculture bio-dynamique qui prend en compte l’ensemble des cycles de la vie biologique. En 1875 le géologue Eduard Suess invente le terme biosphère, regroupement de l’atmosphère, de l’hydrosphère et de la lithosphère. En 1935, l’écologiste Arthur Tansley définit comme écosystème le système interactif qui s’établit entre la biocénose et le biotope.

             Mais le temps passe vite, la réalité dépasse maintenant l’approche philosophique et scientifique. Depuis quelques années l’action humaine a fait disparaître à toute allure la biodiversité, perturbe profondément le climat et dilapide avec prodigalité les ressources. Comme dit Al Gore  (Urgence planète Terre), « notre seule source d’espérance réside dans une changement de la manière dont les hommes et les femmes de base perçoivent l’environnement. Il nous faudra chercher ardemment une nouvelle façon de penser le rapport de notre civilisation à la Terre. »

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Bulbe ou fluo ?

Les ampoules à bulbe avec filament ne transforment en lumière que 5 % de l’énergie consommée, le reste sert à chauffer la pièce ! Les lampes à décharge dites fluo-compactes sont trois à cinq fois moins gourmandes en énergie et six à huit fois plus durable. Même si leur lumière est pour l’instant moins visible, même si le prix est dix fois plus cher en moyenne, ce serait rentable pour le consommateur dès la première année grâce aux économies d’énergie. Le gouvernement australien a donc annoncé en février 2007 son intention d’interdire les ampoules à bulbe d’ici à 2010 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’Union européenne envisage cette interdiction des lampes à filament pour les foyers privés en 2009, la Californie veut se doter d’une loi similaire pour une interdiction d’ici à 2010. Pourtant les lampes fluo-compactes contiennent jusqu’à 25 milligrammes de mercure (soyons honnêtes, les plus récentes 3 milligrammes, c’est-à-dire beaucoup trop). Car c’est là le drame : le mercure est très volatil et très polluant, difficile à recycler dans la Biosphère.

 La solution finale n’est pas technique, s’activer hors la lumière solaire n’est pas une nécessité absolue. Alors que l’Australie envisage de construire des centrales nucléaires, alors que les centrales thermiques se multiplient dans le monde, l’objectif premier devrait être la sobriété, pas la foi en la solution technique. Sinon ce qui économisé ici sera dilapidé ailleurs (effet rebond).

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155 ans de chrabon !

L’effet de serre augmente à cause des émissions de gaz carbonique, mais on a besoin d’énergie… On va donc réagir en brûlant du charbon qui va émettre encore plus de CO2… On va donc capturer ce CO2 et l’enfouir dans le sol !!!

Le colloque tenu au Havre les 8 et 9 mars 2007 (Charbon propre, mythe ou réalité ?) a vigoureusement dénoncé cette technique. Trois grands procédés de capture existent : précombustion, par laquelle le carbone est enlevé du combustible à l’entrée de la centrale thermique ; postcombustion, car le gaz carbonique est extrait des fumées issues de la combustion ; oxycombustion, dans laquelle on brûle le charbon avec de l’oxygène pur, ce qui a pour effet de concentrer le CO2. Mais aucune de ces voies n’est mûre ni préférable aux autres. Chaque procédé a un coût non négligeable et diminue le rendement énergétique de la centrale. De toute façon, une fois capté, il faut bien se débarrasser du gaz carbonique. Or l’enfouissement d’un gaz acide perturbe le milieu dans lequel il va être injecté et rien ne confirme qu’il ne retournera pas dans l’atmosphère au bout de quelques années !

 Les pays riches n’ont pas besoin d’énergie supplémentaire, ils peuvent réguler leur consommation, ils savent le faire, il suffit de le vouloir dans l’intérêt de la Biosphère. De toute façon les réserves de charbon sont estimées à 155 ans au rythme actuel de consommation… De gré ou de force, il faudra donc bien un jour se passer de cette ressource fossile… Ah ! Si les générations futures avaient un droit de vote dès aujourd’hui, pétrole et charbon deviendraient tabous, intouchables !

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